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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière
Autoren: Juliette Benzoni
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Comme avec d’autres cités aquatiques. Bruges aussi est magnifique !
    Heureux de laisser un peu de lumière dans les yeux noisettes Morosini prit congé, toucha une main molle, en baisa une autre infiniment plus agréable, gagna le palier pour dégringoler les quatre étages (sans ascenseur) et se retrouva dans la rue de Lyon à la recherche de soleil dont l’appartement des Dostel, exposé au nord, manquait tristement bien que l’artère fût assez large et bien construite. Malheureusement ses habitants coincés entre la gare de Lyon et la ligne de la Bastille voyaient leur atmosphère souvent obscurcie par les fumées de chemin de fer et leurs oreilles offensées par les sifflets de locomotives mais les loyers en étaient modérés et, surtout, Dostel – lui avait-on dit ! – avait choisi cet endroit à cause d’une certaine proximité avec le Ministère des Pensions sis quai de la Râpée. Elle lui permettait de gagner son bureau à pied et d’en revenir de même ce qui constituait une appréciable économie (1) .
    Cela ressemblait bien au personnage de ne penser qu’à lui-même sans se soucier d’imposer à sa jeune femme le voisinage de la gare la plus propice aux rêves parisiens puisque l’on s’y embarquait pour des pays de soleil, de douceur de vivre comme la Côte d’Azur, la Riviera italienne, Venise et bien d’autres lieux susceptibles de parler à une imagination éprise de beautés auxquelles Violaine n’avait aucun droit sinon celui de respirer de nauséabonds effluves…
    Un taxi en maraude passant à cet instant, Morosini le héla et, après avoir consulté sa montre, lui demanda de le conduire rue Alfred-de-Vigny : il avait promis de rentrer pour déjeuner et il ne lui restait pas assez de temps pour le notaire. On verrait ça cet après-midi !
    Chemin faisant, il repassa dans son esprit les moments qu’il venait de vivre chez les Dostel en se livrant à un examen de conscience. Tout à l’heure, il s’était donné les gants de la galanterie en consentant quelques recherches pour faire plaisir à une charmante créature empêtrée d’un mari impossible mais il était bien obligé, face à lui-même, d’admettre qu’aucune force humaine ne l’aurait empêché de se lancer à la chasse d’ornements aussi extraordinaires que ceux qu’il venait de voir. Il était sûr de les avoir déjà vus, peut-être bien sur un autre portrait. Mais quand et où ? L’époque de création et la provenance ne faisaient aucun doute pour lui : le XVI e siècle et très certainement Florence mais sa mémoire, si fiable habituellement, se refusait à l’emmener plus loin. Peut-être parce qu’elle était encombrée par l’affaire qui l’avait amené à Paris ce printemps à la demande du Commissaire Langlois dont il avait fait la connaissance l’année précédente lors du vol de la « Régente (2)  » : la découverte ! de l’activité occulte d’une personnalité en vue de la haute société parisienne morte dans les réjouissantes conditions qui avaient fait la gloire du Président Félix Faure. À cette différence près que la dame était une demi-mondaine des plus douteuses dont les accointances avec la pègre ne faisaient aucun doute. On s’était aperçu alors que la demeure de ce célibataire élégant, disert, cultivé, riche et introduit dans les meilleures maisons servait de cadre à une collection de bijoux glanés un peu partout en Europe et qui, tous, sans la moindre exception, avaient disparu un beau jour ou une belle nuit de leur domicile habituel. Certains – et non des moindres ! – posant problème, le chef de la Sûreté Nationale avait fait appel aux connaissances approfondies de son ancien suspect, Aldo Morosini, avec lequel il entretenait à présent les meilleures relations. Et, de fait, Aldo avait pu identifier certaines pièces disparues depuis fort longtemps quelquefois d’écrins augustes ou amis. Mais cela l’avait contraint à une gymnastique cérébrale assez éprouvante. D’où ce trou de mémoire désagréable au possible…
    Arrivé à destination, il paya la course en y ajoutant comme de coutume un généreux pourboire et s’engouffra avec allégresse dans l’hôtel particulier de sa grand-tante la marquise de Sommières, qui était devenu son point de chute habituel lorsqu’il venait à Paris. C’était entre cour et parc Monceau sur lequel ouvrait une barrière privée l’une de ces vastes demeures construites sous le Second
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