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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre
Autoren: Philipp Vandenberg
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solution pour sauver Hus du bûcher : remettre le parchemin.
    Ce parchemin l’avait rendue plus malheureuse qu’heureuse. Il avait fait d’elle une bête traquée et l’avait amené à douter de l’homme qu’elle aimait.
    Il avait presque détruit leur amour.
    À plusieurs reprises, elle avait failli se laisser corrompre. Pour tout l’or du monde, elle ne souhaitait plus vivre ainsi. Elle maudissait ce texte.
    Depuis deux jours, elle ne se séparait plus du document. Elle l’avait donc à portée de main lorsque les trois hommes entrèrent dans sa chambre.
    — Au nom du Tout-Puissant ! s’exclama sur un ton théâtral l’intendant en élevant tel un prophète les bras vers le ciel, m ontrez-nous l’objet ! Nous sommes pressés.
    Comme toujours quand Afra était confronté à une situation délicate, elle conservait apparemment un calme olympien. Mais en réalité, elle sentait son cœur battre jusque dans les veines de son cou.
    — Qui êtes-vous ? demanda-t-elle en s’adressant au premier.
    — Cardinal évêque de Brogni d’Ostie.
    — Et vous ?
    — Évêque de Concorde.
    Le vieil homme tendit sa main à Afra qui ne broncha pas.
    Elle se dirigea vers la petite table près de la fenêtre sur laquelle était posée une Bible reliée en cuir marron :
    — Tous trois, posez la main gauche sur le l ivre des l ivres pour vous soustraire à l’emprise du diable et jurez par tous les saints ainsi que par Dieu le miséricordieux que vous ne condamnerez pas Jan Hus au bûcher !
    Les trois hommes roulèrent des yeux excédés, et de Brogni, un homme corpulent avec un cou de taureau, s’écria vivement :
    — Femme, nous n’avons pas d’ordres à recevoir de vous. Donnez-nous le parchemin, qu’on en finisse !
    — Il n’en est pas question, v otre é minence, répliqua Afra sur le même ton. v ous vous méprenez et vous surestimez votre position. Vous êtes demandeurs, moi pas. Je pose mes conditions !
    L’intendant, qui se souvenait de l’habilité dont avait fait preuve Afra dans sa négociation avec le pape, fit signe à de Brogni de tempérer ses propos :
    —  Nous sommes tout disposés à jurer sur la Bible au nom de tous les saints et de Dieu le miséricordieux que nous satisferons vos exigences.
    Monsignore Bartolommeo s’approcha de la Bible et prêta serment de faire tout ce qu’il était en son pouvoir pour préserver Hus du bûcher. De Brogni et l’évêque de Concorde en firent autant.
    Afra dégrafa son corsage et en sortit le parchemin. Les hommes la regardèrent indignés.
    Précautionneusement, car bien conscient de la valeur du document, le cardinal évêque le prit et le déplia. Il n’était manifestement pas au courant des détails, car lorsqu’il découvrit que le document était vierge, il se rengorgea comme un dindon prêt à se jeter sur Afra. Mais le monsignore s’interposa et lui montra la fiole posée sur la table.
    Il ôta le bouchon, trempa le bout de ses doigts et tamponna le parchemin pour l’humidifier. Quelques instants plus tard, au milieu de la tache d’humidité, s’esquissait la première syllabe d’un mot dont les lettres devinrent progressivement plus nettes : «  Falsum  [19]   ! », lut de Brogni à voix basse. Tandis qu’il regardait Afra avec admiration, il se signait à la hâte. L’évêque de Concorde secouait la tête, incrédule.Puis l’intendant replia le parchemin, le glissa dans sa soutane et saisit la fiole.
    — Venez é minences ! dit-il aux évêques, il est grand temps.
    Ils quittèrent Afra sans même lui accorder un regard.
    Vers midi, Pietro de Tortosa, l’ambassadeur extraordinaire, revi nt de la proclamation du jugement auquel il avait assisté en qualité de représentant du roi de Naples. Il avait l’air complètement abattu.
    Quand Afra le croisa dans l’escalier, elle passa sans lui adresser la parole, pensant qu’il n’avait pas encore cuvé son vin. Mais lorsqu’elle aperçut ses yeux étincelants de fureur, elle s’inquiéta de le voir d’humeur si contrariée.
    — Ils l’ont condamné à mort.
    — De qui parlez-vous ?
    — De Jan Hus, ce courageux tchèque a été condamné à être brûlé sur le bûcher.
    — C’est impossible ! Vous devez vous tromper. À l’heure qu’il est, Hus doit avoir été libéré ! J’en suis sûre.
    L’ambassadeur secoua la tête.
    — Bonne femme, je l’ai vu de mes propres yeux et entendu de mes propres oreilles. L’évêque de Concorde
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