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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent
Autoren: Lindsey Davis
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interrompue si soudainement pour des raisons jamais élucidées… Et votre exil, d’une province à une autre ! Et qui sait… maintenant de Rome ! Les intrigues politiques, les scandales, les trafics douteux, les femmes… Et Sosia ! Sa mère, l’épouse d’un consul en voyage au mauvais moment ! Vous auriez volontiers abandonné l’enfant sur un tas de fumier, mais comme d’habitude, père est intervenu et a tout arrangé ! Papa a eu une vie épouvantable – ce sont vos manigances qui l’ont convaincu de me marier à un homme qu’il n’aimait pas, tout cela pour vous permettre de convaincre Pertinax de transporter les cochons d’argent ! Vous croyiez que personne ne devinerait jamais…
    Je l’avais déjà entendue vider son sac, mais jamais avec une telle passion.
    — Même Sosia savait la vérité, intervins-je. Votre nom figure sur la liste qu’elle m’a laissée. Meto ! Livré à un vulgaire enquêteur, par votre propre enfant…
    Je ne voyais aucune raison de lui dire que Sosia avait préféré effacer son nom.
    Il nous regarda l’un après l’autre, puis se mit à rire doucement, comme il ne l’avait jamais fait auparavant, trahissant l’élégance naturelle que je lui avais déjà vue aux obsèques de Sosia. Je comprenais comment il pouvait plaire aux femmes, quand il voulait bien s’en donner la peine.
    — Fine équipe ! fit-il en feignant de nous applaudir.
    Il n’avait pas tort – nous avions toujours formé une belle équipe. Nous avions mené l’enquête en véritables associés, et nous l’affrontions maintenant ensemble.
    — Ça aspire à la deuxième classe ! railla-t-il. Pour moi, non merci ! Une vie vertueuse et morale ! Coincé parmi les receveurs des impôts du troisième rang, les esclaves affranchis devenus secrétaires impériaux, l’amiral de la flotte de la Manche… Travailler dur pour un maigre salaire ou trimer dans les affaires… Voyager dans les provinces sans une once de frivolité, ou demeurer à Rome sans luxe ni pouvoir…
    Si sa critique sociale se résumait à cela, je la trouvais un peu courte. Je laissai éclater toute ma rage de petit locataire de l’Aventin.
    — Vous n’avez jamais manqué de rien ! Vous avez mené une existence confortable et oisive ! Que vous faut-il de plus ?
    — L’opulence et l’influence, reconnut-il sans sourciller.
    Soudain Helena Justina se leva. Sa voix résonna avec clarté.
    — Alors prenez l’argent ! Ce sera mon cadeau à mon pauvre père. Prenez-le et filez ! Qu’on n’entende plus jamais parler de vous !
    Le pari ne manquait pas de courage et je compris enfin quel avait été le dessein de ma douce aux principes si affirmés. Comme son père à de multiples reprises, elle cherchait à sauver la réputation de son oncle, au besoin en se pliant à ses exigences. Elle se trouvait déchirée entre de multiples loyautés familiales, auprès desquelles mes propres histoires de famille paraissaient de la rigolade.
    — Votre père si consciencieux ne m’intéresse plus… commença à dire Publius.
    Ce n’était qu’une ruse. Au même moment, nous bondîmes tous deux vers Helena. Elle sentit le danger. Me voyant venir, il préféra se diriger vers son épée. Comme il changeait de direction, je fis un écart pour le rejoindre.

63
    À peine arrivé sur lui, je compris qu’il savait se battre. Il avait appris des techniques qu’un honnête citoyen devrait ignorer, sûrement dans quelque endroit mal famé de l’Empire. Heureusement pour moi, je ne comptais pas au nombre des honnêtes citoyens…
    Ce fut un combat vicieux, d’autant que Meto croyait devoir distraire l’adversaire à renfort d’invectives et en cherchant à croiser le fer à tout bout de champ, que le coup ait un sens ou non. Cela ne me gênait pas. Je me mis moi-même à ahaner furieusement, alors que nous luttions, de plus en plus essoufflés, parmi les tonneaux d’épices et les balles, en renversant de temps à autre un baril. Helena Justina eut le bon sens de se tenir à l’écart.
    Mon face-à-face avec le frère galeux du sénateur dura bien une demi-heure à travers les allées aux odeurs pesantes. À force de piétiner le précieux legs d’Helena, nos yeux s’étaient mis à larmoyer. Publius approchait certes de la cinquantaine, mais c’était un grand gaillard, comme tous les hommes de sa famille. Je trouvais très désarçonnant son allure si peu expressive ; je ne voyais rien à exploiter, aucun
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