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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles
Autoren: Michel David
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le presbytère avant que toute la paroisse
les voie. Prenez une échelle et commencez par aller chercher vos pantalons et
votre chemise sur le toit d e l’ écurie.
Vous viendr ez
vous expliquer après votre déjeuner.
    Le visage rouge de colère, le curé planta là son vicaire et rentra dans
le presbytère pour aller se préparer à célébrer la messe de sept heures. Ce
matin-là, la chance servit l ’abbé
Martel en ce qu’il n’eut pas à partager le déjeuner de son curé. Ce dernier mangea
son premier repas de la journée pendant qu’il disait la messe de huit heures. Ces
quelques heures de répit permirent à l’un de se calmer et à l’autre de préparer
des explications moins embarrassées.
    Le
jeune prêtre mangea avec très peu d’appétit le déjeuner préparé par Agathe Cournoyer.
Après son repas, il rejoignit le curé Lussier en train de lire son bréviaire
dans le salon.
    – Fermez
la porte, l’abbé, lui ordonna le curé à mi-voix. Il est inutile que madame
Cournoyer entende ce que vous avez à me dire.
    Alexandre
Martel ferma la porte doucement derrière lui en affichant une mine de condamné.
    – Assoyez-vous
et racontez-moi votre histoire.
    Le
vicaire narra en peu de mots sa mésaventure de la nuit précédente.
    – Vous
comprenez, monsieur le curé, conclut le jeune vicaire, j’avais juste le goût de
me rafraîchir un peu. Et comme il n’est pas convenable pour un prêtre d’aller
se baigner en plein jour, j’ai voulu y aller à la noirceur pour que personne me
voie.
    – Si
j’ai bien compris, l’abbé, vous êtes en train de me dire que vous avez traversé
tout le village en caleçon et nu-pieds en pleine nuit ! dit le curé
Lussier en haussant un peu la voix.
    – Non,
monsieur le curé. Vous pensez bien que je suis revenu en suivant le bord de la
rivière. J’ai pris le même chemin qu’à l’aller. Je voulais pas que quelqu’un me
voie.
    – Vous
deviez avoir l’air fin, là ! ne put s’empêcher de faire remarquer le vieux
prêtre en réprimant tant bien que mal un sourire derrière son air bougon. En
tout cas, il y a au moins une personne qui vous a vu : celle qui est
partie avec vos affaires. Vous imaginez le scandale, si cette histoire se
répand dans le village ?
    Le
jeune vicaire se contenta de blêmir. Durant un long moment, le curé Lussier
prit un air songeur et les traits de son visage se durcirent. À son avis, cette
affaire-là ressemblait à un mauvais coup de l’un des fils d’Antonius Tougas. Ça
ne l’aurait pas surpris que l’Emile ou un de ses trois frères ait traîné dehors
à cette heure-là. Si c’était un des garçons d’Antonius Tougas qui avait voulu
faire le finaud, on allait le savoir assez vite parce qu’il prendrait plaisir à
s’en vanter à tout le village. En plus, si jamais il découvrait qu’Eugène
Tremblay était derrière tout ça, juste pour le mettre dans l’embarras, lui, le
cousin d’Ernest Veilleux, il trouverait bien le moyen de lui faire payer cette
blague de mauvais goût.
    « En
tout cas, si c’est un des fils Tougas qui a fait ce coup-là, je vais lui
montrer à vivre, à ce petit batèche-là ! » se dit le prêtre.
    Le
curé Lussier se leva enfin de son fauteuil et se dirigea vers la porte du salon.
Avant de quitter la pièce, il se retourna vers son vicaire en arborant une mine
sévère.
    – La
prochaine fois que vous aurez une idée aussi brillante que d’aller vous baigner
au clair de lune, l’abbé, venez donc m’en parler avant. Ça nous évitera
peut-être pas mal de troubles. J’espère que ça vous servira de leçon.
    En
attendant, faites le mort. On va bien finir par savoir si quelqu’un va en entendre
parler.
    La
prédiction d’Antoine Lussier se révéla exacte. Le surlendemain, la vieille
Agathe Cournoyer rentra au presbytère dans tous ses états. La cuisinière s’était
arrêtée un instant chez Hélèna pour acheter une bouteille d’huile à lampe. En
ce samedi matin, il n’y avait pas un client au magasin général. Hélèna Pouliot
lui avait demandé d’un air sournois si le nouveau vicaire continuait à se
promener en caleçon dans le village la nuit, après être allé se baigner devant
chez Crevier. La vieille dame de plus de soixante-dix ans, n’en croyant pas ses
oreilles, était demeurée interloquée un bon moment.
    – C’est quoi,
cette histoire de fou ? avait-elle demandé à l’épicière.
    – C’ est ce qu’on raconte un peu partout dans
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