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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance
Autoren: Guy Breton
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considérée comme favorite.
    D’ailleurs, Louis XI, qui avait souffert de la présence d’Agnès Sorel auprès de son père [15] , se méfiait trop des femmes et de leur influence sur la politique pour laisser l’une d’entre elles « s’installer » à la Cour. La crainte qu’il avait d’elles et de leur pouvoir est clairement démontrée dans une anecdote que rapporte Brantôme : « Quand il convia le roi d’Angleterre (Édouard IV) de venir à Paris faire bonne chère, et qu’il fut pris au mot, il s’en repentit aussitôt et trouva un alibi pour rompre le coup. “Ha ! Pâques-Dieu, se dit-il, je ne veux pas qu’il y vienne, il y trouveroit quelque petite affettée [16] et saffrette [17] , de laquelle il s’amouracheroit ; et elle luy feroit venir le goût d’y demeurer plus longtemps et d’y venir plus souvent que je ne voudrois…” »
    Aussi faut-il mettre à part Marguerite de Sassenage qu’il semble avoir aimée, et dont il eut deux filles, Jeanne et Marie, qu’il maria, l’une à l’amiral de France, Louis, bâtard de Bourbon, l’autre à Aymar de Poitiers, sire de Saint-Vallier…
    Jeanne fut d’ailleurs légitimée, et, plus tard, Charles VIII l’appellera sa sœur.
     
    Marguerite de Sassenage avait séduit Louis grâce à l’extraordinaire beauté de ses jambes.
    Un matin, elle s’était placée sur le passage du roi, et, feignant de perdre sa jarretière, avait retroussé sa robe pour rajuster un ruban. La naissance de la cuisse ainsi dévoilée était d’un galbe si parfait que Louis, troublé, avait désiré, fort légitimement, en voir davantage.
    Deux heures plus tard, la belle, convoquée d’urgence au château, devenait la maîtresse du souverain.
    Leur liaison dura deux ans. Pour la première fois de sa vie, Louis paraissait très amoureux. Hélas ! un jour, un astrologue qu’il entretenait au palais vint lui prédire la mort de la belle Marguerite.
    Une semaine après, la jeune femme était terrassée par un mal inconnu. Louis XI, accablé, donna des ordres pour que l’astrologue fût jeté sans délai par la fenêtre. Alors qu’on le menait à la mort, l’homme passa devant le roi qui lui dit :
    — Toi qui prétends être si habile homme, et qui te prononces si hardiment sur le sort des autres, apprends-moi un peu quel sera le tien et combien de temps tu as encore à vivre ?
    L’astrologue, qui avait deviné les desseins du roi, répondit :
    — Sire, je mourrai trois jours avant vous !
    Louis XI donna aussitôt des ordres pour que le devin ne manquât jamais de rien.
     
    Ce goût pour le plaisir et les demoiselles fut rapidement connu du peuple. Comme il ne s’agissait pas de favorites capables de ruiner le trésor royal, chacun s’en amusait et cherchait à connaître le prénom de la dernière conquête du roi.
    L’une d’elles, on ne sait pourquoi, fut l’objet de moqueries sans nombre. Elle s’appelait Perrette. Dans tout le royaume, on composa sur elle des chansons satiriques. Les Parisiens firent mieux : ils apprirent son nom aux pies et autres oiseaux parleurs qu’il était alors de mode d’élever chez soi, en leur faisant ajouter quelques mots peu flatteurs pour la majesté royale.
    On entendait :
    — Perrette, donne-moi à boire, Perrette, fille de p… Perrette, baise mon c…
    Finalement, Louis XI, à qui ces quolibets étaient naturellement rapportés, fit prendre tous les oiseaux, « toutes les pies, geais, etc., étant en cage, ou autrement, pour tous les porter devers lui, afin que soit écrit et enregistré le lieu où avaient été pris lesdits oiseaux et aussi tout ce qu’ils savaient dire et qu’on leur avait appris ».
    Tous les Parisiens qui avaient mis dans le bec de leurs volatiles une phrase injurieuse pour Perrette furent aussitôt arrêtés et jetés en prison.
     
    Louis XI avait autour de lui des hommes qui portaient aux dames un intérêt aussi vif que le sien. Le fameux Olivier Le Daim, son barbier, était de ceux-là. Le goût pour la bagatelle lui fit, d’ailleurs, commettre un crime qui horrifia tout Paris.
    Un gentilhomme avait été conduit en prison peu de temps après avoir épousé une ravissante jeune femme. « Le Daim, auprès duquel elle sollicita la délivrance de son mari, nous dit Dreux du Radier, en devint amoureux et exigea, pour prix de la liberté du prisonnier, les dernières faveurs de la femme [18] . »
    La belle, naturellement, résista et parvint à avertir son
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