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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance
Autoren: James Fenimore Cooper
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qu’il put apprendre, ce fut qu’il existait dans les nouveaux établissements qui se formaient de tous côtés un marchand colporteur, qui parcourait le pays, et dont le signalement convenait parfaitement à Harvey Birch, quoiqu’il portât un autre nom et qu’il semblât lutter contre la vieillesse et la pauvreté. La mort empêcha le général de prendre de nouvelles informations à ce sujet, et il se passa bien longtemps avant qu’on entendit parler du colporteur.

CHAPITRE XXXV
    Ici repose peut-être quelque Hampden de village dont l’âme intrépide résista au petit tyran de son hameau, quelque Milton muet et ignoré, quelque Cromwell qui n’a pas fait couler le sang dans son pays.
    GRAY.
    Trente-trois ans s’étaient écoulés depuis l’entrevue rapportée dans le chapitre qui précède, et une armée américaine se trouvait encore une fois en armes contre la patrie de ses ancêtres ; mais la scène sur laquelle se passaient les événements de cette nouvelle guerre était transférée des rives de l’Hudson à celles du Niagara. Les dépouilles mortelles de Washington avaient déjà disparu dans la corruption du tombeau ; mais le temps ayant effacé toutes les impressions de l’inimitié politique et de l’envie personnelle, chaque jour faisait briller son nom d’un nouvel éclat, et chaque instant faisait mieux connaître à ses concitoyens et à l’univers entier son mérite, ses talents et ses vertus. Il était reconnu comme le héros d’un siècle éclairé par la raison et la vérité, et les jeunes guerriers qui formaient en 1814 la fleur de notre armée sentaient leur cœur battre d’enthousiasme quand ils entendaient prononcer son nom, et brûlaient du désir de s’illustrer comme lui.
    Aucun de ces militaires n’éprouvait plus vivement ce désir, inspiré par un sentiment vertueux, qu’un jeune officier qui, dans la soirée du 25 juillet de cette année qu’une campagne sanglante a rendue mémorable, debout sur le rocher de la Table, contemplait la grande cataracte. Il était grand, bien fait, et toutes ses proportions annonçaient, la force et l’agilité. Ses yeux noirs lançaient des éclairs qui pénétraient jusqu’au fond de l’âme. Tandis qu’ils se fixaient sur cette masse d’eau qui se précipitait à ses pieds, on en voyait jaillir des regards pleins d’audace et de fierté qui annonçaient l’ardeur de l’enthousiasme ; mais cette expression mâle était adoucie par ce sourire plein de malice et de gaieté qui semble la propriété exclusive du sexe féminin. Les boucles de ses beaux cheveux blonds brillaient sous les rayons du soleil couchant comme autant d’anneaux d’or, tandis que le vent venant de la cataracte les agitait doucement sur un front dont la blancheur prouvait que son visage plus brun, et brillant de santé, ne devait cette teinte qu’à l’action réunie de l’air et de la chaleur. Près de ce jeune homme favorisé par la nature était un autre officier, et l’intérêt qu’ils prenaient au spectacle qu’ils avaient sous les yeux annonçait que c’était la première fois qu’ils voyaient cette merveille du Nouveau-Monde. Ils gardaient depuis quelques minutes un silence d’admiration ; quand le plus jeune des deux, s’adressant à son compagnon, et lui désignant sur l’eau un objet qu’il lui montrait avec la pointe de son sabre, s’écria :
    – Voyez, Dunwoodie ! voyez ! voilà un homme qui traverse le fleuve sur le bord même de la cataracte, dans une barque qui n’est pas plus grande qu’une coquille de noix.
    – C’est sans doute un soldat, répondit l’autre ; car il me semble qu’il porte un havresac. Allons le joindre, Mason, il nous apprendra peut-être des nouvelles.
    Ils furent quelque temps avant de pouvoir le joindre, et contre leur attente, au lieu de voir un soldat, ils trouvèrent un homme dont la tournure n’avait rien de militaire, et qui était d’un âge fort avancé. Il pouvait avoir vu soixante-dix hivers, et ses années s’annonçaient par ses cheveux blancs plutôt que par aucun signe de faiblesse et de décrépitude ; ses muscles indiquaient une vieillesse verte et vigoureuse ; sa maigreur ne semblait pas le résultat d’une santé délabrée, et si sa taille était courbée, il était facile de voir que c’était uniquement un effet de l’habitude. Ses vêtements grossiers, mais propres et raccommodés avec soin en plusieurs endroits, étaient une preuve de l’économie de
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