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Les Dames du Graal

Les Dames du Graal

Titel: Les Dames du Graal
Autoren: Jean Markale
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Gauvain, ce sont les noms d’Yder (ou Édern) et de Kaï (ou Keu) qui apparaissent. Ces trois personnages accompagnent Arthur à la Tour Douloureuse dans le roman de Durmart ainsi que dans les inscriptions de l’archivolte de Modène. Et les soupçons grandissent à la lumière de certains épisodes dispersés à travers tout le Cycle du Graal.
    Le possible « lien » entre Guenièvre et Yder prête à des commentaires qui sont autant de surprises. Yder ou Édern (du latin aetemus ) apparaît surtout dans les récits annexes du Cycle du Graal, mais il semble bien qu’il ait fait partie des tout premiers compagnons que la tradition galloise attribue à Arthur. Il est dit « fils de Nut », et Nudd, surnommé Hael (« généreux ») dans cette même tradition galloise, correspond à Nuada au Bras d’Argent, roi des Tuatha Dé Danann , dans les récits mythologiques irlandais. Autrement dit, Yder-Édern est un personnage qui appartient au monde féerique par ses origines, comme l’est son frère Gwynn, fils de Nudd. Et curieusement, après la christianisation, Gwynn est devenu, au Pays de Galles, l’un des gardiens de l’Enfer, tandis que son frère, en Bretagne armoricaine, est devenu « saint » Édern, toujours honoré dans de nombreuses paroisses. Au XIII e  siècle, il n’est que chevalier de la Table Ronde, et un roman épisodique lui est consacré.
    Ce Roman d’Yder est assez étrange. On y raconte qu’Yder, qui ne connaît pas son père, part à sa recherche et arrive à la cour de la reine Guenloïe à qui il inspire un violent amour. On est évidemment tenté de reconnaître Guenièvre dans cette Guenloïe, dont le nom est si proche de Winlogée qui était celui de l’épouse d’Arthur dans le Roman de Durmart . Yder accomplit de nombreuses prouesses, mais au cours d’une joute contre Gauvain, il est traîtreusement blessé par Kaï. Arthur et Gauvain le croient mort et s’en désolent, mais Yder est soigné par Guenloïe et est bientôt guéri. Un jour, Arthur et Gauvain vont le visiter dans sa chambre où se trouve déjà Guenièvre . Or, un ours pénètre dans la pièce et s’attaque à Guenièvre. Yder, avec courage, saisit l’ours, lutte avec lui et le tue.
    On a nettement l’impression que l’auteur du récit ne sait plus très bien s’il s’agit de Guenloïe ou de Guenièvre. On peut également noter l’attitude déloyale de Kaï, si contraire aux règles de la Table Ronde. Elle pourrait s’expliquer par sa jalousie envers Yder, qui serait alors son rival. Enfin, il faut s’arrêter à l’épisode de l’ours et ne pas oublier que le nom d’Arthur est bâti sur la racine art- de l’un des mots celtiques signifiant « ours » : le fait, pour Yder, d’étouffer l’ours et de le tuer ne serait-il pas le symbole de la volonté secrète du fils de Nut d’éliminer le roi Arthur pour avoir le champ libre auprès de la reine ?
    Il y aurait donc jalousie, et de la part de Kaï et de la part d’Yder. Il va y avoir maintenant jalousie de la part d’Arthur. En effet, toujours dans le Roman d’Yder , Arthur et Guenièvre sont en conversation privée. Le roi demande à la reine ce qu’elle ferait s’il venait à mourir et quel serait alors le nouvel époux qu’elle choisirait. C’est évidemment une question-piège. Guenièvre refuse d’abord de répondre, mais sommée de parler par le roi, elle finit par dire que celui qui lui déplairait le moins est Yder. Arthur, en pleine crise de jalousie, n’a plus qu’une idée en tête, se débarrasser d’Yder. Au cours d’une expédition contre des géants, il l’envoie dans l’antre des monstres, avec l’espoir qu’il n’en reviendra pas. Mais Yder réussit à tuer les géants. Or, la nuit suivante, Yder a soif et Kaï, peut-être sur l’instigation d’Arthur, va lui chercher de l’eau empoisonnée. On croit Yder mort une seconde fois, mais il est sauvé par des herbes apportées par des Irlandais. Yder accuse Kaï du forfait, et celui-ci est condamné à mort. Finalement, Yder demande au roi la grâce de Kaï et épouse Guenloïe.
    Tout cela est bien confus. Il semble qu’il y ait, dans une sorte de valse-hésitation, déplacement, ou plutôt dédoublement de personnage : l’auteur du Roman d’Yder devait avoir à sa disposition un conte qui relatait une relation amoureuse entre Guenièvre – peut-être même appelée Guenloïe ou Winlogée à l’origine – et Yder-Édern. Ne voulant pas noircir la
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