Les années folles

noire entrer dans la cour et s’arrêter près de
la maison. Elle sursauta en reconnaissant Hubert qui descendait du véhicule. Elle
s’empressa de se lever pour ouvrir la porte à son ami.
    – Seigneur !
s’exclama-t-elle, veux-tu bien me dire d’où tu sors cette voiture-là ?
    Le
jeune ingénieur, tout fier, retira son chapeau avant le lui répondre.
    – Je l’ai
achetée hier soir à Drummondville. Elle est pas neuve, mais elle roule bien.
    – Tu sais
conduire ?
    – C’est
facile.
    – Es-tu déjà
en train de dé ménager tes affaires de chez Bruno Pierri ?
demanda Claire en débarrassant son visiteur de son lourd imperméable.
    – C’est déjà
fait depuis hier après-midi.
    Même
si elle s’y attendait, la jeune femme fut secouée en apprenant la nouvelle et
elle pâlit légèrement. Elle fit passer Hubert Gendron au salon après qu’il eut
salué sa mère.
    – T’as pas
perdu de temps pour dé ménager , remarqua-t-elle,
déçue. Qu’est-ce qui t’amène à Saint-Jacques ?
    – Toi,
évidemment, reconnut le jeune homme à voix basse. Pourquoi penses-tu que j’ai
acheté la Ford ? C’est seulement pour venir te voir… à moins que tu sois
déjà fatiguée de moi ?
    En
entendant cet aveu, le visage de la jeune femme s’illumina.
    – Est-ce que
ça veut dire que t’es prêt à voyager de Drummondville à
Saint-Jacques-de-la-Rive deux ou trois fois par semaine juste pour venir
veiller avec moi ?
    – C’est
certain. À moins que tu me mettes dehors.
    Alors,
pour la première fois depuis qu’ils se fréquentaient, Claire sortit de sa
réserve. Elle se blottit entre les bras de son amoureux et l’embrassa.
    Fin de la première partie Sainte-Brigitte-des-Saults
Septembre 2006