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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe
Autoren: Jean-François Parot
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le favori disgracié. Smith voulait récupérer les fonds dilapidés. Grâce à l’entregent de La Jeunesse, valet en place du comte, il parvient à s’introduire, mais échoue dans sa mission. En fuite et arrêté, il finit sur le conseil de Franklin par tout nous révéler.
    — Il a pu tuer Rovski, dit Sartine.
    — Non, car peu après le comte reçoit la seconde visite de la soirée. Là aussi aidée par La Jeunesse, s’introduit, sous la figure d’une fille galante dans la chambre de la victime, la princesse de Kesseoren, escroc notoire connue tant à Saint-Pétersbourg qu’à Paris et soupçonnée par notre ambassadeur d’être un agent des services russes. Il semble qu’elle ait été chargée de récupérer une correspondance compromettante pour l’impératrice. L’état du comte, ivre mort, ne permet pas d’aboutir. A-t-elle pu assassiner le comte ? Certes. Mais intervient une troisième visite dont le valet de place est témoin. Deux hommes, dans l’un desquels, les recoupements établis, il faut reconnaître un esclave turc, barbier du prince Paul, et un inconnu que rien ne distingue. Ils pénètrent dans la chambre du comte. Qu’y font-ils ? Ils fouillent et se saisissent de pages d’un carnet. Le comte est-il déjà mort ? Nous y reviendrons. Ils repartent et sont interpellés par Richard Harmand, commis de l’hôtel de Vauban, qui a favorisé leur entrée par le passe qu’il détient. Pourquoi cette attitude ? L’enquête a montré que l’or répandu dans les mains de ce jeune homme, joueur ruiné, était de la fausse monnaie. Il demandeune explication, il est assommé, emporté et précipité à la Seine.
    — Permettez, Ranreuil, dit Vergennes, je suis avec attention le récit que vous nous faites. Je voudrais pourtant savoir qui, selon vous, a assassiné le comte de Rovski et les preuves que vous nous pouvez apporter.
    — Qui a tué Rovski ? Je l’ignore.
    Les trois têtes du tribunal s’agitèrent.
    — Je l’ignore, mais je sais qu’il ne peut s’agir que du barbier turc du grand-duc ou de Nikita Paline, majordome du prince Bariatinski. J’ajouterai que le prince Paul avait menti en affirmant ne pas connaître la présence du comte à Paris alors que celui-ci apparaissait sur les listes des visiteurs venus faire leur cour à l’Hôtel de Lévi. Je vous demande l’autorisation de faire comparaître Nikita Paline.
    — Comment ! s’écria Vergennes. Vous avez osé vous saisir d’un sujet russe, membre du personnel d’une ambassade ! Nous allons à l’incident.
    — Je pense que non, monseigneur. Et nous allons sur-le-champ vous convaincre que non seulement l’intéressé a participé au meurtre de Rovski, mais également à celui de Pavel, maître d’hôtel du prince, à l’Hôtel de Lévi.
    Étroitement lié, Nikita fut traîné devant la compagnie.
    — Qui êtes-vous ? demanda Sartine, qui reprenait, au grand dam de Le Noir, le ton et le rôle du lieutenant général de police.
    — Nikita Paline, sujet russe. J’appartiens à Son Excellence le prince Bariatinski et j’exige qu’on me libère et qu’on me remette entre ses mains.
    — Monsieur, il suffira que vous répondiez aux questions que le marquis de Ranreuil va vous poseret, si votre bonne foi a été surprise, votre innocence sera reconnue et vous serez libéré, ajouta Le Noir.
    — De quoi m’accuse-t-on ?
    — Premièrement, de l’assassinat du comte de Rovski.
    — Je ne le connais point.
    — J’indique, messeigneurs, qu’un code saisi chez le prévenu a pu être traversé et qu’il appert de son examen que Nikita Paline est un espion russe, tant vis-à-vis de nous que de son ambassadeur, et qu’il avait reçu l’ordre de «  maîtriser  » le dit comte de Rovski.
    — Que répondez-vous à cela ?
    — Que j’ignore ce dont il est question.
    Nicolas donna un ordre et les mains du prisonnier furent déliées. On l’approcha du bureau, un papier et une plume lui furent tendus.
    — Monsieur, dit Nicolas, veuillez écrire votre nom.
    Paline s’exécuta.
    — À quoi rime cette comédie ? demanda Sartine.
    — Nous allons le voir, monseigneur. Elle rime envers et contre tous !
    Nicolas s’empara de deux épais carnets posés sur une console et sortit de sa poche les pages arrachées à celui trouvé dans la chambre de Rovski.
    — Messeigneurs. Voici deux carnets vierges découverts chez la victime. Voilà les pages arrachées d’un autre de même origine
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