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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles
Autoren: Michel David
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la
paroisse depuis hier, madame Cournoyer, avait répondu l’autre, heureuse de
colporter ce ragot.
    – Voyons
donc ! s’était exclamée la digne cuisinière. Comme si un prêtre allait s’amuser
à faire des affaires pareilles ! Attendez que je raconte ça à monsieur le
curé.
    Sur ces mots, Agathe Cournoyer, indignée, avait quitté le magasin
général et avait traversé la route pour rentrer au presbytère. Mis au courant, Antoine
Lussier conseilla hypocritement à la veuve de ne pas faire tant de cas d’une
calomnie et la renvoya à ses fourneaux.
    Cinq minutes plus
tard, le curé poussait la porte du magasin général. Après s’être assuré qu’il n’y
avait aucun client sur place, il semonça vertement une Hélèna Pouliot, confuse,
et l’accusa de colporter des calomnies sur un prêtre.
    – Qui est-ce qui se vante d’avoir
fait ça ? lui demanda-t-il, sévère.
    – Bien, monsieur
le curé, je sais pas si je dois le dire, c’est plutôt…
    – De toute
façon, ma fille, je vais finir par le savoir parce que tu vas être obligée de
venir te confesser de cette calomnie-là, la coupa sèchement le curé.
    – C’est le
petit Emile Tougas, monsieur le curé, avoua Hélèna Pouliot, piteuse. Il raconte
ça partout, le petit verrat !
    – Il
est pas le seul à le raconter d’après ce que j’entends, lui reprocha sévèrement
le prêtre. En répétant ça à tout le monde, tu deviens sa complice, ma fille. Malheur
à celui par qui le scandale arrive ! tonna le curé Lussier.
    Blanche
comme un drap, Hélèna Pouliot regarda le curé sortir de son établissement. Aussitôt
que la porte se fut refermée derrière lui, elle s’appuya lourdement contre son
comptoir en s’étreignant la poitrine.
    – Eh
bien ! Eh bien ! Elle est bonne celle-là ! se lamenta-t-elle. J’ai
rien fait et je me fais dire un paquet de bêtises par le curé à cette heure !
    Le curé Lussier se
garda bien de dire un mot de tout cela à son vicaire. Il avait pris la décision
de régler l’affaire lui-même dès le lendemain matin, avant la basse-messe
célébrée par l’abbé Martel. Habituellement, les Tougas y assistaient avec leurs
fils.
    Il ne se trompait
pas. Lorsqu’il vit Antonius et Emma Tougas entrer dans l’église, précédés de
quelques pas par leurs quatre enfants, il s’empressa d’envoyer un servant de
messe chercher Emile, leur second fils. L’adolescent venait de prendre place
dans le banc loué par ses parents aux côtés de ses frères.
    – Est-ce qu’il
y a un problème, monsieur le curé ? lui demanda le vicaire en train de
revêtir ses habits sacerdotaux pour célébrer le saint sacrifice.
    – Finissez de
vous préparer, l’abbé, lui dit Antoine Lussier à mi-voix. Ne vous occupez pas
de ça.
    Quand
le servant poussa la porte de la sacristie en faisant passer Emile Tougas
devant lui, le curé Lussier eut du mal à réprimer un sourire mauvais.
    – Vous
voulez me voir, monsieur le curé ? demanda le garçon de quatorze ans en
affichant un petit air bravache.
    L’adolescent
était de taille moyenne, mais maigre et nerveux. Son visage en lame de couteau
surmonté de cheveux noirs et raides présentait un air sournois plutôt déplaisant.
    – Oui.
J’ai affaire à toi. Entre là-dedans, lui dit le prêtre en ouvrant la porte de
la petite pièce où sœur Berthe s’installait un jour par semaine pour réparer
les nappes d’autel et les vêtements sacerdotaux.
    Quand
la porte se referma sur le curé Lussier, Emile Tougas perdit un peu de sa superbe.
Le prêtre le fixa durant un long moment avant de lui demander d’une voix neutre :
    – Est-ce que
c’est vrai ce que j’ai entendu dire, mon garçon ?
    – Quoi, monsieur le curé ?
    – J’ai
entendu dire entre les branches que t’haïs pas ça te promener tard le soir du
côté de la petite plage… surtout quand il fait bien chaud !
    – Ben…
    – On raconte
aussi dans le village que tu te vantes partout d’avoir joué un bon tour au
vicaire, reprit le pasteur en enflant la voix d’une manière plutôt menaçante. Il
paraît que tu serais parti avec tout son linge pendant qu’il se baignait.
    – C’est pas
vrai, mentit l’adolescent dont les yeux ne cessaient d’aller de la porte au
prêtre, comme s’il cherchait à fuir. Moi, j’ai rien fait. C’est des menteries !
    – Qui t’a
poussé à faire ça ?
    – Personne, monsieur
le curé ! C’est pas moi !
    – T’es bien
sûr que
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