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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe
Autoren: Jean-François Parot
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avait retrouvé le portemanteau dérobé par des malfaisants.

    Paris, au Grand Châtelet, courant mai 1782
    Nicolas réunit un conseil de guerre dans le bureau de permanence avec Bourdeau, le sergent Gremillon et Rabouine. Informé au préalable de l’étrange projet formé par Sartine, l’inspecteur bougonnait. Le commissaire en développa les raisons, ouvrit quelques voies et ne dissimula pas les périls de l’entreprise. Un long silence suivit cet exorde et chacun se referma dans ses pensées. Ne voyant poindre aucun commentaire, Nicolas reprit la parole :
    — J’entends que l’affaire puisse vous apparaître comme extraordinaire et que vous en demeuriez confondus. Diantre, ressaisissez-vous, il s’agit du service du roi.
    — Tu nous la bailles belle ! tonna Bourdeau. C’est une chose de faire dérober par un tire-gousset une bourse ou une montre pour la plus grande gloire de la police, c’en est une autre de s’introduire dans une demeure où séjourne l’héritier d’un trône, hôte de la couronne !
    Nicolas choisit un biais lui permettant de ne point affronter Bourdeau directement.
    — J’en conviens aisément, mais qu’y puis-je ? Nous obéissons à des instructions dont nous ne sommes pas maîtres !
    — Que, je suis persuadé, Sa Majesté ignore.
    — Et c’est heureux ! Où irions-nous si nous la compromettions avec les sourds agissements que la raison personnelle condamne mais que la raison d’État justifie.
    — Oh ! La belle raison, monsieur le loyoliste  !
    Il y eut un éclat de rire général qui détendit la tension de cet échange.
    — Ne perdons pas de temps. Quels sont nos avantages ? Sur quels éléments favorables pourrons-nous asseoir notre projet ?
    — Quel objet devons-nous viser ? demanda Gremillon.
    Nicolas sortit un papier sur lequel le baron de Corberon, dessinateur de talent, avait représenté la broche de Catherine II avec sa pierre et ses diamants.
    — Comment peut-on supposer qu’un tel joyau soit conservé sans précautions au vu et au su de tout le monde ? Allons, Nicolas, c’est une affaire mal engagée.
    — Pierre, il ne faut pas jeter la cognée. Poursuivons l’examen de la chose. La difficulté qui subsiste, c’est l’endroit où logera le comte du Nord. Jusqu’audernier moment il y aura hésitation sur sa destination. S’il demeure chez son ministre, nous avons le plan de l’hôtel, les empreintes des clés et au moins six complices dans le domestique 9 prêts à nous aider. Le reste sera affaire d’habileté. Donc il nous reste à trouver le magicien ad hoc . Nous ne pouvons évidemment charger de cette tâche l’un des nôtres qui, découvert, jetterait le soupçon sur les vrais responsables de cet emprunt.
    — Dieu, que le mot est élégant !
    — Il est exact puisque nous subtilisons pour rendre .
    —  Ad majorem Dei gloriam ! Je te sens au fond un peu emprunté. Tu montes à la tranchée avec une évidente mauvaise conscience.
    Il y avait de la vérité dans les propos maintenant goguenards de Bourdeau.
    — Allons, reprit-il, je rends les armes et je sonne la retraite. Où trouver le voleur de Bagdad susceptible d’être l’homme de la situation ?
    — Et qui ne nous filera pas entre les doigts, sa mission achevée. Il faut donc découvrir un instrument que nous tiendrons et qui aura intérêt à nous complaire.
    — Gremillon a raison, reprit Bourdeau, c’est un phénix qu’il nous faut trouver. Un maître de l’art du gobelet, capable de s’introduire discrètement dans un hôtel très surveillé, d’une intelligence déliée, propre à affronter tous les périls d’une pareille entreprise et, surtout, d’une honnêteté si scrupuleuse qu’il ne s’enfuira pas avec le butin !
    — Puis-je avancer une proposition ? murmura Rabouine. Nous avons arrêté, il y a peu, un voleur, jeune encore, qui s’était introduit chez le duc de Chartres, et qui avait réussi à s’emparer d’un tableaude maître et à s’échapper en plein jour du Palais-Royal.
    — Ajoutant, dit Bourdeau, le crime de vol à quasiment celui de lèse-majesté, s’étant attaqué à un prince de sang.
    — Comment s’appelle-t-il ?
    — Dangeville, dit la Fouine.
    — Il n’est pas si habile que cela, s’étant fait prendre.
    — Point, il a été trahi par un marchand de tableaux qui l’a dénoncé. Il avait eu le malheur de s’adresser, pour revendre son butin, à celui qui avait vendu le tableau au
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