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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent
Autoren: Lindsey Davis
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verrez plus clair !
     
    Je me dirigeai ensuite droit vers sa fille, à l’autre extrémité de la salle d’audience. Dieu merci, elle était voilée – je n’aurais pu suivre mon idée si j’avais eu à voir son visage.
    — Gente dame, vous savez comment sont les choses : à chaque affaire sa fille. Nouvelle enquête, nouvelle conquête ! Malgré tout, je vous ai amené un petit souvenir qui ne manquera pas de verdir votre doigt : Ex Argentiis Britanniae. Le cadeau d’un ancien esclave mineur de plomb reconnaissant.
    Je tendis à Helena Justina une bague en argent. Sachant que je n’aurais pas l’occasion de la revoir, j’étais passé la prendre chez l’orfèvre. Il avait gravé à l’intérieur une de ces devises à deux sous, auxquelles on n’attache aucune importance, ou toute l’importance du monde ; suivant son humeur. Anima Mea…
    Je sais, je ne manquais pas de culot. Après l’avoir rejetée – et en public… – pourquoi aller lui offrir un cadeau aussi lourdement connoté… Ce n’était pas de ma faute. N’ayant reçu aucune instruction, l’orfèvre avait choisi d’y inscrire ce qui lui passait par la tête ; je n’eus pas le cœur de le faire changer.
    Après tout, cette devise n’était pas complètement fausse. Anima Mea – Mon Âme…
     
    Je pris sa main et refermai ses doigts autour de mon cadeau.
    Je sortis sans un regard pour personne.

65
    Je me rendis vers l’ancien mur d’enceinte. Je passai devant les kiosques de marionnettistes et leurs volets fermés, et me retrouvai sur la promenade déserte.
    Cela me rappelait ma balade en compagnie d’Helena Justina. J’avais l’habitude de venir y flâner, seul. À cette heure il faisait sombre, mais j’avais besoin d’obscurité. Je me blottis dans ma toge et m’efforçai de goûter aux multiples sonorités de la Rome nocturne, plutôt que de ressasser mon geste insensé.
    Je me trouvais seul, perché sur les hauteurs surplombant Rome. Un vent frais soufflait. J’entendais au loin, par intermittence, des notes de musique, le pas urgent des sentinelles, quelques éclats de rire et même, à l’occasion, des cris inquiétants.
    Je redescendis une fois que j’eus retrouvé un peu de calme, c’est-à-dire quand j’eus très, très froid…
     
    Je me rendis à nouveau au Palais où je demandai à revoir Titus. L’heure était très tardive. Dans les couloirs où de grandes ombres fuyaient à mon passage, je finis par trouver quelques secrétaires en pleine conversation, qui levèrent la tête, stupéfaits d’être dérangés par ce fantôme au visage blême.
    Personne ne semblait s’inquiéter de ma présence. On avait l’air plutôt content de me voir. Cela arrive parfois dans les bâtiments publics, lorsque l’équipe de nuit prend la relève ; ils se réjouissent du moindre événement venant rompre leur routine monotone.
    On me conduisit à travers une succession d’appartements croulant sous les riches tentures, et je me retrouvai dans une petite antichambre assez quelconque, que je n’avais jamais vue auparavant. Quelqu’un se rendit dans la pièce attenante où j’entendis mon nom prononcé à voix basse. Au bout d’un instant, un vieux type jovial sortit en pantoufles, suivi calmement de mon guide, qui s’éclipsa alors. Le vieillard me regarda avec insistance.
    — Les deux jeunes César sont au fond de leur lit. Je peux faire l’affaire ?
    Il portait une tunique pourpre toute froissée, sans ceinture. C’était un homme grand, de belle stature, âgé d’environ 60 ans. Il avait un front aux plis très marqués et le regard franc. L’absence même de tout cérémonial semblait donner du poids à sa présence – au fil des années il avait appris à gagner la confiance des hommes par la seule force de sa personnalité. Il s’y prenait avec un méchant talent. Foutu vieillard, charmeur des orteils jusqu’à son crâne dégarni ! Il me plut dès le premier coup d’œil.
    Je savais très bien qui j’avais en face de moi : l’Empereur Vespasien.
    Je répondis on ne peut plus poliment qu’il ferait tout à fait l’affaire.
     
    Il m’adressa un regard amusé, tout indulgent, puis me fit signe d’entrer. Je l’avais interrompu. Il travaillait dans une petite pièce, rendue assez chaleureuse au moyen de quelques lampes judicieusement disposées. Deux piles ordonnées de correspondance l’avaient accaparé. La scène dégageait une belle impression de discipline. Je me serais
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