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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe
Autoren: Jean-François Parot
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dans l’instant qui suivrait, dans l’obligation de ravaler.
    Le mot était fort et Bariatinski regimba.
    — Votre majordome n’a certes rien avoué. Il se réfugie dans le silence ; mais les faits sont accablants et les preuves péremptoires.
    — Cependant…
    — Non, monsieur l’ambassadeur. J’ajoute à mon grand regret que le gouvernement de Sa Majesté serait en droit de se sentir gravement préoccupé par la conviction qu’un membre de votre ambassade, au reste subalterne, soit porteur d’un ordre de mission qui ne laisse aucun doute sur la nature de ses activités. Voyez, les situations se retournent et la flèche de l’accusation revient sur celui qui la lance !
    Il tendit à Bariatinski l’ordre de mission de Catherine II. Celui-ci le lut, l’examina et le rendit, comme à regret, à Vergennes.
    — Je comprends, prince, que vous soyez sans voix. J’ajoute que ce document demeure entre nos mains.
    — Et Nikita Paline ?
    Vergennes sourit. Nicolas appréhenda aussitôt ce qui allait être dit.
    — Paline ? Mais, monsieur l’ambassadeur, nous n’en avons que faire et il me plaît de répondre à votre demande. Nous vous le rendons. C’est un sujet de Sa Majesté impériale, n’est-ce pas ? Nous sommes confiants dans la justice de l’empire russe. Mais nous gardons le document. Dans le cas où nous ne serions pas satisfaits de cette justice, il serait délibérément utilisé et publié dans lesmeilleures gazettes de l’Europe, avec les commentaires les plus détaillés.
    — Monseigneur, seules les convenances m’interdisent d’exprimer mon sentiment sur…
    — Sur cette réponse du berger à la bergère ? Croyez que je me mets à votre place ; je fus plusieurs fois ambassadeur de Sa Majesté. Hélas ! Ces hautes fonctions ne sont pas toujours des sinécures, je vous l’accorde. Serviteur, Excellence. Qu’on donne les ordres nécessaires pour remettre le coupable entre les mains de son ambassadeur.
    Nicolas se retira pour faire exécuter l’instruction de Vergennes pendant que l’ambassadeur prenait congé en cérémonie. Le majordome eut un sourire méprisant quand Nicolas le délia.
    — Justice m’est rendue, monsieur le marquis.
    — Les avis divergent sur ce point. Les vôtres vous récupèrent… Mais à votre place, je ne serais pas assuré d’avoir gagné au change.
    Le prince Bariatinski survint qui, après un bref salut à Nicolas, entraîna son serviteur vers le carrosse qui l’attendait devant le perron de l’hôtel de police.
    La fureur animait Nicolas de voir une fois de plus un coupable s’échapper pour des raisons d’État dont il se sentait la dupe. S’avisant que la porte du cabinet était demeurée entrouverte, Le Noir s’étant retiré, appelé par un de ses secrétaires, il s’approcha et entendit la conversation de Vergennes et Sartine.
    — L’enquête de Ranreuil a été magistrale, disait le ministre, mais il n’a vu que du feu quant au véritable objectif de notre plan.
    — C’est mon élève, répondit Sartine. Je l’estime, mais il a toujours conservé la candeur d’un honnête homme. Nous voilà en tous cas débarrassés dusecret russe à Paris. Le désordre que nous y avons jeté n’est pas près de s’apaiser.
    — Et le futur tsar ne pourra nous en vouloir.
    — Ah ! Messeigneurs, s’écria Nicolas en les faisant sursauter, notre homme est libéré. Nul doute qu’on récompensera comme il le mérite ce triple assassin que nous avons laissé échapper.
    — Comprenez, Ranreuil, dit Vergennes piqué, que nos relations…
    — Je sais, monseigneur, cela fait près d’un quart de siècle, en exagérant un peu, que j’en connais les raisons suffisantes. Une main cachée, mais puissante, le dérobe aux rigueurs de la justice. Sa témérité insolente triomphe des lois . Il faut cependant que vous sachiez que l’ordre signé de Catherine II n’a point été trouvé sur Nikita Paline, mais chez la princesse de Kesseoren. À ce sujet, je me dois de vous soumettre une requête au sujet de cette dame. Elle nous a grandement aidés. L’or découvert dans la cheminée de son refuge à Meudon pourra servir à dédommager les victimes de ses escroqueries. Bannissons-la du royaume ! J’ai la candeur d’espérer que vous comprendrez la simplicité de mes raisons, qui exclut toute dissimulation.
    — Mais nous ne doutons nullement de…, répondit Vergennes dont la gêne transpirait. Enfin, cette dame nous importe
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