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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté
Autoren: Diana Gabaldon
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pas Hal, il bondirait sur le premier navire en partance pour l’Amérique, ce qui l’achèverait sûrement. Percy. Seigneur, Percy !
    Jamie chevauchait en tête à présent, ouvrant la voie. Ils croisaient de petits groupes de gens, des fermiers pour la plupart, se dirigeant vers la ville avec des carrioles chargées de marchandises destinées aux soldats. Ils lançaient des regards intrigués vers Jamie et plus encore vers Grey mais personne ne chercha à les arrêter. Une heure plus tard, Jamie s’engagea sur un sentier qui s’écartait de la route principale et s’enfonçait dans un bois. Les arbres gouttaient encore après la dernière pluie. Il y avait là un ruisseau. Jamie arrêta sa monture, sauta de selle et la laissa boire. Grey l’imita. Il se sentait étrange, comme si sa peau ne connaissait pas le cuir de la selle et des rênes ; comme si l’air humide et frisquet lui passait à travers le corps.
    Jamie s’accroupit au bord de la source, but dans ses mains en coupe, s’aspergea la nuque et le visage puis s’ébroua.
    — Merci, John, dit-il en se redressant. Je n’ai pas eu le temps de vous le dire plus tôt mais je vous suis très reconnaissant.
    — De quoi ? Je n’ai guère eu le choix, vous me menaciez d’une arme.
    — Pas pour ça. Pour avoir pris soin de Claire.
    — Claire, répéta-t-il. Ah. Oui. Ça.
    — Oui, ça, dit Jamie patiemment.
    Il se pencha vers lui, inquiet.
    — Vous vous sentez bien, John ? Vous n’avez pas l’air dans votre assiette.
    Le cœur de Grey battait de manière erratique. Avec un peu de chance, il s’arrêterait complètement. Il attendit quelques instants, mais il continua de battre joyeusement. Il n’y avait donc pas d’aide à attendre de ce côté. Jamie le regardait toujours d’un air curieux. Mieux valait en finir.
    Il inspira profondément, ferma les yeux et recommanda son âme à Dieu.
    — J’ai connu votre femme charnellement.
    Il s’était attendu à mourir plus ou moins instantanément après cet aveu mais il ne se passa rien. Les oiseaux continuaient de chanter dans les arbres ; les chevaux broutaient paisiblement l’herbe et la source n’avait pas cessé de gargouiller. Il rouvrit un œil. Jamie Fraser se tenait toujours devant lui, l’observant, la tête penchée d’un côté.
    — Ah ? fit-il intrigué. Pour quelle raison ?

61
    Chassez le naturel
    — Je… euh… si vous voulez bien m’excuser un instant…
    Je reculai lentement vers la porte de ma chambre, saisis la poignée dans mon dos, me glissai à l’intérieur et la refermai, laissant Willie se recomposer dignement. Et pas seulement lui.
    Je me pressai contre le battant comme si j’avais été poursuivie par une meute de loups-garous, le sang battant dans mes tempes.
    — Putain de bordel de merde.
    Une sorte de geyser monta en moi et explosa dans ma tête, projetant une écume étincelante de lumière et de diamants. J’étais vaguement consciente qu’il pleuvait et qu’une eau grise ruisselait sur la vitre mais cela ne tempéra pas l’effervescence qui m’habitait.
    — Je restai immobile quelques minutes, les yeux clos, ne pensant à rien, répétant inlassablement dans un murmure « Merci, mon Dieu ».
    Quelques coups timides contre la porte m’arrachèrent à ma transe. Je me retournai et ouvris. William se tenait sur le seuil.
    Sa chemise déchirée pendait mollement et je pouvais voir son pouls battre dans le creux de son cou. Il tenta maladroitement de sourire et, n’y parvenant pas, renonça.
    — Je ne sais plus très bien comment vous appeler, dit-il. Compte tenu des circonstances…
    — Oh mais… Je ne crois pas… Enfin, j’espère que cela ne change rien à la relation entre nous.
    Je me rendis tout à coup compte que cela ne coulait pas de source, ce qui atténua quelque peu mon euphorie. J’étais très attachée à lui, tant pour ses qualités propres que pour son père, ou plutôt ses pères.
    — Vous pouvez toujours m’appeler « mère Claire », non ? Jusqu’à ce que nous trouvions un terme plus… approprié.
    Voyant la réticence dans ses yeux, j’ajoutai :
    — Après tout, je reste votre belle-mère, indépendamment de… euh… la situation.
    Il réfléchit un instant, puis acquiesça brièvement.
    — Je peux entrer ? J’aimerais vous parler.
    — Oui, bien sûr.
    Si je n’avais pas connu ses pères, j’aurais été étonnée par sa faculté de réprimer la rage et la confusion qu’il avait si nettement
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