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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde
Autoren: Jean Markale
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tour dans la mêlée, armée de haches et de bâtons, si bien
que les ennemis commençaient à comprendre qu’il valait mieux s’enfuir. Tout
échauffé par l’ardeur du combat, Arthur, remis en selle par les siens, se jeta
à la poursuite des fuyards et fit de telles merveilles à l’aide d’Excalibur que
l’on ne vit plus ni couleur ni vernis sur ses armes rougies par le sang. Pareil
à une statue vermeille, il rattrapa le roi Ydier et leva son épée pour le
frapper sur son heaume. Mais le cheval fit un bond et l’emporta plus loin qu’il
n’aurait fallu, si bien que le coup, frôlant le corps, atteignit le destrier
dont il trancha net le cou. Les gens du roi Ydier dégagèrent à grand-peine leur
seigneur et l’emmenèrent rapidement à l’écart. Finalement, les onze rois
rebelles, rudement pourchassés par les gens d’Arthur, réussirent à prendre la
fuite, mais en laissant sur le terrain tout leur bagage ainsi que leur
vaisselle d’or et d’argent. Et Arthur rentra triomphalement dans la forteresse
de Kaerlion où l’archevêque l’accueillit en entonnant le chant du Te Deum . Mais Arthur, qui voulait remercier le clerc
qui lui avait donné de si bons conseils, eut beau le chercher parmi tous ses
hommes, il ne le trouva pas. Car il y avait déjà longtemps que Merlin, satisfait
du résultat de son intervention, et voulant laisser à Arthur tout le bénéfice
de la déconfiture des rebelles, avait repris le chemin du Nord, pour rejoindre
sa sœur Gwendydd, l’ermite Blaise et aussi cette étrange Morgane, fille d’Ygerne
de Tintagel, qu’il avait entrepris de parfaire dans la connaissance des secrets
de la nature.
    Cependant, les onze rois rebelles, avec leurs gens en désordre,
avaient erré toute la nuit, souffrant de la faim et du froid, les uns à cheval,
d’autres en litière parce qu’ils étaient trop mal en point pour chevaucher. Le
lendemain, harassés, ils parvinrent à la ville de Sorhaut, qui était au roi
Uryen Reghed, et ils y demeurèrent quelque temps pour se réconforter et soigner
leurs malades et leurs blessés.
    Ils n’y étaient encore que depuis peu de temps lorsque arrivèrent
des messagers de Cornouailles et d’Orcanie qui leur racontèrent comment les
Saxons maudits et mécréants, que le roi Uther avait eu tant de mal à chasser de
l’île de Bretagne, venaient à nouveau de débarquer, envahissant leurs terres, ravageant
les campagnes, détruisant les villages et les forteresses. Ils ajoutèrent que
les Saxons avaient commis tant de dommages que le cœur le plus dur et le plus
félon ne pouvait se retenir d’avoir pitié des femmes et des jeunes filles à qui
ils faisaient violence, et des enfants qu’ils tuaient dans leurs bras. De plus,
lorsque les petites gens se réfugiaient en quelque cave ou en quelque
souterrain dans les montagnes, les Saxons, qui ne pouvaient les en déloger, y
mettaient le feu et les brûlaient. Une telle situation devenait intolérable, d’autant
plus que, chaque jour, de nouveaux envahisseurs se présentaient sur le rivage
et investissaient les ports.
    En apprenant ces nouvelles alarmantes, il n’y eut aucun des
rois, même le plus hardi et le plus orgueilleux, à qui la chair ne tremblât, car
ils se rendaient compte qu’à cause de leur absence et de leur lutte contre
Arthur, ils étaient responsables de la perte de beaucoup de leurs gens. Ils se
demandaient avec angoisse ce qu’ils allaient pouvoir faire contre les Saxons, car
ils savaient qu’ils ne pouvaient attendre aucun secours d’Arthur. Tout ce que
leurs forces leur permettaient, c’était de garnir les forteresses et les villes
de manière à empêcher le ravitaillement des ennemis. Ils se résolurent de la
sorte à défendre les marches de Garlot, de Reghed, de Cornouailles et d’Orcanie
qui étaient, semble-t-il, les plus menacées, et d’attendre le moment favorable
pour entreprendre une expédition d’envergure afin de rejeter à la mer les
envahisseurs.
    Mais, pendant ce temps, de l’autre côté de la mer, dans la
Bretagne qu’on appelle Armorique, d’autres événements se préparaient. Il y
avait un noble roi du nom de Léodagan qui tenait la terre de Carmélide [8] .
C’était déjà un vieil homme qui, malgré son courage et sa valeur, devait mener
rude guerre contre des voisins toujours plus agressifs. Parmi ceux-ci, le roi
Claudas de la Terre Déserte, qui voulait s’emparer des terres de Léodagan, avait
rendu hommage à l’empereur de Rome
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