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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires
Autoren: Jean Markale
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vampire, à la recherche de proies vivantes. Là,
s’opère la rencontre entre la cruauté bien réelle de l’Empaleur, littéralement
envoûté par le sang, et le thème mythologique du vampire ; et cette
rencontre s’est faite dans un pays où, plus qu’ailleurs, le vampirisme est une
croyance populaire parfaitement intégrée au contexte religieux orthodoxe. Car, dans
les spéculations du christianisme orthodoxe, apparaît nettement l’opinion que
les corps des criminels, des suicidés et des excommuniés, lesquels ne sont pas
enterrés en terre chrétienne, ne sont pas soumis à la putréfaction qui
assurerait l’entrée de leur âme dans l’Autre Monde. Ils ne sont pas réellement
morts, et ils rôdent sans cesse autour des lieux dans lesquels ils ont vécu. Cette
croyance, répandue dans l’aire d’extension de l’orthodoxie, a joué un rôle
considérable dans la lente élaboration du mythe de Dracula, même si les sources
profondes de ce mythe se trouvent ailleurs, et
partout .
    L’ombre du vampire, sous des formes parfois terrifiantes, parfois
rassurantes, comme le Diable des légendes, se profile en effet dans les récits
les plus divers de tous les peuples. Elle rôde sur la Bible hébraïque, très discrètement
d’ailleurs mais se fait plus nette dans les commentaires rabbiniques, ainsi que
dans le Talmud et le Zohar . Elle surgit parfois brutalement dans la clarté
méditerranéenne, chez les Grecs comme chez les Latins, probablement issue d’une
démonologie assyro-babylonienne, et prenant parfois l’appellation de « démon
de midi ». Elle obscurcit certains personnages de la tradition indienne et
se fait plus précise, en tant que goule , dans
le légendaire musulman influencé par la mythologie iranienne. En Europe
occidentale, cette ombre est souvent confondue avec d’autres êtres nocturnes, avec
les loups-garous notamment, et elle se précise davantage, pendant le Moyen Âge,
en tant que succube ou incube, prenant dès lors une coloration nettement
démoniaque. Comme elle est impalpable et toujours plus ou moins liée à l’obscurité,
cette ombre du vampire échappe à toute investigation scientifique, telle une
chauve-souris qui quitte sa grotte dans un grand bruissement d’ailes pour
surgir inopinément dans la conscience humaine au moment où l’on s’y attend le
moins. D’où le danger permanent qu’elle représente, et bien entendu le mystère
qui l’entoure…
    Cette irruption provoque d’ailleurs d’étranges comportements,
d’étranges attitudes et d’étranges discours, non seulement dans les milieux
ruraux dont on dit qu’ils sont superstitieux, mais également dans ce qu’il est
convenu d’appeler l’élite intellectuelle. Ce phénomène est très net depuis le
XIX e  siècle et se prolonge bien
évidemment de nos jours. Remis à la mode par les Romantiques, surtout par ceux
qu’on classe comme « frénétiques », le vampire semble s’être
définitivement installé dans une tradition pseudo-populaire revue et corrigée
par des artistes et des intellectuels de tous bords. On peut entendre parfois, de-ci,
de-là, de surprenantes confidences concernant la présence de vampires parmi
nous : les vampires existent bel et bien ; nombreux sont ceux qui les
ont rencontrés. Et de remettre une fois de plus en scène le mystérieux comte de
Saint-Germain, personnage historique du XVIII e  siècle, probablement né en Transylvanie , qu’on suppose
être immortel et qui se manifeste de temps à autre sous de multiples aspects…
    Ces spéculations intellectuelles et ces rumeurs persistantes
au sujet de vampires contemporains, bien réels encore que clandestins, semblent
colportées au sein des milieux occultistes, en particulier dans les « associations
philosophiques », autrement dit certaines sectes dont il n’est pas facile
de déterminer les tendances exactes. À moins que l’on fasse dire aux membres de
ces associations ce qu’ils n’ont jamais dit eux-mêmes… Cela ne fait qu’ajouter
à la confusion et à ce sentiment de mystère qui entoure le mythe du vampire :
qui dit occulte , dit « caché » ;
qui dit hermétique , dit « secret ». Et
le domaine ainsi concerné est tout autre chose que l’ ésotérisme ,
lequel n’est que la patiente et studieuse recherche des données fondamentales d’une
Tradition qui passe pour avoir été perdue ou oubliée par la civilisation
industrielle. Les sciences dites « occultes » sont
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