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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles
Autoren: Michel David
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tarder. En attendant l’arrivée d’un membre de la famille,
il lui recommandait de prendre toutes les mesures nécessaires. Le vicaire
chargea le bedeau de sonner le glas pour annoncer à toute la paroisse le deuil
qui la frappait.
    La nouvelle de la
mort subite du curé Lussier se répandit dans Saint-Jacques-de-la-Rive comme une
traînée de poudre et sema l’émoi dans la plupart des foyers de la paroisse. On
ne parvenait pas à imaginer ce que serait Saint-Jacques sans la présence de ce
grand et gros prêtre à la voix tonnante. Durant les vingt dernières années, il
avait été un pasteur remarquable qui, tout en dirigeant ses ouailles d’une main
de fer, avait su se montrer très humain et compréhensif. Il avait baptisé
pratiquement la moitié des habitants de la paroisse et il n’existait guère de
familles dont il n’avait pas accompagné les dernières heures de quelques-uns de
ses membres de ses prières. Bref, plus on y pensait, plus on se rendait compte
de l’importance de la perte qu’on venait de subir en ce matin d’octobre 1923.
    Une heure à peine
après qu’Agathe Cournoyer eut appris la mort du curé Lussier aux fidèles demeurés
dans l’église, il y avait déjà une vingtaine de paroissiens plantés devant le
presbytère. Ils assistèrent, muets, à l’arrivée du docteur Courchesne.
    Ce dernier ne put
que constater le décès du prêtre qu’il attribua à un arrêt cardiaque.
    – Là, je ne
sais pas trop ce que sa famille va décider pour le corps, déclara le jeune
vicaire, indécis.
    –  D’après moi, monsieur l’abbé, vous feriez mieux de prévenir Desfossés, à
Pierreville. Il va apporter un cercueil : arranger le corps pour qu’il
soit exposé, je suppose, dans votre église. Pour l’enterrement, c’est une autre
histoire, la dépendra des arrangements pris par la famille.
    Les craintes de l’abbé
étaient sans objet. Deux frères d’Antoine Lussier arrivèrent au presbytère au
milieu de l’avant-midi. Les deux cultivateurs de Saint-Grégoire avaient été
mandatés par les autres frères et sœurs du défunt pour prendre les mesures qui
s’imposaient. Ils entérinèrent sans aucune hésitation les décisions du vicaire
et lui apprirent qu’après les funérailles célébrées à l’église de la paroisse, la
dépouille de leur frère serait inhumée dans le lot familial du cimetière de
Saint-Grégoire, aux cotés de
celles de son père et de sa mère. Un peu avant midi, le secrétaire de monseigneur
Côté ait téléphoné à Alexandre Martel pour lui apprendre que le corps pouvait
être exposé en chapelle ardente dans église l’après-midi même et que le service
funèbre serait chanté par l’évêque en personne, le vendredi matin. Par
conséquent, le cercueil fut immédiatement transporté dans l’église et deux religieuses
du couvent voisin vinrent fleurir les lieux.
    Durant les
journées suivantes, les paroissiens de Saint-Jacques envahirent l’église en
grand nombre afin de prier pour le salut de leur défunt curé qui reposait au
centre du chœur, éclairé par quatre cierges. Plusieurs dizaines de personnes
des paroisses voisines, poussées par la curiosité, vinrent aussi rendre un
dernier hommage au disparu.
    Le vendredi matin, sous un ciel gris et maussade, les paroissiens s’entassèrent
dans l’église au moment où les cloches sonnaient le glas. Les premiers sièges
étaient occupés par les proches parents du prêtre. Naturellement, Ernest Veilleux et sa famille se joignirent à eux. Le cercueil où
reposait le corps du curé Lussier avait été fermé quelques instants auparavant
par Conrad Desfossés et ses aides, et un drap noir recouvrait maintenant le
catafalque.
    Monseigneur Irénée
Côté, assisté par l’abbé Martel et le curé de Saint-Gérard, pénétra dans le chœur
au moment où la chorale paroissiale entonnait le dies ira. L’évêque de
Nicolet officia une cérémonie empreinte de sobriété. Dans son homélie, le
prélat ne manqua pas de souligner le dévouement du disparu, de même que son
sens du devoir et sa grande piété. Il parla l onguement
de la mission qu’il avait remplie avec zèle ainsi que du repos qu’il avait bien
mérité. Il clôtura l’office funèbre en invitant tous les paroissiens qui le
pouvaient à accompagner leur pasteur à son dernier repos, au cimetière de
Saint-Grégoire. Les porteurs, vêtus d’un manteau noir, s’approchèrent
silencieusement du cercueil et le
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