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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux
Autoren: Jean-François Parot
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depuis hier un certain Nicolas Le Floch. Vous ne le connaissez pas, par hasard?
    — C'est moi, monsieur, vous me voyez...
    — Point d'explications...
    — Mais..., bredouilla Nicolas, en tendant la lettre de Sartine.
    — Je sais mieux que vous ce que le lieutenant général de police vous a ordonné. Je n'ai que faire de cette lettre que vous pouvez garder en relique. Elle ne m'apprendra rien que je ne connaisse et ne peut que me confirmer que vous ne vous êtes pas plié aux instructions que vous aviez reçues.
    Lardin heurta la porte et la femme réapparut dans l'encadrement.
    — Monsieur, je n'ai bas voulu...
    — Je sais tout cela, Catherine.
    Il fit un geste péremptoire, autant pour interrompre sa servante que pour inviter Nicolas à entrer. Il se débarrassa de son manteau, découvrant un pourpoint de cuir épais sans manches, et, retirant sa perruque, dévoila un crâne entièrement rasé. Ils entrèrent dans une bibliothèque dont la beauté et le calme étonnèrent Nicolas. Un feu finissant de se consumer dans une cheminée de marbre sculptée, un bureau noir et or, des bergères tapissées de velours d'Utrecht, les boiseries blondes des murs, les gravures encadrées et les livres, richement reliés, alignés sur leurs rayons — tout concourait à créer une atmosphère que quelqu'un de plus roué que Nicolas eût qualifié de voluptueuse. Il ressentait confusément que ce cadre raffiné correspondait assez peu à l'apparence fruste de son hôte. Le grand salon, encore à moitié médiéval, du château de Ranreuil avait été, jusqu'à ce jour, sa seule référence dans ce domaine.
    Lardin resta debout.
    — Monsieur, vous débutez de bien étrange manière dans une carrière où l'exactitude est essentielle.M. de Sartine vous confie à moi et j'ignore ce qui me vaut cet honneur.
    Souriant avec ironie, Lardin fit craquer les jointures de ses doigts.
    — Mais j'obéis et vous devez obéir aussi, poursuivit-il. Catherine vous conduira au troisième. Je n'ai qu'une mauvaise mansarde à vous offrir. Vous prendrez vos repas à l'office ou dehors, à votre guise. Chaque matin, vous vous présenterez à moi dès sept heures. Vous devez, me dit-on, apprendre les lois. Pour cela, vous irez chaque jour deux heures chez M. Noblecourt, ancien magistrat, qui mesurera vos talents. J'attends de vous une assiduité parfaite et une obéissance sans murmure. Ce soir, pour fêter votre arrivée, nous dînerons en famille. Vous pouvez disposer.
    Nicolas s'inclina et sortit. Il suivit Catherine qui l'installa dans une petite chambre mansardée. Il fallait, pour y parvenir, traverser un grenier encombré. La pièce le surprit agréablement par son volume et par la présence d'une fenêtre donnant sur le jardin. Elle était simplement meublée d'une couchette, d'une table, d'une chaise, et d'une commode-toilette surmontée d'un miroir, avec sa cuvette et son broc. Le parquet était recouvert d'un tapis élimé. Il rangea ses quelques effets dans les tiroirs, retira ses souliers, s'allongea et s'endormit.

    Quand il se réveilla, la nuit était déjà tombée. Il rafraîchit son visage et se coiffa, avant de descendre. La porte de la bibliothèque où il avait été reçu était à présent fermée, mais celles des autres pièces donnant sur le couloir étaient demeurées ouvertes ; il put ainsi satisfaire une prudente curiosité. Il vit d'abord un salon aux teintes pastel à côté duquel la bibliothèque lui parut soudain d'une grande austérité. Dans uneautre pièce, trois couverts étaient dressés. Au fond du couloir, une autre porte donnait sur la cuisine, à en juger par les odeurs qui s'en échappaient. Il s'approcha. La chaleur était intense dans la pièce et Catherine s'essuyait le front avec un torchon à intervalles réguliers. Quand Nicolas entra, elle ouvrait des huîtres et, à la surprise du jeune Breton, qui les grugeait vivantes, elle dégageait le contenu de leurs coquilles et le déposait dans une assiette de faïence.
    — Puis-je vous demander ce que vous préparez, madame?
    Surprise, elle se retourna.
    — Ne m'abelez pas matame, abelez-moi Catherine.
    — Bien, dit-il, je m'appelle Nicolas.
    Elle le regarda, son visage ingrat illuminé par une joie qui l'embellissait. Elle lui montra deux chapons désossés.
    — Je fais un potache de chapons aux huîtres.
    Nicolas avait aimé, enfant, regarder Fine cuisiner les plats fins, péché mignon du chanoine. Il avait même appris, peu à peu, à réussir
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