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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles
Autoren: Michel David
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magasin général, répondit Giguère en arrêtant son cheval devant le large
balcon d’une petite maison jaune à demi dépeinte, qui ne comptait qu’un étage. Ça
fait des années que les gens de Saint-Jacques vont acheter leur matériel chez
Murray, à Pierreville. Hélèna se contente de vendre un peu de grocery, des
bonbons, de la liqueur, du tabac, et des cossins pour les femmes, comme du matériel
à la verge et un peu de linge. Elle a hérité du commerce de ses parents.
    L’unique vitrine du magasin n’était occupée que par un panneau
publicitaire vantant l’orangeade Crush et un autre plus petit annonçant la
farine Robin Hood, illustrée par son archer habillé en vert et jaune. Un long
banc plutôt bancal était appuyé contre la devanture.
    Pendant
que le fonctionnaire s’empressait de descendre et d’aller se mettre à l’abri
sur le balcon, le maire prit le temps d’attacher son cheval à l’un des montants
de l’escalier avant d’aller le rejoindre.
    – C’est
juste une petite pluie fine, fit-il remarquer à Alcide Gauthier. Ça durera pas.
    Pendant
qu’il parlait au fonctionnaire, une femme menue, toute sèche et âgée d’une
cinquantaine d’années apparut derrière la vitrine maculée de chiures de mouches.
Sa maigre chevelure grise était emprisonnée dans un filet qui tenait son
chignon bien en place. Elle lissait sa stricte robe brune ornée d’un petit
collet de dentelle d’une main nerveuse en essayant d’identifier la personne à
qui s’adressait le maire.
    Wilfrid Giguère
fit comme s’il ne l’avait pas vue. Il n’avait pas l’intention de présenter
Alcide Gauthier à la « vieille fille » et ainsi lui fournir l’occasion
de faire courir toutes sortes de ragots dans la paroisse. Il se contenta d’attirer
le fonctionnaire à l’extrémité du balcon et de baisser la voix.
    – Comme
vous pouvez le voir, en face, c’est notre église. À gauche, c’est le presbytère
et à droite, c’est le couvent. Derrière l’église, c’est notre cimetière. C’est
sûr que notre église en briques rouges a pas l’air aussi riche que les églises
en pierre des paroisses autour, mais elle est bien entretenue. Il faut pas
oublier qu’elle a passé au feu en 90 et qu’elle a été rebâtie une couple d’années
après. Ça fait qu’elle a moins de trente ans. Le presbytère, lui, est pas mal
plus vieux.
    Pendant
que le maire parlait, Alcide Gauthier regardait chacun des deux édifices en
brique de la même couleur. L’église avait été dotée d’un large parvis en bois
et elle s’élevait à plusieurs centaines de pieds de la rivière. Elle était
séparée du presbytère par une étroite bande de terrain gazonnée. Ce dernier
était un grand bât iment carré d’un étage, pourvu d’un long
balcon blanc auquel on accédait par un escalier d’une dizaine de marches. À l’arrière, on devinait plus qu’on ne
voyait de petites dépendances.
    – Cette bât isse-là a pas l’air vieille non plus, fit
remarquer Gauthier en pointant le doigt vers le bât iment
blanc qui s’élevait à la droite de l’église.
    – Je
vous crois. Ça a été bât i en
1915 quand le curé Lussier a obtenu de l’évêque de Nicolet la permission de
faire venir dans la paroisse des sœurs de l’Assomption pour enseigner aux
filles. C’est notre couvent. Il y a cinq sœurs qui restent là-dedans. Il y en a
deux qui tiennent des classes de huitième et de neuvième pour les filles, et la
supérieure a accepté que deux autres de ses sœurs fassent la classe aux enfants
du rang Saint-Edmond.
    Un
bruit de pas en provenance de l’intérieur du magasin se fit entendre. Giguère
devina qu’Hélèna se dirigeait vers la porte de son établissement, officiellement
pour s’enquérir de la raison de leur présence sur son balcon. Il toucha le bras
de Gauthier et lui indiqua discrètement l’escalier.
    – Je
pense qu’on est aussi ben d’y aller, sinon on va être pognés ici pendant une
demi-heure avec la patronne. Il mouille presque plus.
    Au
moment où le maire finissait de parler, il entendit la clochette de la porte d’entrée
du petit magasin et Hélèna Pouliot fit son apparition sur le balcon.
    – Y a-t-il
quelque chose qui marche pas, Wilfrid ? demanda-t-elle, en proie à une
vive curiosité.
    – Non,
non, Hélèna, tout marche comme sur des roulettes. On voulait pas te déranger. On
voulait juste se mettre à l’abri de la pluie. Mais c’est fini. On y
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