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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar
Autoren: Valerio Manfredi
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chemin en
direction de la Regia, flanqué de son aide de camp transformé en garde
du corps depuis qu’il avait congédié sa garde hispanique. Silius n’arrivait pas
à s’expliquer pareille décision, d’autant plus que les considérations du
dictateur à vie, à savoir que seuls les rois ou les tyrans se déplaçaient avec
des gardes du corps, ne lui semblaient guère convaincantes. Peut-être
fallait-il en chercher le motif dans l’épisode des Lupercales, dans le désir de
balayer le soupçon de tyrannie par un acte fort. C’était du moins ce qu’il
espérait, effrayé par l’hypothèse d’un renoncement entraîné par la maladie.
César était un noble, un homme de pouvoir, habitué à jouer le tout pour le tout
en politique comme sur le champ de bataille, et l’idée du suicide en cas
d’échec constituait pour lui un choix naturel. S’il préférait mourir plutôt que
de montrer sa faiblesse en public, il utiliserait le poignard.
    Il existait cependant une autre hypothèse, qui s’accordait
avec son cynisme rationnel : il avait peut-être renvoyé sa garde
hispanique pour la remplacer par un seul garde, invisible.
    Silius songeait aussi à la mission de Publius Sextius, dit
« le Bâton », dépêché en Cisalpine pour une raison qui lui échappait.
Il devait rester en contact avec lui, à Modène, et tenir informé César, lui
remettre tous les messages provenant du Nord. Des messages codés, évidemment,
que seul son chef suprême était en mesure de lire.
    Publius Sextius. Un héros de guerre. Le soldat le plus
courageux de la République. Dans le quadruple triomphe que César avait célébré
à Rome, il avait défilé torse nu afin de montrer, à l’instar de ses
décorations, les cicatrices épouvantables qui sillonnaient sa poitrine.
    Centurion primipile de la XII e  Légion, il
avait survécu à des épreuves incroyables. Pendant la campagne de Gaule, lors de
la bataille contre les Nerviens, il avait continué de se battre et de
distribuer des ordres en dépit de ses blessures, ce qui avait permis à sa
légion de se réorganiser et de lancer une contre-attaque décisive.
Convalescent, il avait passé plusieurs jours dans un campement sans pouvoir se
nourrir à cause du siège. Lorsque l’ennemi avait enfoncé les portes du
campement, il était sorti en titubant de sa tente, en armure, et s’était placé
devant l’entrée, obligeant ses camarades à s’unir à lui et à repousser les
envahisseurs. De nouveau blessé, il avait été à grand-peine arraché aux
assaillants et traîné à l’abri.
    Après avoir longtemps balancé entre la vie et la mort, il
s’était ressaisi et avait repris sa place dans les rangs. C’étaient des hommes
de sa trempe qui avaient bâti l’Empire. Et il y en avait dans les deux camps,
rangés selon leur foi politique et leur fidélité pendant la guerre civile.
    Publius Sextius, dit « le Bâton » car il portait
toujours l’insigne de son rang, le bâton de vigne qui insufflait de la vigueur
aux recrues…, un homme à la fidélité éclatante, un des rares êtres auxquels
César se fiait aveuglément. Indestructible, il ignorait ce qu’était la peur. Le
fait que le dictateur s’enquérait sans cesse de lui était la preuve qu’il lui
avait confié une mission cruciale. Mais laquelle ?
    Tout en dévidant le fil de ses pensées, Silius avait atteint
avec le dictateur la porte de la Regia.
    Avant d’entrer, César lui dit : « N’oublie pas. À
n’importe quelle heure du jour et de la nuit.
    — Oui, mon général. À n’importe quelle heure du jour et
de la nuit. »
    Silius gagna alors son cabinet afin de vérifier qui César
devait rencontrer ce jour-là.
    Enfin, l’orage qui menaçait depuis l’aube éclata. La grande
place se vida en un éclair et, sous la pluie battante, le sol de marbre fut
bientôt aussi luisant qu’un miroir.

 
Chapitre III
    Mutinae,
Nonis Mort., hora secunda
    Modène,
7 mars, sept heures du matin
     
    La brume s’élevait des rivières, de la terre, des prés
humides, et recouvrait tout : les champs ensemencés et les vignes, les
fermes éparpillées dans les campagnes, les étables et les fenils, ne laissant
émerger que le sommet des végétaux les plus grands, les chênes séculaires, les
ormes, les érables, arbres qui avaient vu passer Hannibal avec ses éléphants et
qui veillaient à présent, tels des géants silencieux et nus, sur les terrains
colonisés, sur les axes routiers marqués
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