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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance
Autoren: Guy Breton
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mari. Celui-ci, qui passait son temps à revivre par le détail les deux nuits voluptueuses passées avec son épouse, pensa qu’il valait mieux « partager son repas plutôt que de mourir de faim, d’autant qu’en l’espèce, après le passage de l’autre convive, il ne lui en resterait pas moins à consommer ».
    Et il autorisa sa femme à donner au favori du roi ce qu’il demandait.
    La jeune épouse obéit sans maugréer, car elle était candide et que tout est pur aux purs.
    Après quoi, elle s’écria :
    — Allez vite chercher mon mari !
    Mais Le Daim, dégrisé, craignit que cette libération ne déplût au roi et il eut peur.
    — J’envoie mon valet sur-le-champ, affirma-t-il.
    Le domestique, à qui il avait dit deux mots en particulier, se rendit dans la prison où attendait le malheureux gentilhomme et l’étrangla…
    Le bruit de ce crime se répandit bientôt dans Paris. Mais la veuve, qui connaissait l’amitié du roi pour son « compère », jugea prudent de n’élever aucune protestation. C’est seulement quinze ans plus tard, après la mort de Louis XI, qu’elle intenta un procès au barbier.
    Le Daim fut alors pendu, ainsi que son valet [19] .
     
    On tentera d’opposer à ce portrait d’un Louis XI paillard, celui d’un roi tourmenté par la crainte de Dieu, voire superstitieux, que la piété poussait à se traîner à genoux sur les dalles des églises et à se couvrir de médailles…
    Les deux portraits ne sont pas incompatibles. Dreux du Radier nous dit en effet : « Louis XI joignoit à tous ses dérèglements des pratiques de dévotion auxquelles il se livroit d’autant plus volontiers qu’elles ne l’empêchoient pas de s’abandonner à ses plaisirs. »
    Et il précise : « Tandis que ce prince donnoit d’un côté des ordres pour qu’on lui amenât à point nommé les femmes qui lui plaisoient, d’un autre il en donnoit pour les vœux et les pèlerinages qu’il vouloit faire… »

2
    Anne de Beaujeu, « moins folle femme de France »
    … Car, pour sage, je n’en connais point !
     
    Louis XI
     
    Les gens du peuple n’étaient pas les seuls à ricaner des frasques du roi. Les princes aussi s’en amusaient. Charles d’Orléans, par exemple, qui rimait ses ballades à Blois, aimait à se faire raconter les derniers « potins » du Plessis-lez-Tours.
    Un soir, comme quelqu’un plaignait Charlotte, qui se morfondait toujours à Amboise, un poète eut ce mot qui fut repris par Commynes :
    — La reine n’est point de celles où l’on dit prendre du plaisir. Mais c’est une bien bonne dame.
    Charles d’Orléans éclata de rire.
    Hélas ! le pauvre ne se doutait point que son épouse, Marie de Clèves, agissait avec les jeunes gens du château exactement comme Louis XI avec les demoiselles…
    La petite duchesse – qui était de plus de quarante ans sa cadette – avait été élevée, il est vrai, à la cour de Bourgogne qui passait pour être la plus licencieuse d’Occident. Elle était charmante, blonde, menue ; elle se parait de robes d’or et de hennins transparents ; elle aimait les lévriers, les bijoux, les fourrures, elle composait des poèmes tendres et désabusés. Comment les jeunes amis dont s’entourait Charles ne seraient-ils pas tombés amoureux de Marie ?
    Tous lui faisaient la cour, et elle s’efforçait de n’en désespérer aucun…
    Bien entendu, cette générosité n’allait pas sans lui valoir quelques ennuis. C’est ainsi qu’à la stupéfaction de son vieux mari elle avait donné naissance à une fille.
    On avait craint alors que le pauvre, ouvrant les yeux, n’eût enfin la révélation de son infortune. Mais la petite rouée avait su trouver les mots qu’il fallait pour le rassurer, et même pour le rendre orgueilleux…
    Louis XI savait tout cela et s’en amusait.
    Pourtant, lorsqu’en 1462, Marie de Clèves mit au monde un fils qu’elle avait eu de son valet, Rabadange [20] , le roi cessa de rire. Car cet enfant, que Charles reconnut sans aucune hésitation, devenait héritier de la Maison d’Orléans, et Louis XI savait qu’il devrait un jour compter avec lui.
    Pour mettre un comble à sa colère, on le choisit pour parrain. Il vint donc à Blois, fit quelques réflexions désobligeantes qui eussent paru claires à tout autre qu’à Charles, et accompagna le bâtard sur les fonts baptismaux.
    Or, pendant la cérémonie, un petit incident acheva d’exaspérer le roi : le bébé
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