Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
la réalité. Marie et Amélie furent les premières à avoir droit à une bise. Quand il s’approcha de Françoise, celle-ci lui confia tout bas:
    — J’aimerais descendre avec toi.

    La période d’étude serait un peu écourtée. Il salua Paul Dubuc, puis il fit un crochet vers la cuisine afin d’embrasser la vieille domestique et descendit ensuite, la jeune femme derrière lui. Au rez-de-chaussée, il proposa :
    — Nous pouvons aller dans la petite salle { l’arrière.
    — Non. . Dans la pénombre, je me sentirai plus à mon aise. Elle s’approcha pourtant de la vitrine afin de profiter un peu des lampadaires dans la rue, se retourna pour lui faire face. — Cet après-midi, Gérard m’a demandée en mariage.
    Mathieu ne sut d’abord comment réagir. Afin de briser le silence, elle précisa :
    — Enfin, il a plutôt évoqué son désir de demander ma main { mon père, mais cela revient au même, n’est-ce pas?
    Il lui fallait dire quelque chose, n’importe quoi.
    — Les traditions demeurent bien tenaces. . Que lui as-tu répondu ?
    Mathieu ne lui facilitait pas la tâche.
    — Je lui ai demandé un moment de réflexion.
    Nerveusement, elle se tourna vers la vitrine, appuya le front contre la surface fraîche du verre.
    — Comprends-tu pourquoi nous nous sommes éloignés ? Moi, je n’y arrive pas vraiment.
    — Je suis parti sans y être forcé. En quelque sorte, j’ai tourné le dos { notre amour. Je t’ai trahie.
    Ce mot, Gérard avait jusque-là soigneusement évité de le prononcer.
    — Tu as très bien fait de ne pas jouer à Pénélope, continua-t-il, et de passer deux ans à tisser au coin du feu.
    Au front, je n’avais aucune assurance de revenir un jour.

    Pour toi, attendre aurait été insupportable.
    — Mais tu es revenu !
    La voix tremblante le toucha, il eut envie de s’approcher pour lui mettre la main sur l’épaule, puis arrêta son geste.
    Cela n’aurait rien changé de toute façon.
    — L’homme qui a défilé dans les rues de Québec au printemps dernier, ce n’était plus celui parti en 1917. Et toi aussi, tu avais profondément changé. Honnêtement, nous ne nous sommes pas reconnus.
    Bien sûr, l’homme du mois de juin dernier paraissait si troublé, personne dans la maisonnée ne se sentait familier avec ce personnage étrange. Quelques mois plus tard, alors que le vétéran affichait une certaine sérénité, les dés semblaient définitivement jetés.
    — Par égard envers notre passé, je voulais te l’annoncer en premier.
    — . . C’est une très délicate attention.
    Pendant un très bref instant, Mathieu désira l’attirer contre lui. Puis il comprit que renouer avec sa propre innocence, ou celle de cette jeune femme, ne lui disait plus rien.
    — Je m’excuse de t’avoir retardé. Bonne nuit.
    Sur ces mots, Françoise le contourna, soucieuse d’éviter tout contact physique, puis elle s’élança dans l’escalier.
    L’homme la suivit des yeux, sans émettre un son, sans esquisser le moindre geste.

    *****
    La jeune fille alla directement s’enfermer dans sa chambre, pour y demeurer un long moment. Dans le salon, la conversation s’interrompit, Paul échangea un regard avec Marie.
    — Je vais aller voir ce qui se passe, déclara Amélie en faisant mine de se lever.
    — . . Non, dit Paul. Mieux vaut respecter son besoin de solitude.
    — Si elle veut parler { quelqu’un ?
    — Elle saura bien nous trouver.
    La jolie blonde reprit sa place sur le canapé, tenta de reprendre le fil de sa lecture. A la fin, elle y renonça :
    — Je préfère aller me coucher. Si vous voyez Françoise, vous lui souhaiterez bonne nuit pour moi.
    Sa curiosité déçue s’exprimait par un ton dépité. Après des baisers, elle regagna sa chambre. Les parents avaient fait de même quand un bruit léger se fit entendre à leur porte. Marie ouvrit, découvrit Françoise déjà en chemise de nuit, les yeux un peu enflés.
    — J’aimerais parler { papa.
    L’homme passait un peigne dans ses cheveux. Cette précaution, avant d’aller au lit, provoquait encore un fou rire chez son épouse, même plus de deux mois après les noces.
    — Nous pouvons aller dans le salon, proposa-t-il.
    — Non, je préfère ici. Marie, demeure avec nous.
    Elle alla s’asseoir sur une petite chaise élégante placée dans un coin de la pièce. Le couple n’avait d’autre choix que de s’installer sur le lit.
    — Cet
    après-midi,
    commença-t-elle,
    Gérard
    m’a
    demandé de
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher