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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires
Autoren: Jean Markale
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TERRE DES OMBRES
    L’image est toute-puissante, et c’est une réalité depuis les
époques les plus reculées de l’Histoire. Depuis les peintures des grottes du
Paléolithique, l’être humain, animal pensant, à ce qu’on dit, n’a pas cessé de cristalliser les résultats de ses spéculations
intellectuelles sur des formes concrètes, c’est-à-dire sur des « images ».
Elles vont des bisons magdaléniens aux étranges « logos » de la
civilisation industrielle. Elles sont tour à tour concrètes ou abstraites, mais
toujours parlantes dans la mesure où elles évitent un long discours dans une
langue qui pourrait être oubliée ou déformée. Ces images sont, quelles qu’en
soient les interprétations, des constantes qui s’imposent à l’esprit et qui
deviennent de ce fait de véritables structures mentales. Ainsi pourra-t-on
affirmer que la notion de « vampire », pour la quasi-totalité de nos
contemporains, s’est incarnée sous l’aspect de certains personnages qui, dans
diverses productions cinématographiques, ont tenu le rôle d’un mort-vivant
surgissant de sa tombe pendant la nuit pour s’abreuver du sang de victimes
vivantes et innocentes. Ainsi survit le comte Dracula, le plus célèbre des
vampires : il a la silhouette et le visage de Béla Lugosi, et surtout de
Christopher Lee, sans oublier les traits cadavériques de Max Schreck, l’inoubliable
interprète du comte Orlock, autrement dit Dracula, dans le célèbre Nosferatu le Vampire , de Friedrich Wilhelm Murnau, en
1922, le classique du genre, et en tout cas l’œuvre cinématographique de référence.
    Cette image, qu’on le veuille ou non, a fini par s’identifier
complètement au vampire – ou à l’idée qu’on s’en fait –, éliminant du même coup
la représentation de la chauve-souris qui était, à l’origine, l’incarnation
visible mais monstrueuse du vampire, et qui n’est plus qu’un accessoire, un
complément d’ambiance, même si l’on prétend que le mort-vivant a le pouvoir d’apparaître,
quand il le veut, sous cette forme de mammifère volant, être ambigu et
nécessairement inquiétant, et de toute façon lié aux mystères et aux fantasmes
de la nuit. Le comte Dracula, quel que soit son nom d’emprunt, est un aristocrate
maudit, à la fois mort et non mort, bénéficiant du soutien des puissances
infernales, qui sévit sur le monde à partir de sa tombe située dans les
Carpates, et qui ne doit son étrange survie qu’au sang dont il se gorge après
avoir fait, de ses canines acérées, deux blessures au cou de ses victimes, généralement
de fort belles jeunes filles innocentes, lesquelles dépériront bientôt, mourront
de faiblesse, et, après leur « mort », deviendront à leur tour des
vampires assoiffés de sang humain. Tel est le schéma de toute histoire de
vampire, surtout depuis que l’écrivain irlandais Bram Stoker, en 1897, a publié
son célèbre et génial Dracula .
    Car si le Dracula de Bram
Stoker n’est absolument pas l’origine du mythe du vampire, il en est
incontestablement l’expression la plus étonnante, la plus populaire, et aussi
la plus « occidentale », la mieux intégrée aux schémas traditionnels
de l’imaginaire européen. Certes, le succès immédiat de l’ouvrage s’explique en
partie par la date de publication : en cette fin du XIX e  siècle, l’Angleterre était secouée par les
sanguinaires exploits de celui que l’on ne connaissait que sous l’appellation
de « Jack l’Éventreur ». De plus, le récit de Stoker poursuit la lignée,
typiquement britannique, des fameux « romans noirs », ou « romans
gothiques », qui ont marqué la littérature anglaise depuis le préromantisme. Dracula s’inscrit dans une longue liste d’ouvrages
de fiction terrifiante et plus ou moins surnaturelle, dont les plus marquants
sont le Château des Pyrénées , d’Ann Radcliffe, le Moine , de Matthew Gregory Lewis, Melmoth ou l’Homme errant , de l’Irlandais Charles
Maturin, Frankenstein , de Mary Shelley, Dr.   Jekyll and Mr. Hyde ,
de Robert Louis Stevenson, la plupart des contes de l’Américain Edgar Poe, et, plus
proches dans le temps, Carmilla , de Sheridan
Le Fanu, également un Irlandais, et le Portrait de
Dorian Gray , d’Oscar Wilde, dont les origines irlandaises sont bien connues.
Bien sûr, en dehors de Carmilla , la référence
au thème du vampire n’est pas explicite, mais le cadre de toutes ces fictions
reste très
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