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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie
Autoren: Robert Merle
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sesso [5] ni incapable de faire souche.
    Louis, qui à ce moment de son règne ne lui refusait rien,
conçut l’idée de le marier d’abord à sa demi-sœur bâtarde, Mademoiselle de
Vendôme. Mais la demoiselle était haute. Elle se paonnait prou de ce que coulât
dans ses veines le sang d’Henri IV, et bien que Luynes fût un de ces beaux
cavaliers dont filles sont accoutumées de se coiffer, elle n’en voulut
pas : la petite noblesse du provençal lui soulevait le cœur.
    Luynes eut davantage de succès avec Marie de
Rohan-Montbazon, soit que son père, le duc de Montbazon, la poussât à cette
union, parce que son ambition l’inclinait à devenir le beau-père du favori,
soit qu’elle-même, impatiente de demeurer fille, brûlât de s’émanciper, aimant
fort les hommes, et voyant déjà bien au-delà de son futur mari.
    Parce que Louis n’aimait ni les cérémonies ni les
solennités, le mariage se fit dans la chapelle de la tour, l’exiguïté du lieu
excluant une grande assistance, comme l’excluait aussi l’heure très
inhabituelle qui avait été choisie pour la célébration : cinq heures du
matin… À ma connaissance, jamais dame ne s’était levée si tôt, et quasiment à
la nuit, pour épouser son fiancé.
    L’office fut célébré par l’archevêque de Tours. Gros matou
qu’on avait eu peine à tirer de sa couche à des heures aussi indues, il lutta
pendant l’office pour garder les yeux ouverts et se trompa deux fois dans les
prénoms des épousés.
    Le duc de Montbazon n’avait invité qu’une poignée de ses
amis, mais en revanche tous les conjurés du vingt-quatre avril étaient là sur
l’ordre du roi, y compris ceux que la duchesse de Guise appelait les « bas
roturiers », Déagéant et Tronçon. Déagéant reluisait de sa neuve gloire
d’intendant des Finances, et de membre du Conseil des affaires. Et je songeais
peu, quand mon regard effleura en passant la bonne tête de Tronçon, que
j’aurais les deux jours suivants à courir désespérément après lui pour qu’il
éclairât ma lanterne.
    Tronçon n’avait pas les rares capacités de Déagéant, mais ayant
été choisi par Louis pour être son secrétaire particulier, il avait reçu de lui
une tâche qui lui agréait fort et dont il s’acquittait avec tant de majesté que
vous eussiez cru, à le voir et à l’ouïr, que c’était lui qui avait pris la
décision : il portait aux intéressés les grâces et les disgrâces du roi.
    Mais comme la malignité de la Cour prend plus de plaisir à
la défaveur qu’à la faveur, quand un grand officier de Sa Majesté encourait la
première, la Cour prit l’habitude d’appeler tronçonnade la démarche que
faisait auprès du malheureux, avec les mines que je viens de dire, le
secrétaire du roi.
    Il n’y eut en ce mariage ni musique ni chants, et
l’archevêque avait reçu de Louis l’ordre d’écourter son homélie, laquelle
toutefois fut plus longue que prévu, tant il eut du mal à lire le texte écrit
pour lui par son grand vicaire. Mais l’affaire fut malgré tout si rondement
menée qu’à six heures tout fut fini. Mademoiselle de Montbazon, superbement
parée, était devenue à jamais Madame de Luynes, et bientôt – mais à mon
sentiment cette élévation était déjà prévue et convenue – Madame la
duchesse de Luynes.
    L’assistance se pressa pour présenter ses hommages aux époux
et je pus voir l’épousée tout à mon aise. C’était une grande fille fort bien en
chair, frisquette et pétulante, et son décolleté, plus généreux que je n’eusse
attendu d’une épousée dans une chapelle, annonçait de si belles promesses
qu’elles eussent pu troubler les saints des vitraux.
    Ce n’était pas, pour parler à la franche marguerite, une
beauté classique, son nez était un peu long, mais pas au point de déparer son
visage. J’observai qu’elle regardait hardiment les cavaliers de l’assistance,
et malgré cette observation, qui eût dû me mettre en défiance, quand ce fut mon
tour de la saluer, son sourire éclatant et ses grands yeux bleus, pleins
d’esprit et de feu, me ravirent le cœur en un battement de cil. Ce fut là un
premier mouvement irrésistible et fol, où ni ma volonté ni ma raison n’eurent
la moindre part. Ce ne fut que le lendemain que je conçus quelque vergogne de
ce subit et incongru émeuvement, qui me rendait infidèle, fût-ce en pensée et
pour un court instant, à ma comtesse palatine [6] .
    Après
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