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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance
Autoren: James Fenimore Cooper
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ajouta-t-il. – Sitgreaves, prenez soin des restes de notre ami, et je vais m’occuper de le venger.
    Pendant que Dunwoodie s’était ainsi arrêté, le corps de Lawton était exposé aux yeux de tout le régiment. Il était universellement chéri, et cette vue y répandit une sorte de rage. Ni les officier ni les soldats ne possédaient plus ce sang-froid indispensable pour assurer le succès d’une opération militaire, mais ils coururent à la poursuite de l’ennemi avec une ardeur qui ne respirait que vengeance.
    Les Anglais s’étaient formés en bataillon carré, et avaient placé au centre leurs blessés, qui n’étaient pas en grand nombre. Ils marchaient en bon ordre sur un terrain très-défavorable à la cavalerie, quand les dragons les atteignirent. Ceux-ci chargèrent leurs ennemis en colonne, ayant à leur tête Dunwoodie, qui, brûlant du désir de venger son ami, espérait enfoncer leurs rangs et les mettre en déroute sur-le-champ. Mais les Anglais savaient trop bien ce que le soin de leur sûreté exigeait d’eux, et ils reçurent les Américains en leur présentant leurs baïonnettes. Les chevaux des Virginiens reculèrent, et le troisième rang de l’infanterie faisant feu en même temps, Dunwoodie tomba ainsi que plusieurs de ses cavaliers. Les Anglais continuèrent leur retraite dès l’instant qu’on ne les attaqua plus, et Dunwoodie, qui avait reçu une blessure, ne voulut pas ordonner une nouvelle charge, dont la nature du pays lui démontrait l’inutilité.
    Il restait un triste devoir à remplir. Les dragons se retirèrent lentement à travers les montagnes, transportant leur commandant blessé et le corps de Lawton. Celui-ci fut enterré sous les remparts d’un des forts des montagnes, et ils confièrent le major aux tendres soins d’une épouse affligée.
    Il se passa plusieurs semaines avant que Dunwoodie fût en état d’être transporté plus loin, et pendant ce temps, combien de fois ne bénit-il pas le moment qui lui avait donné le droit de recevoir les services d’une garde-malade aussi belle et aussi empressée ! Sans cesse elle était près de son lit, lui prodiguant les soins les plus attentifs, se conformant avec exactitude à toutes les ordonnances de l’infatigable Sitgreaves, et acquérant chaque jour de nouveaux titres à l’affection et à l’estime de son mari. Un ordre de Washington envoya bientôt les troupes en quartiers d’hiver, et Dunwoodie, avec un brevet de lieutenant-colonel, reçut la permission de se rendre dans son habitation pour achever d’y rétablir sa santé. Toute la famille partit donc pour la Virginie, accompagnée du capitaine Singleton, et au milieu de l’aisance et de l’abondance oublia le tumulte et les privations de la guerre. Cependant, avant de partir de Fishkill, on reçut par une voie inconnue une lettre annonçant que Henry était en bonne santé et en sûreté. Le colonel Wellmere avait quitté le continent, et était retourné dans son île natale, chargé du mépris de tous les hommes d’honneur qui se trouvaient dans l’armée anglaise.
    Ce fut un hiver de bonheur pour Dunwoodie, et le sourire commença à reparaître sur la bouche aimable de Frances.

CHAPITRE XXXIV
    Formant le centre d’un cercle brillant, au milieu des soieries, des fourrures, des joyaux, il se montre sous un habit simple de drap vert de Lincoln, et le monarque de l’Écosse est encore le chevalier du Snowdon {47} .
    Sir WALTER SCOTT. La Dame du Lac.
    Les Américains passèrent le commencement de l’année suivante à faire, de concert avec leurs alliés les Français, les préparatifs nécessaires pour amener la fin de la guerre. Greene et Rawdon firent une campagne sanglante dans le sud : elle fut honorable pour les troupes du dernier ; mais comme l’avantage resta définitivement au premier, il fut prouvé que la supériorité des talents militaires était du côté du général américain.
    New-York était le point que menaçaient principalement les alliés, et Washington, en donnant aux Anglais des craintes perpétuelles pour la sûreté de cette ville, les empêcha d’envoyer à Cornwallis des renforts qui l’auraient mis en état d’obtenir des succès plus considérables.
    L’automne arriva, et tout annonça que le moment de la crise approchait. Les forces françaises traversèrent le Territoire Neutre, s’avancèrent vers les lignes anglaises, et prirent une attitude offensive du côté de Kingsbridge, tandis que divers
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