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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance
Autoren: Guy Breton
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endroit, où le vin coulait à la place de l’eau, trois belles filles, nues, représentaient des sirènes. Souriantes, elles montraient leurs charmes sans la moindre gêne, « et ce estoit chose bien plaisante, nous dit Jean de Troyes, car elles disoient de petits motets et des bergerettes… [10]  »
    Ce devait être, en effet, ravissant.
    Est-ce cette vision qui mit le nouveau roi en appétit ? Le soir même, alors que toute la ville en liesse chantait et dansait dans les rues, Louis XI quitta furtivement l’hôtel de la Tournelle en compagnie d’un certain Guillaume Biche, connu pour ses mauvaises mœurs, et courut les maisons suspectes des bas quartiers où il passa une partie de la nuit avec des filles de joie…
     
    Louis XI ne resta pas longtemps à Paris. Après avoir touché quelques écrouelles afin de clore joliment les fêtes du couronnement, il repartit pour la Touraine dont il aimait la douceur.
    — Où allons-nous vivre ? lui demanda Charlotte lorsqu’ils furent en route.
    — Vous, à Amboise, et moi au château du Plessis-lez-Tours, répondit nettement le roi.
    La jeune reine ne s’attendait pas à un tel programme ; elle resta un moment décontenancée. Puis elle dit craintivement :
    — Mais quand vous verrai-je ?
    Louis XI avait un langage cru :
    — De temps en temps, lorsque la nature me rendra votre présence nécessaire…
    Il ajouta :
    — Sachez qu’un roi ne doit pas se laisser amollir par une présence féminine.
    — Même par celle de sa fille ?
    Louis jeta un regard attendri sur le berceau qu’on avait placé dans la voiture où dormait la petite Anne de France, âgée de cinq mois, mais il ne répondit pas tout de suite.
    — Plus tard, je la ferai venir au Plessis, dit-il enfin. Je veux que toute fille de France soit capable de faire une grande reine. Or je crains fort votre éducation.
    Alors Charlotte éclata en sanglots et pleura pendant les cinq jours que dura le voyage, sans s’arrêter un instant, même la nuit. Ce déluge, qui humidifiait le lit conjugal, eut le don d’exaspérer prodigieusement Louis XI. Philippe de Ferrière nous dit, en effet, « que la peine de la reine était si profondément enfoncée dans sa chair qu’elle poussait, de-ci, de-là, au cours du sommeil, des gémissements plaintifs, et que ses larmes continuaient de couler de ses yeux clos. » Aussi est-ce avec un vrai soupir de soulagement que le souverain laissa sa femme et sa fille à Amboise.
     
    La jeune reine mena dès lors une vie triste. Le roi, nous dit Brantôme, « la tenoit au château d’Amboise comme une simple dame, portant fort petit état, et aussi mal habillée que simple demoiselle, et la laissoit là avec sa petite cour, à faire ses prières, et lui s’alloit promener et donner du bon temps ailleurs ».
    Car, je l’ai dit, les historiens nous trompent qui nous montrent Louis XI comme un personnage austère et bilieux. Il aimait rire, et rien ne lui plaisait plus qu’une histoire un peu leste, « et celuy qui luy faisoit le meilleur et plus lascif conte des dames de joye, il estoit le mieux venu et festoyé, et luy même ne s’épargnoit à en faire, car il s’en enquéroit fort, et en vouloit souvent sçavoir et puis en faisoit part aux autres, et publiquement [11]  ».
    Les histoires gaillardes, on s’en doute, ne suffisaient pas au souverain. Il lui fallait – souvent – passer des paroles aux actes. Et quelques demoiselles légères, racolées dans les rues par des rabatteurs appointés, étaient amenées régulièrement à la Cour pour y connaître les joies du déduit avec le roi de France. Mais aucun sentiment, jamais, ne se mêlait à ces joutes où Louis, toujours pratique, ne voyait qu’un moyen de se « décongestionner le cervelet ».
    Brantôme nous dit qu’« il changeait de femme comme de chemise ». Il semble, en effet, que Louis XI ait eu un nombre considérable de maîtresses d’un jour, ou, si l’on préfère, de reines d’une nuit.
    En voyage ou en campagne, privé de ses belles amies habituelles, il prenait ce qu’il trouvait et faisait parfois des rencontres inespérées. C’est ainsi qu’en Picardie, alors qu’il combattait le duc de Bourgogne, il fut abordé, dans un village nommé Gigon, par une femme éplorée qui se jeta à ses pieds.
    — Vos soldats ont tué mon mari, s’écria-t-elle.
    « Le roi, nous dit Sauval, jeta les yeux sur cette veuve et trouva tant de charme à son visage qu’il
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