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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre
Autoren: Philipp Vandenberg
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a lu le jugement en présence du roi Sigismond et a conclu en disant : « Nous livrons ton âme au diable. Et ton enveloppe charnelle sera brûlée séance tenante. » Pouvez-vous imaginer que j’ai inventé cela ?
    — Mais c’est impossible ! balbutia Afra horrifiée. J’ai la promesse du pape et le serment de trois ecclésiastiques !
    Pietro de Tortosa, ne comprenant rien au discours d’Afra, la prit par la main et l’entraîna à l’extérieur de la maison pour lui montrer la fumée noire qui s’élevait dans le ciel au nord de la ville :
    — Que Dieu ait pitié de son âme ! dit-il. C’était la première fois que l’ambassadeur faisait montre de sa piété.
    Des larmes jaillirent dans les yeux d’Afra, des larmes de colère et de désespoir. Elle n’était plus en mesure de raisonner avec lucidité.
    Elle partit en courant comme une furie vers la place de la cathédrale. Tout devenait flou, les maisons, les gens dans les rues étroites. Elle atteignit hors d’haleine le palais épiscopal devant lequel les bourgeois en colère s’étaient attroupés.
    Donnant des coups de coude de-ci de-là, elle se fraya un passage dans la foule qui hurlait et exécrait tantôt Hus, tantôt le pape :
    — Traître ! disait l’un pendant que l’autre criait :
    — Ce n’est pas Hus qu’il fallait brûler mais le pape !
    — Laissez-moi passer, je dois voir le pape ! hurla-t-elle au hallebardier qui lui barrait le passage. En la reconnaissant, le lansquenet se mit à rire :
    — Femme, vous arrivez trop tard, dit-il en faisant un geste dont Afra ne comprit pas la signification. Mais, il y a encore suffisamment de cardinaux et de monsignore en ville.
    Afra passa outre l’allusion vulgaire :
    — Que voulez-vous dire par « vous arrivez trop tard » ?
    — Cela signifie que s a s ainteté a quitté Constance déguisé en lansquenet par la porte de Kreuzling au moment où le verdict du procès était proclamé dans la cathédrale. Il est maintenant en route pour Schaffhausen où il va rejoindre son allié, le duc Frédéric d’Autriche. Nous n’en savons pas plus. Ni pourquoi, ni à cause de quoi.
    Frappée de stupeur, Afra regarda le lansquenet. Elle ne savait plus que penser. Puis elle explosa :
    — Ils ont juré par Dieu tout-puissant qu’ils ne le condamneraient pas. Dieu tout-puissant, pourquoi laisses-tu faire de telles ignominies ?
    Ceux qui assistaient à la conversation, ne comprenant rien aux étranges propos de cette jeune femme, se détournèrent. À quoi bon chercher du reste à comprendre tous ces originaux et ces fantaisistes qui avaient envahi la ville depuis le début du concile !
    Afra prit la direction de la maison Pfefferhart, tête baissée. Affligée et découragée, elle ne savait plus à quel saint se vouer désormais. En montant l’escalier, elle crut rêver. Prenait-elle ses désirs pour la réalité ?
    Ulrich von Ensingen l’attendait assis sur les marches, la tête posée sur ses mains. Il se taisait et continua de se taire lorsque leurs visages se rapprochèrent. Dans la pénombre de l’escalier, il aperçut ses yeux remplis de larmes. Hésitant, il saisit sa main.
    Il craint un moment qu’Afra s’esquive.
    Mais elle n’en fit rien. Au contraire. Afra serra cette main tendue, elle se cramponna à Ulrich telle une naufragée se raccrochant à une épave. Ils restèrent longtemps ainsi sans dire un mot.
    — C’est fini, lui chuchota Afra. Tout est fini.
    Ulrich ne comprit pas à quoi elle faisait allusion. Il se doutait vaguement mais n’osait pas poser de questions. Plus tard peut-être.
    Dans son désarroi, Ulrich attira Afra contre lui. La tendresse avec laquelle elle répondit à son étreinte, l’enhardit à parler :
    — L’archevêque de Milan m’a demandé d’achever la construction du dôme. J’ai accepté. Je dois partir dès demain matin. Veux-tu venir avec moi ? Veux-tu être ma femme ?
    Afra regarda longuement Ulrich avant d’acquiescer en silence.
    Au même moment, l’attelage tiré par six chevaux que le duc Frédéric avait envoyé à la rencontre du pape, progressait à vive allure sur la rive gauche du Rhin. Il se dirigeait vers Schaffshausen. Le cocher avait reçu l’ordre de ne pas ménager ses chevaux pour conduire dans les meilleurs délais le pape Jean et son intendant jusqu’à Schaffshausen où s a s ainteté serait en sécurité. Le collège des cardinaux avait décrété sa déposition.
    Le duc avait
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