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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde
Autoren: Jean Markale
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roi Ban, que veux-tu donc faire ? Tu es trop jeune et trop petit pour
lutter contre un si grand diable ! Je suis ton aîné, je suis plus fort et
plus haut que toi ! Laisse-moi y aller ! – Je ne saurais jamais ce
que je vaux, répondit Arthur, si je ne me mesurais avec n’importe lequel de
ceux qui se présentent ! »
    Et, sans plus attendre, il piqua des deux si rudement que le
sang se mit à couler des flancs de son destrier. Sous les fers du cheval, le
sol résonna longuement, et les pierres volèrent tout autour comme une
bourrasque de grêle. Le Romain vint aussitôt à sa rencontre, mais Arthur appuya
si violemment son coup qu’il lui perça le bouclier, le haubert et même le corps,
de telle façon que le fer, et au moins une brasse du bois de sa lance, passèrent
à travers l’échine. Ponce Antoine tomba sur le sol pour ne plus jamais se
relever. Alors Arthur tira sa bonne épée Excalibur dont il se mit à faire des
merveilles, coupant bras, poings et têtes. Sur les remparts de la forteresse, les
dames et les demoiselles qui regardaient le combat ne pouvaient s’empêcher d’admirer
la prestance, le courage et la volonté de ce jeune homme qui affrontait ainsi
les plus redoutables guerriers du temps.
    Cependant, le roi Ban de Bénoïc, qui était très grand et
très large d’épaules, cherchait partout son ennemi mortel, le roi Claudas de la
Terre Déserte. Midi était déjà passé lorsqu’il l’aperçut au milieu de sa troupe.
Aussitôt, il vola sur lui, droit comme un carreau d’arbalète. Il leva à deux
mains son épée, et Claudas eut beau jeter son bouclier pour parer le coup, l’épée
s’abattit si rudement qu’elle trancha l’épée, l’arçon et même le cheval entre
les deux épaules. Ban allait faire passer son destrier sur son adversaire qui
gisait sur le sol, lorsqu’il vit, à quelque distance, son compagnon Bretel, la
cuisse prise sous son cheval abattu, et qu’Urfin [16] essayait de protéger de son mieux. Il se jeta à la rescousse, mais la cohorte
des ennemis se referma sur eux : bientôt le destrier de Ban et celui d’Urfin
furent tués, et les trois Bretons n’eurent plus d’autre choix que de se placer
dos contre dos afin de mieux se défendre. Mais leur position, en plein milieu d’une
troupe d’ennemis acharnés, était désespérée.
    C’est à ce moment que Merlin, toujours en observation, s’aperçut
du danger que couraient les trois hommes. Il prit l’aspect d’un jeune page et
se précipita sur le champ de bataille, à la recherche d’Arthur. Dès qu’il l’eut
trouvé, il lui apprit ce qui se passait. Bohort, qui se trouvait auprès d’Arthur,
s’écria : « Si mon frère était tué, de ma vie, jamais je ne connaîtrais
la joie ! – Allons à son secours ! » dit Arthur. Merlin s’était
emparé de l’enseigne du roi et se précipitait en direction de la mêlée. Le
dragon de l’enseigne se mit à jeter par la gueule des brandons de feu, si bien
que tout l’air en devint vermeil et que les bannières des ennemis prirent feu. Derrière
lui, à travers une troupe d’ennemis décontenancés par le phénomène, les Bretons
avançaient comme un grand navire qui laissait dans son sillage une double
rangée de guerriers à terre et de destriers fuyant au hasard, les rênes
traînant entre leurs pattes. Ils parvinrent ainsi jusqu’au roi Ban et à ses
deux compagnons qui, à pied, leurs heaumes à moitié sur les yeux, leurs
boucliers brisés, leurs hauberts rompus et démaillés, se défendaient avec l’énergie
du désespoir derrière un monceau de chevaux tués, et, tenant à deux mains leurs
épées, frappaient furieusement tous ceux qui tentaient de les approcher.
    Quand il vit son frère dans cet état, le roi Bohort s’appuya
sur ses deux étriers si rudement que le fer en plia. Sans plus tarder, il
courut sus aux gens de Claudas et les heurta avec tant de rage que leurs rangs
en tremblèrent. De son épée toute souillée de sang et de cervelle, il trancha
au premier qu’il rencontra la tête près de l’oreille, ainsi que l’épaule gauche
et tout le corps jusqu’à la ceinture ; au second, il mit à nu le foie et
les poumons. Et Arthur et ses compagnons l’imitaient si bien qu’en quelques
instants Ban, Urfin et Bretel furent dégagés, purent rajuster leurs heaumes et
saisir des boucliers intacts. Après quoi, montant sur des chevaux sans maîtres
que leurs écuyers avaient pris au passage, ils repartirent au
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