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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers
Autoren: Jean-Pierre Charland
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marché du travail de sa petite sœur. Elle cultivait un esprit missionnaire. La chose avait de quoi faire sourire, compte tenu de son profond scepticisme religieux.
    — Papa a vécu grâce aux querelles de clôture, expliqua Amélie, ou alors avec les mauvais coups de voyous du Bas-Saint-Laurent.

    — Il n’y avait jamais de cause plus importante ?
    Le jeune homme profitait de l’occasion pour détourner l’attention de ses propres projets de carrière.
    — Une fois de temps en temps. Mais les meurtres demeurent bien rares à Rivière-du-Loup.
    — Dieu merci ! intervint Françoise.
    — La politique lui apportait une heureuse diversion, continua la jolie blonde. Après avoir plaidé pour un cultivateur dont le cheval, acheté la semaine précédente à un maquignon, était
    mort
    mystérieusement,
    il
    s’en
    allait
    conspirer avec les maires des villages du coin.
    Mathieu n’avait aucun désir de se passionner pour l’éternel affrontement entre libéraux et conservateurs afin d’épicer son quotidien. A la Faculté de droit, il devait bien être le seul à se désintéresser de ce petit jeu.
    — De toute façon, commenta Gertrude avec sagesse, dans un comté, il y a un avocat qui va à Ottawa et un autre à Québec.
    Tous n’ont pas le loisir de gagner leur vie de cette façon.
    — C’est pour cela que je vais me présenter dans tous les cabinets d’avocats le printemps prochain afin de trouver une place de stage plus avantageuse. Mais nous sommes terriblement sérieux, ce soir. Personne n’a un sujet de conversation plus amusant { proposer ? C’est le temps des fêtes, après tout, et nos parents ne sont pas là pour froncer les sourcils si nous parlons de questions controversées.
    En réalité, ni Marie ni Paul ne se montraient particulièrement enclins { s’afficher comme des censeurs.
    — Dans ce cas, autant nous pencher sur le grand événement de mercredi prochain, intervint Thalie.
    Françoise pencha les yeux sur son dessert. Dans quatre jours, à peu près à cette heure, elle engagerait son avenir avec Gérard Langlois.

    — Dois-je vraiment me présenter accompagnée au souper? continua la jeune étudiante. Cela me paraît tout à fait ridicule. Je ne connais pas ce type.
    —* Il ne te connaît pas non plus, mais il semble pourtant prêt à se dévouer.
    — Se dévouer? Je te remercie.
    Elle afficha un air faussement sévère.
    — Bon, disons que ce ne sera pas si désagréable pour lui, si tu fais un petit effort pour sourire une fois de temps en temps.
    Elle lui tira la langue. Le matin, son frère avait révélé que son voisin d’en bas, le docteur Davoine, pourrait l’accompagner. Dans la mesure où lui-même songeait à venir avec Flavie, sa sœur serait finalement la seule { n’avoir aucun compagnon. Même Amélie avait convaincu son père de lui permettre d’inviter un étudiant de l’Université Laval.
    — Tu sais, expliqua de nouveau Thalie, je peux me présenter à une fête sans avoir un chevalier servant à mon côté.
    — Alors, prends la proposition dans l’autre sens. Le pauvre Alcide doit assurer la permanence au cabinet du docteur Caron non seulement le jour de la Saint-Sylvestre, mais aussi le 1er. .
    — Ce médecin sera de service le jour de l’An ? intervint Amélie.
    — Une idée du docteur Caron, expliqua son vis-à-vis.
    Selon lui, après les excès de la veille, bien des gens voudront voir un médecin.
    Thalie ricana un peu et expliqua à la jeune fille :
    — Il va soigner des vomissements et des diarrhées.
    Chacun grimaça à cette évocation.
    — En conséquence, conclut Mathieu, tu feras une bonne action en lui tenant compagnie. Le pauvre sera privé de son immense famille beauceronne au moment de défoncer l’année.
    — Si je dois faire une œuvre humanitaire, soit. Tu diras à ton voisin que je vais me dévouer pour toi. . et pour lui.
    La conversation porta ensuite sur le compagnon d’Amélie. Les questions, un peu trop précises, amenèrent du rose sur ses joues.

    *****
    Les parents étaient revenus en après-midi, heureux d’un séjour d’une semaine, ou presque, dans la métropole américaine.
    Paul Dubuc avait constaté combien l’anglais appris au Séminaire de Rimouski demeurait lacunaire. L’expérience lui enleva ses dernières velléités d’imiter Ernest Lapointe et de passer un jour à la scène fédérale. De son côté, après des mois d’été { recevoir des touristes dans son magasin, Marie se tirait fort bien
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