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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles
Autoren: Michel David
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dit à voix basse la veuve Deschênes
à une voisine assise quelques bancs devant elle.
    – Il a
peut-être juste oublié qu’il avait une messe à dire, fit le vieux Maurice
Gagnon, agenouillé un peu plus loin.
    – Je vais
aller voir ce qui se passe, chuchota l’ancienne servante du curé Lussier en
quittant sa place. Ça ressemble pas beaucoup à monsieur le curé de faire attendre
son monde.
    Sur ce, Agathe Cournoyer sortit du temple. Joseph
Groleau n’était plus dans le porche. Il était probablement déjà retourné chez
lui, attiré par le déjeuner préparé par sa femme. Elle traversa la bande de
terrain qui séparait l’église du bât iment
voisin avant d’escalader péniblement la dizaine de marches conduisant à la
porte d’entrée du presbytère. Hortense Dagenais vint répondre à son coup de
sonnette.
    – Qu’est-ce
qui se passe, madame Cournoyer ? demanda la servante en la faisant entrer.
    – Je pense
que monsieur le curé a oublié de se lever à matin, lui répondit sa logeuse et
amie avec un sourire malicieux.
    – Comment ça ?
    – On est une
dizaine dans l’église à l’attendre pour la messe de sept heures, et il est pas
encore là.
    – Je le
pensais debout depuis un bon bout de temps, confessa Hortense Dagenais. D’habitude,
vous le savez aussi bien que moi, il est déjà parti lire son bréviaire dans la
sacristie avant même qu’on arrive pour préparer le déjeuner. Pour moi, s’il est
pas encore debout, c’est qu’il a oublié de mettre son réveille-matin ou qu’il a
mal dormi la nuit passée. Assoyez-vous une minute dans le salon, je monte le
réveiller.
    Pendant
qu’Agathe jetait un regard appréciateur à la propreté de la pièce, la petite
femme boulotte monta à l’étage pour aller vérifier si le curé Lussier était
encore dans sa chambre à coucher. La vieille dame l’entendit frapper plusieurs
fois à la porte de la chambre du prêtre en l’appelant de plus en plus fort pour
le tirer du sommeil. Finalement, il y eut le bruit d’une porte qu’on ouvrait à
l’étage.
    – Qu’est-ce
qui se passe, madame Dagenais ? demanda l’abbé Martel, la moitié du visage
couvert de savon et le rasoir à la main.
    Le prêtre s’était
levé quelques minutes auparavant et avait entrepris de faire sa toilette sans
se presser puisqu’il ne célébrait sa messe qu’à huit heures cette semaine-là.
    – J’essaie de
réveiller monsieur le curé. Le monde l’attend à l’église et il est déjà sept
heures vingt. Il répond pas.
    – S’il ne
répond pas, c’est qu’il est pas là, fît le prêtre
en s’avançant dans le couloir et en ouvrant la porte de la chambre de son
supérieur devant la servante.
    Le vicaire se trompait. Antoine Lussier était encore dans sa chambre. Le
prêtre, vêtu d’un pyjama rayé, était couché sur le dos dans son lit, le visage
gris, les yeux grands ouverts, les mains agrippées à sa poitrine et la bouche
béante, comme s’il avait tenté de pousser un dernier cri.
    Hortense Dagenais
hurla de peur en apercevant le corps du curé. Alexandre Martel s’empressa de la
pousser hors de la chambre dont elle venait de franchir le seuil.
    – Calmez-vous,
madame Dagenais, lui ordonna le vicaire, la voix étranglée par l’émotion. Descendez
et essayez plutôt de trouver monsieur Groleau pour qu’il prévienne les gens
rassemblés à l’église qu’il y aura pas de messe ce matin. Je vais m’occuper du
reste.
    Là-dessus,
le prêtre s’empressa de s’essuyer la figure avec la serviette qu’il portait
encore autour du cou et il repoussa la porte de la chambre. Une fois seul, il s’empara
du miroir utilisé par le curé Lussier pour se raser et il le plaça devant la
bouche du sexagénaire pour s’assurer qu’il ne respirait plus. Puis il lui ferma
doucement les yeux. Ensuite, il passa dans sa chambre prendre son étole et les
huiles saintes, et il administra l’extrême-onction à son curé avant de rabattre
une couverture sur son visage.
    Avant même de
compléter sa toilette, l’abbé Martel descendit dans le bureau du curé Lussier
où avait été installé le mois précédent l’unique téléphone du presbytère. Il
téléphona d’abord au docteur Courchesne pour lui demander de passer de toute
urgence au presbytère et il alerta l’évêché de Nicolet. Le secrétaire de monseigneur
Côté lui promit de prévenir son supérieur et les membres de la famille Lussier
de Saint-Grégoire sans
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