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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
Autoren: Boris Thiolay
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raison d’être des « Fontaines de vie ». Pourtant, là encore, le destin des gosses rapatriés en France après la guerre était à peine évoqué. L’auteur avait préféré se lancer sur la piste des responsables SS, toujours en vie à l’époque. Le second, Naître ennemi : les enfants de couples franco-allemands nés pendant la Seconde Guerre mondiale , de Fabrice Virgili 3 , ne s’attarde pas sur le cas très particulier des enfants censés constituer la « race supérieure nordique ».
    Les enfants du Lebensborn sont des orphelins de l’histoire. En 1945, dans les décombres de l’Europe où plus de 40 millions de personnes ont été anéanties, ils sont quantité négligeable. La nature criminelle de ce qu’ils ont subi n’est même pas établie aux yeux des Alliés. D’ailleurs, quatre des responsables SS de l’organisation – jugés en 1948 en compagnie d’autres cadres nazis chargés des questions raciales, lors de l’un des douze grands procès de Nuremberg –, sont libérés à l’issue des audiences. Ils ont convaincu le tribunal que les maternités étaient une « œuvre de charité ». Seule leur appartenance à la SS sera finalement sanctionnée. Max Sollmann, l’administrateur en chef, Gregor Ebner, le médecin chef, et Günther Tesch, le directeur du département juridique – tous trois étant détenus depuis 1945 – sont relâchés : leur peine était purgée. Inge Viermetz, l’assistante de Sollman, elle, sera tout simplement acquittée.
    Le Lebensborn est pourtant bien au cœur du fanatisme prêché par les idéologues nazis. Pour eux, la supériorité de la « race aryenne » est un dogme, et la nécessité de protéger la pureté de son sang, une mission sacrée. Depuis la seconde moitié du XIX e  siècle, des théories pseudo-scientifiques, appliquant à l’homme les travaux de Darwin sur la sélection naturelle, ont forgé l’idée d’une hiérarchie entre les races. Ces thèses constituent notamment le terreau de l’antisémitisme dit « moderne » : les « Aryens », nobles, idéalistes et viscéralement attachés à la terre, sont menacés par les « Sémites », nuisibles, parasites et apatrides. À la même époque, des médecins hygiénistes affirment que pour combattre les risques de dégénérescence, la société doit se protéger de ses éléments faibles, ou « nocifs » : handicapés, malades mentaux, alcooliques, criminels, etc.
    Les théoriciens du National-socialisme vont enjoliver cette mixture raciste et eugéniste de mythologie germanique et scandinave. Exaltant les vertus héroïques du vieux peuple germain, qui accomplit ainsi sa destinée grandiose et tragique sans jamais faiblir… Un peuple de surhommes, à l’image de Siegfried, le personnage central de la saga médiévale des Nibelungen  : « Ceux de la brume ». Ces guerriers grands et blonds, aux pouvoirs surnaturels, vont désormais être enrôlés dans un nouveau combat. Adolf Hitler l’annonce sans détour dans Mein Kampf (1925) : « La race aryenne nordique est la détentrice de toute culture, la vraie représentation de toute l’humanité et c’est par application divine que le peuple allemand doit maintenir la pureté de sa race. La race germanique est supérieure à toutes les autres et la lutte contre l’étranger, contre le juif, contre le slave, contre les races inférieures, est sainte. »
    Un homme devient le grand ordonnateur du projet. Cet homme de taille moyenne, brun, au menton fuyant, arborant une fine moustache et de petites lunettes cerclées, c’est Heinrich Himmler. Après Adolf Hitler, le Reischführer de la SS est le personnage le plus puissant du régime. Au fil des années, entre 1933 et 1945, il se trouve être tout à la fois à la tête des services de police et de sécurité, de l’organisation des camps de concentration et d’extermination, d’unités militaires ( Waffen-SS ) rassemblant plus d’un million de soldats, d’instituts de « recherche » sur les questions raciales… Il dirige un État dans l’État. Himmler, féru de mystique et d’occultisme, nourrit une obsession maladive : redonner à la « race » allemande sa supposée pureté originelle. La SS, l’Ordre noir dont le sigle imite les runes du vieil alphabet nordique, sera le creuset de son œuvre. Elle doit « devenir une troupe qui rassemble le meilleur matériau humain que l’on peut encore trouver en Allemagne, la SS doit préserver la
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