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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters
Autoren: Patrick deWitt
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parfois.
    â€” Et la méthode pour s’apaiser   ?
    â€” Je m’en sers encore de temps à autre.   »
    Elle hocha la tête, et prit une tasse d’eau sur la table de chevet. Après avoir bu, elle s’essuya le visage avec le col de sa chemise de nuit   ; ce faisant, sa manche remonta, et j’aperçus son bras tordu. Il avait été mal remis, s’était mal ressoudé, et on aurait dit que cela la gênait. En le voyant, j’éprouvai une douleur imaginaire, ou ce que l’on appelle une douleur compatissante, dans mon propre bras. Elle me surprit en train de la regarder, et sourit. Son sourire était magnifique — ma mère avait été, jeune, une femme extraordinairement belle  —, et elle lança d’un ton enjoué, «   Tu es exactement pareil, tu sais   ?   »
    Je ne puis exprimer à quel point je fus soulagé d’entendre ces mots, et je répondis, «   Quand je suis avec toi, je reste le même. C’est quand je m’éloigne que je me perds.
    â€” Tu devrais rester ici, alors.
    â€” J’aimerais bien. Tu m’as beaucoup manqué, Mère. Je pense à toi si souvent, et je crois que Charlie aussi.
    â€” Charlie pense à lui, voilà à quoi il pense.
    â€” Il est difficile à cerner, il esquive toujours.   » Je sentis un sanglot monter dans ma gorge, mais je le refoulai. Je soupirai, et me maîtrisai. Calmement, j’ajoutai, «   Je ne sais pas si je dois le laisser dehors comme ça. Puis-je le faire rentrer dans la maison   ?   » Je gardai le silence, en attendant que ma mère dise quelque chose, mais elle se tut. Finalement, je poursuivis   : «   Nous avons vécu beaucoup d’aventures ensemble, Charlie et moi, et avons vu des choses que la plupart des hommes ne voient jamais.
    â€” Est-ce si important   ?
    â€” Maintenant que tout cela est derrière nous, oui, je crois.
    â€” Pourquoi dis-tu que c’est derrière vous   ?
    â€” J’ai eu ma dose. J’aspire à une vie plus calme.
    â€” Si c’est ça, tu es à la bonne adresse.   » En regardant autour d’elle, elle demanda, «   Tu as vu toutes les améliorations   ? J’attends toujours que tu me félicites, que tu me dises quelque chose.
    â€” C’est splendide.
    â€” Tu as vu le jardin   ?
    â€” Il est très beau. La maison aussi. Et toi   ? Est-ce que tu te portes bien   ?
    â€” Oui et non, ça dépend.   » Elle réfléchit et ajouta, «   La plupart du temps, c’est moyen.   »
    On frappa à la porte et Charlie pénétra dans la pièce. Il enleva son chapeau et le suspendit à son moignon. «   Bonjour, Mère.   »
    Elle le regarda longuement. «   Bonjour, Charlie   », répondit-elle. Comme elle continuait à le fixer, il se tourna vers moi. «   Je ne savais pas où nous étions au début. La maison m’était familière, mais je n’arrivais pas à savoir laquelle c’était exactement.   » Il chuchota, «   Tu as vu l’épouvantail   ?   »
    Mère nous observait avec un semblant de sourire aux lèvres. Mais c’était un sourire triste et lointain. «   Vous avez faim, les garçons   ? demanda-t-elle.
    â€” Non, Mère, répondis-je.
    â€” Moi non plus, dit Charlie. Mais j’aimerais bien prendre un bain, s’il te plaît.   »
    Elle lui dit d’y aller   ; il la remercia et s’apprêta à quitter la pièce. Dans l’embrasure de la porte il m’adressa un regard candide et franc, et je me dis, Il n’y a plus la moindre trace d’agressivité en lui. Quand il fut parti, Mère dit, «  
Lui,
il a l’air différent.
    â€” Il a besoin de se reposer.
    â€” Non.   » Elle tapota sa poitrine et secoua la tête. Lorsque je lui expliquai qu’il avait perdu la main avec laquelle il tirait, elle dit, «   J’espère que vous ne vous attendez pas à me voir compatir.
    â€” On ne s’attend à rien, Mère.
    â€” Vraiment   ? J’ai pourtant l’impression que vous vous attendez tous les deux à ce que je paie pour votre nourriture et votre toit.
    â€” Nous trouverons du
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