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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe
Autoren: Jean-François Parot
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peu. Sur ce, je vous quitte et vais rendre compte à Sa Majesté. Elle a reçu écho de la rumeur autour de cette affaire ; elle sera satisfaite de son heureuse fin et je ne manquerai pas de lui rappeler la part décisive, et honorable, que vous y avez prise.
    Sartine et Nicolas demeurèrent seuls.
    — Allons, Nicolas, il faut vous y faire. La surface des choses… La surface des choses, vous dis-je !
    Il sortit de sa poche le passe à passementerie rouge et or de l’hôtel de Vauban dont la disparition avait tant intrigué et l’agita joyeusement sous le nez de Nicolas.
    — Vous voulez jouer à la paume, monseigneur ; y êtes-vous de force ? Je n’y suis point mauvais non plus !
    Et Nicolas brandit à son tour la transcription des propos de Radot concernant les instructions adressées aux deux sbires.
    — Et que penser, dans les ténèbres qui nous environnent, de cette petite traduction du français… au russe ? Et de quelle nature ce document, me direz-vous ? Croirez-vous qu’après s’être inquiété auprès de notre tailleur commun de la couleur de mon habit, on a lâché sur le marquis de Ranreuil de dangereux chiens courants ? Bien sûr pour se débarrasser d’eux, mais aussi pour se donner l’élégance et le mérite de sauver le dit marquis in extremis . Le risque était grand, ne pensez-vous pas ? Un conseil, évitez les bureaux, surtout ceux des Affaires étrangères, car on jase, monseigneur, on jase !
    Laissant sur place un Sartine stupéfait, Nicolas Le Floch sortit du bureau en fredonnant un air de Grétry, « C ertain coucou, certain hibou…  ».

ÉPILOGUE
    Quittons donc pour jamais une ville importune
    Où l’honneur a toujours guerre avecque la fortune.
    Boileau
    Le marquis de Ranreuil accompagna la caravane princière jusqu’à Choisy, où toute la famille royale était présente pour dire adieu aux hôtes de la France qui visiteraient Lorient et Brest avant de gagner les Flandres. Le prince Bariatinski ne marqua aucune prévention à l’égard de Nicolas et l’entretint familièrement. À l’instant du départ, le grand-duc fit signe au commissaire d’approcher et lui remit la croix de chevalier de l’ordre de Saint-André. Les raisons de cette faveur intriguèrent le récipiendaire qui, tout en se confondant en remerciements, allait décliner au prétexte que toute distinction étrangère impliquait l’autorisation du roi. Louis XVI, qui observait la scène, un sourire ironique aux lèvres, acquiesça sans un mot. Paul voulait-il, par cette attention accordée à quelqu’un qui avait bousculéses entours, écarter tout soupçon sur lui-même dans la disparition du comte de Rovski, dans laquelle son ressentiment s’était pour une fois conjugué avec les oukases de Saint-Pétersbourg ?
     
    Quelques jours plus tard, la Seine rejeta dans le filet de Saint-Cloud le corps affreusement mutilé de Nikita Paline. Il rejoignait dans la mort, et au même endroit, sa victime, Richard Harmand. L’ambassade de Russie se désintéressa de la dépouille qui fut inhumée à la fosse commune auprès de celles des deux sbires. La prétendue princesse de Kesseoren, expulsée du royaume, s’était embarquée à La Rochelle pour le nouveau monde. Quelque temps plus tard, Nicolas reçut une lettre des Amériques lui annonçant le mariage de la dame avec M. Galbraith, alias Smith.
     
    Fin juin, Nicolas, qu’un détail obsédait, fit visite à la Paulet. Il se souvenait que la pythonisse, grand jeu battu, l’avait mis en garde, sans aller plus avant dans sa prédiction… Elle s’esclaffa à sa demande.
    — Te v’là bien comme j’te connais, toujours martel en tête. Ça te servira à quoi d’le savoir ? Comme d’un clou à un soufflet ! Tu bats toujours la campagne allant de scribe en syllabe . Ah, non ! pas de leçon, hein ! Je cause comme je cause et j’me comprends, moi ! Bon, je vois que ça te pèse. La Paulet est bonne fille et je vas te le dire.
    Elle fouilla dans son fameux jeu de tarot et choisit une lame qu’elle lui tendit.
    — V’là, dit-elle, la responsable de tout.
    Il lut sur la carte le mot « L’IMPÉRATRICE ».
     
    Début juillet, Nicolas décida de s’éloigner un temps de Paris. Aimée d’Arranet, retenue par son serviceauprès de Madame Élisabeth, ne put l’accompagner. Il partit, Sémillante trottant aux portières d’une malle-poste qui emmenait Bourdeau, sa femme et leurs plus jeunes enfants dans leurs vignes du Chinonais,
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