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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière
Autoren: Juliette Benzoni
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d’avoir enfin des bijoux. Quant à ce portrait, outre qu’il représente notre parente, il illumine notre salon…
    Ce n’était pas le terme qu’aurait choisi Aldo mais il était vrai que le décor d’un jaune éteint et les sièges, disparates en dépit du reps jaune et bleu qui les recouvrait – le même que celui des doubles rideaux ! – en recevaient un grand coup d’éclat. Auquel l’héritier n’était guère sensible car il explosa :
    — Croyez-vous que j’aie envie de contempler jusqu’à la fin de mes jours cette femme qui nous a bernés de si odieuse façon ? Il fera encore bien mieux à la salle des Ventes puisqu’il doit valoir cher d’après Monsieur Morosini. Quant à celui qui l’achètera si c’est l’un de ses anciens amants, il lui trouvera certainement un cadre approprié.
    Aldo pensa que les anciens amants ne devaient plus être de première fraîcheur si l’on en jugeait par l’âge de la dame mais Violaine protestait déjà – timidement ! – contre les affirmations de son seigneur et maître :
    — Oh, mon ami ! Ne soyez pas médisant ou même calomniateur. Je n’ai jamais entendu…
    — Je sais ce que je dis ! Cette croûte partira la semaine prochaine pour l’Hôtel Drouot, avec les bijoux !
    — Mais ils sont à moi ? gémit-elle au bord des larmes.
    — Ils sont à nous puisque nous sommes mariés sous le régime de la communauté. En outre ils n’ont que trop tendance à vous tourner la tête ! Je vous ai toujours connue raisonnable. Alors tâchez de le rester ! Vous me ferez plaisir et…
    Morosini décida qu’il était temps pour lui d’intervenir. Le visible chagrin de la jeune femme le touchait et s’il brûlait d’envie d’administrer une correction à un béotien osant traiter un Boldini de croûte, il opta néanmoins pour la voie diplomatique :
    — Vous auriez tort d’agir ainsi, émit-il. D’abord parce qu’il serait prématuré de mettre ce portrait aux enchères. Vous en tireriez quelque argent sans doute mais bien davantage quand le peintre ne sera plus de ce monde. Et il a plus de quatre-vingts ans…
    Il avait horreur de dire cela mais avec un butor comme ce type il fallait employer un langage qu’il pût entendre et, en effet, Dostel devint tout à coup attentif.
    — … en outre, poursuivit-il, l’apparition publique de ces joyaux fera sensation chez les amateurs éclairés. J’en sais plus d’un qui se lancera sur la piste.
    — Vous devez le savoir puisque à entendre notre cousine Plan-Crépin vous êtes une sommité en la matière ? C’est la raison pour laquelle vous êtes ici : retrouvez-moi tout ça !
    Soudain fébrile, Dostel avait asséné son exigence d’un ton si autoritaire que Morosini eut quelque peine à s’empêcher de le gifler. Ce fut seulement par égard pour sa femme qu’il se contenta de hausser les épaules avec un petit rire sec, nettement méprisant :
    — Tout simplement ? Vous vous trompez d’adresse je ne suis pas un prestidigitateur et je croyais que vous le saviez ! Madame… mes hommages !
    Il tournait déjà les talons quand elle l’arrêta :
    — Oh non, je vous en prie ! Ne m’… nous abandonnez pas !
    C’était plus qu’une supplication : un cri de douleur. Un regard dans les beaux yeux où montaient des larmes fit comprendre à Aldo que Violaine risquait de faire les frais de son mouvement d’humeur. Le mari d’ailleurs marmottait de vagues excuses :
    — Désolé !… conçu de grands espoirs !… recommandation notre cousine… Dépassé ma pensée !
    Visiblement très déçu surtout et Aldo décida de lui accorder une chance uniquement pour que s’apaise l’angoisse de la jeune femme mais sans leur laisser tout de même trop d’espoirs.
    — L’amitié de Mademoiselle du Plan-Crépin a toujours eu tendance à exagérer mes talents. Je veux bien essayer de chercher au moins une trace de ces joyaux dès que je les aurai identifiés à coup sûr.
    — Vous avez une idée ? demanda Dostel.
    — Peut-être. Il faut que je vérifie. Si c’est ce que je pense, il me paraît incroyable que des pièces aussi illustres eussent appartenu à quelqu’un d’autre qu’un musée, la cassette d’une très haute maison ou le coffre d’un grand collectionneur.
    — Et notre tante n’entre dans aucune de ces catégories. Vous oubliez qu’une femme belle et astucieuse peut posséder assez d’envergure pour se faire offrir n’importe quoi par un
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