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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires
Autoren: Jean Markale
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humains, de leur infliger de légères et inoffensives morsures par
lesquelles elles absorbent un peu de sang frais. Ce sont des animaux certes
indésirables, mais ils n’ont rien de bien dangereux, et ils ne sont, de toute
façon, nullement connotés avec Satan ou les puissances du mal. Cependant, il
suffit d’examiner une chauve-souris pour en saisir ce qu’elle peut avoir d’inquiétant
et d’insolite : un mammifère vivipare, muni d’ailes biscornues au
développement fantastique, et qui ne se manifeste que dans l’univers nocturne, voilà
de quoi nourrir l’imaginaire ! Ce n’est pas tout à fait un oiseau, mais ce
n’est pas non plus tout à fait un mammifère terrestre ; et son vol circulaire,
avec ses frôlements d’ailes, réveille aisément toutes les terreurs ancestrales
enfouies dans les zones les plus obscures de la mémoire individuelle ou
collective. Mais il faut préciser que ces chauves-souris ne sont pas à l’origine
du nom et de la réputation des vampires. C’est le contraire qui s’est produit :
les chauves-souris hématophages d’Amérique latine ont été nommées « vampires » par analogie avec les vampires traditionnels des
Carpates . Par conséquent, il faut reconnaître que le mythe du vampire
existait bien avant la découverte de l’Amérique et de ces chauves-souris si
particulières. Et si les films d’horreur sont abondamment parcourus par des
vols de chauves-souris, c’est parce qu’on a cru bon d’accentuer les effets
insolites et terrifiants, tout en donnant à l’homme-vampire un animal fétiche (en
lequel il peut se transformer), à l’image de l’animal sacré ou totémique qui
accompagne souvent une divinité ou un héros mythologique, tel le corbeau d’Apollon
ou le chacal d’Anubis [5] . Le reste n’est que
littérature à sensation…
    Le mot vampire , ou ses
équivalents dans les langues modernes, est lui-même revêtu d’une chape de
mystère. Apparemment, c’est un mot d’origine slave, probablement serbe ( vampir ). « Cependant, le Dictionnaire de Trévoux écrivait au XVII e  siècle son oupyre ce qui correspondait mieux
à l’origine russe du vampire, oupyr . Ce
dernier mot, par l’intermédiaire d’un ancien slavon, renvoie à une racine qui a
donné péro , la plume, cousin philologique du
grec pteron , l’aile [6] . »
Ce qui ressort de cette possible étymologie, c’est un rapport étroit entre le
vampire du genre de Dracula et le vol d’un oiseau nocturne, ce qui rend évidemment
plus crédible l’apparentement du mort-vivant avec la chauve-souris. Il y a là
un fait non négligeable et qui, nous le verrons, peut être considéré comme la
base de toute tentative d’explication sur l’origine du mythe du vampire en des
périodes très reculées de l’histoire du monde – et de la mythologie universelle.
Cela dit, il existe, dans la tradition roumaine, des sortes d’oiseaux-démons
qui, dès la tombée de la nuit, partent en chasse et se nourrissent de sang, voire
de chair humaine : ce sont les strigoï , dans
lesquels il n’est pas difficile de reconnaître les fameuses « striges »
romaines, désignant à la fois des fantômes nocturnes sanguinaires et des
sorcières, dont le nom provient, selon toute vraisemblance, d’une racine
indo-européenne devenue en grec star ou strô , « étendre, déployer », référence
explicite aux ailes de l’oiseau. Mais dans certaines régions des Balkans, ces
monstres sont appelés vukodlak , ou le plus
souvent brukolake , ce dernier terme étant
incontestablement construit sur la racine du grec brukô ,
qui signifie « mordre ». De toute évidence, il s’agit d’êtres qui volent et qui mordent.
    De toute façon, le mot vampire n’apparaît pas avant le XVII e  siècle et
se généralise au XVIII e  siècle, désignant
sans conteste « l’âme ou le corps réanimé d’une personne morte censée
venir de la tombe et errer la nuit, suçant le sang des personnes endormies et
causant leur mort [7]  ». C’est dans ce
sens que Voltaire l’emploie, dénonçant du même coup les superstitions qui s’y
attachent, mais élargissant le sens au figuré à propos de toute personne
profitant et abusant d’une autre personne [8] . Mais, fait très
remarquable, la diffusion du mot et du mythe du
vampire correspond très exactement à la fin des procès de sorcellerie qui ont
caractérisé la grande « Chasse aux Sorcières  ». Est-ce une
coïncidence ? Sûrement
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