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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires
Autoren: Jean Markale
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des éléments empruntés à la tradition populaire occidentale. Et, dans
le roman lui-même, il indique clairement ce qu’il doit à Vambery. Il fait en
effet dire à Abraham van Helsing, le véritable héros de l’histoire, l’anti-vampire
par excellence, sorte de saint Michel luttant perpétuellement contre le dragon,
des phrases significatives : « J’ai demandé à mon ami Arminius, de l’université
de Budapest, de me communiquer l’histoire de sa vie (celle du comte Dracula), et
il m’a mis au courant de tout ce qu’il en connaissait. Ce doit être ce même
Voïvode Dracula qui fonda sa renommée en traversant le grand fleuve et en
allant battre le Turc à la frontière même de la Turquie. S’il en est ainsi, il
ne s’agit pas d’un homme ordinaire, car, à l’époque, et pendant les siècles qui
suivirent, on parla de lui comme du fils le plus habile et le plus audacieux
mais aussi le plus courageux du « pays par-delà la forêt ». Cette
intelligence supérieure et cette volonté inébranlable, il les garda jusque dans
la tombe, et il s’en sert maintenant contre nous. Les Dracula, dit Arminius, appartenaient
à une illustre et noble race, encore que certains d’entre eux, au cours des
générations successives, s’il faut en croire les contemporains, aient eu des
rapports avec le Malin. Ils se mirent à son école et apprirent ses secrets à
Scholomance, dans les montagnes qui dominent le lac d’Hermannstadt, où le
diable revendique un disciple sur dix comme sa propriété [3]  ».
Et, pour bien montrer que le thème est universel, il fait ajouter à van Helsing :
« Soyez certain que le vampire… s’est manifesté partout : dans l’ancienne
Grèce, dans l’ancienne Rome ; en Allemagne, en France, en Inde, même dans
les presqu’îles de Chersonèse ; en Chine, pays éloigné de nous à tant de
points de vue, il existe encore aujourd’hui et les gens le craignent. Il a
suivi les hordes venues d’Islande, les Huns, les Slaves, les Saxons, les
Magyars [4] . » Nous verrons que
cette affirmation est une vérité absolue : le
vampire appartient à toutes les traditions.
    Dès lors qu’un thème se révèle universel, quelles que soient
ses diverses formulations, on doit nécessairement admettre qu’il concerne l’humanité
entière. Ce n’est même plus un thème folklorique ou littéraire, c’est un mythe avec toutes ses résonances dans l’inconscient
collectif des peuples qui se répartissent à la surface de la planète. Le thème du
vampire Dracula n’est plus une simple anecdote empruntée à la tradition populaire
hungaro-roumaine, mais bel et bien une structure mentale de référence qu’on pourra
reconnaître à travers toutes les productions de l’imaginaire universel, à tous
les niveaux. Ainsi, le héros d’un conte de Bretagne armoricaine, qui se trouve
chez le Diable, est amené à demander à son hôte pourquoi la fille d’un géant
est toujours malade et se meurt de faiblesse. La réponse du Diable est précise :
« Parce qu’elle me donne, toutes les nuits, son doigt à sucer. » Le
vampirisme le plus classique est ici plus qu’évident. Mais il se retrouve de façon
plus subtile dans la légende bien connue de Tristan et Yseult : le roman
en prose du XIII e  siècle insiste en effet
sur le fait que Tristan s’affaiblit chaque fin de mois et ne pourrait survivre
s’il n’avait pas de rapports charnels avec Yseult. Il n’est pas question de
sang, mais d’énergie vitale, cette énergie étant transmise au cours de l’acte
sexuel. Au fait, l’amour n’est-il pas une forme de vampirisme ?
    C’est dire que le thème – ou plutôt le mythe – du vampire est infiniment riche de sens et
de significations diverses, et qu’il déclenche, à travers les images fortes de
la fiction, des interrogations majeures quant à la vie et à la mort, quant à la
survie non seulement de l’âme, mais du corps matériel périssable. Ce n’est pas
le problème de la survie de l’âme après la mort, ni celui de la résurrection, ni
celui d’une possible réincarnation, mais le problème de la survie de l’être
dans sa totalité, corps et âme, donc le problème de l’immortalité au sens
strict du mot. La question formulée est celle-ci : est-ce qu’un être
humain qui meurt peut, dans certaines conditions, avec l’aide de puissances
divines ou diaboliques, mais de toute façon puissances transcendantales, échapper
à l’anéantissement,
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