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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre
Autoren: Philipp Vandenberg
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cherches-tu par ici ?
    Un crâne dégarni parsemé de quelques cheveux blancs apparut à la fenêtre du premier étage de la vieille maison à colombages. L’homme souriait aimablement.
    — Êtes-vous le meunier de ce joli moulin ? lui lança Afra, en ajoutant sans attendre sa réponse : Il faut que je vous parle !
    Le gros crâne disparut dans l’embrasure de la fenêtre. Afra se dirigea vers la porte d’entrée. À cet instant précis, une femme rondelette et plutôt trapue, avec des bras potelés, apparut sur le seuil.
    Elle se campa les bras croisés sur la poitrine avec un air interrogateur.
    Elle ne dit pas un mot, mais Afra comprit à sa façon de la dévisager qu’elle n’était pas la bienvenue.
    Le meunier souriant apparut bientôt dans son dos mais, remarquant la méfiance de sa femme, il changea radicalement d’attitude.
    — C’est encore une bohémienne des Indes ? fit-il sur un ton méprisant, encore une qui ne parle pas notre langue et qui n’est pas plus baptisée qu’une juive. Nous n’avons rien à donner, et encore moins à une femme de ton espèce !
    Les meuniers avaient la réputation d’être avares – pourquoi ? Dieu seul le sait. Afra ne perdit néanmoins pas contenance. Avec ses épais cheveux bruns et ses mains halées par les travaux au grand air, elle ressemblait certainement à ces bohémiens venus d’Orient qui déferlent par vagues sur tout le pays comme des nuées de sauterelles.
    Elle répondit sur un ton assuré où pointait la colère :
    — Je parle notre langue aussi bien que vous ; quant au baptême, je l’ai reçu moi aussi, il y a moins longtemps que vous, certes. Voulez-vous bien m’écouter maintenant ?
    Le visage de la meunière changea du tout au tout d’expression, elle fit même preuve d’amabilités :
    — Il ne faut pas lui en vouloir, mon homme est bon et pieux. Mais il n’y a pas un jour que Dieu fait sans que des hordes de fainéants ne viennent demander la charité. Si nous leur donnions à chacun quelque chose, nous n’aurions bientôt plus rien à nous mettre sous la dent.
    — Je ne suis pas une mendiante, rétorqua Afra, je cherche du travail. J’ai commencé à travailler à l’âge de douze ans comme servante. Le travail ne me fait pas peur.
    — Une personne de plus sous mon toit ! Nous avons déjà deux valets et quatre petites bouches voraces à nourrir. Non, passe ton chemin, nous n’avons pas de temps à perdre ! s’exclama le meunier agacé en tendant son bras dans la direction d’où elle venait.
    Afra comprit qu’il n’y avait rien à tirer du meunier. Elle allait repartir lorsque la grosse femme donna une bourrade dans les côtes de son mari et tenta de l’amadouer :
    — Cela me soulagerait d’avoir une servante pour s’occuper des enfants : si cette fille est courageuse, pourquoi ne pas recourir à ses services ? Elle n’a pas l’air d’être du genre à nous ôter le pain de la bouche.
    — Fais comme tu veux, répliqua le meunier, contrarié, en disparaissant à l’intérieur de la maison pour retourner à son travail.
    La grosse femme haussa les épaules en guise d’excuses :
    — Mon homme est bon et pieux, répéta-t-elle en soulignant ses propos d’un coup de tête énergique. Et toi ? Comment t’appelles-tu au juste ?
    — Afra.
    — Et pour ce qui est de la dévotion ?
    — Comment ça la dévotion ? répéta Afra embarrassée.
    Il n’y avait rien à en dire. Afra devait bien l’avouer. Elle était en froid avec le Seigneur depuis que la vie lui avait joué de si vilains tours. Elle n’avait jamais commis un seul crime depuis sa naissance, n’avait jamais enfreint les commandements de l’ é glise, avait confessé ses plus petits manquements et fait pénitence. Pourquoi le Seigneur Dieu l’avait-il accablée de tant malheurs ?
    — Tu n’es pas très portée sur la dévotion, dit la grosse meunière en remarquant les hésitations d’Afra.
    — Qu’allez-vous penser là ! s’indigna la jeune femme. J’ai reçu tous les sacrements que l’on reçoit à mon âge et je peux même vous réciter le Je vous salue Marie… en latin, ce que beaucoup de curés sont incapables de faire. Et, sans attendre la réaction de la femme du meunier, elle se lança : Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulicribus, et benedictus fructus ventris tui…
    La meunière écarquilla de grands yeux en posant ses mains respectueusement à plat sur sa généreuse
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