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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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quand
Nissac en avait suivi une autre où, de père en fils, on servait dans la marine
royale.
    Ainsi pris en ses rêves et en la joie de
constater qu’il n’était point seul à vouloir perpétuer des choses existant
avant lui, Nissac se laissa surprendre lorsque La Tomlaye lui dit :
    — Monsieur de Nissac, mon château est à
quelques heures de cheval de Toulon. Nous pourrions y atteindre avant que le
soleil ne soit couché. J’aimerais vous présenter ma sœur Élisabeth et tout ce
que j’ai cru perdu au temps maudit de la galère. De grâce, monsieur, cédez.
    — Eh bien… En vérité, je n’ai rien là contre
à vous opposer si ce n’est que votre sœur ne nous attend point et qu’il est
bien malséant d’arriver ainsi tout de go sans qu’elle en soit prévenue.
    La Tomlaye avança et prit les mains de Nissac
dans les siennes. Le regard du jeune homme brillait d’un tel feu que Nissac
avait déjà capitulé lorsque l’ancien captif ajouta :
    — Élisabeth ne parle déjà que de vous qui
m’avez sauvé !… Nos parents sont morts voici dix ans, et bien qu’elle fût
plus jeune que moi d’un an, elle fut souvent comme une mère en le souci que j’ai
pu lui donner. Pour elle, pour moi que vous avez ramené d’entre les ombres, cédez,
je vous en prie.
    — Il en sera donc ainsi que vous le
souhaitez tous deux ! répondit Nissac, assez curieux de ce que serait
cette soirée.
    Ils avaient poussé
les chevaux et arrivèrent lorsque le soleil déclinait. Par la suite, Nissac
tenta de se rappeler ce voyage, ses impressions devant ce château délabré mais
ses souvenirs s’en étaient allés vers les espaces célestes des choses disparues
lorsqu’un événement de grande importance efface tous les autres en un temps des
plus courts.
    Elle lui apparut comme ils descendaient de
cheval et tous deux se regardèrent avec curiosité.
    De quelques paroles que Nissac distingua mal
en raison de son trouble, Louis de La Tomlaye présenta sa sœur Élisabeth au
vice-amiral des mers du Levant. Brune, grande de taille mais fine, réservée, la
jeune femme ne put arracher son regard des yeux gris de Nissac qui, lui aussi, fut
impressionné.
    Louis, auquel pareil attrait de part et d’autre
n’avait point échappé, s’en réjouit aussitôt. Que la femme qu’il aimait le plus
au monde, sa sœur, et l’homme qu’il admirait au-dessus de tout autre, Nissac, se
regardent d’une manière qui pouvait laisser songeur semblait au jeune homme
chose réconfortante.
    Prenant chacun par la main, il les entraîna
vers l’intérieur en se disant que ces terribles années de galère trouvaient
peut-être en cette rencontre justification pleine et entière et, fût-ce le cas,
il ne regrettait point ces souffrances.
    Il remarqua comme sa sœur et Nissac évitaient
de se regarder. Puis la conscience lui vint que la main d’Élisabeth, dans la
sienne, le serrait avec une force qu’il ne lui connaissait point quand celle de
Nissac, ce valeureux officier, tremblait légèrement.

5
    Élisabeth n’ayant point été prévenue de l’arrivée
de son frère en compagnie du vice-amiral des mers du Levant s’empressa d’aider
à la cuisine suscitant, bien qu’il se gardât de le montrer, contrariété chez
Nissac qui désirait contempler le visage de son hôtesse afin de lire en sa
propre âme les causes du trouble qu’elle y apportait.
    Élisabeth n’avait point la tête à ce qu’elle
faisait, tout occupée à s’interroger sur le comte de Nissac, ce magicien surgi
dans les lueurs pourpres du soleil couchant. Jeanne, la vieille cuisinière, n’en
fut point dupe et s’en réjouit. Étant présente lors de la venue au monde de
Louis et d’Élisabeth que les malheurs n’avaient point épargnés, elle s’interrogeait
souvent, non sans angoisse, sur l’avenir de sa jeune maîtresse. Au reste, d’avenir,
elle n’en voyait point. Élisabeth de Sèze, bien qu’elle fût âgée de vingt-cinq
ans, ne s’intéressait guère aux gentilshommes qui se pressaient depuis
plusieurs années avec l’ambition avouée de la prendre pour femme. Ayant vu
grandir Élisabeth, la vieille femme savait comme celle-ci se trouvait incapable
de se donner à un homme qui ne la fît pas rêver. Il n’était que de se souvenir
de la petite fille puis de la jeune fille réfléchissant des heures entières en
suivant d’un regard distrait le vol des papillons ou se plongeant en les livres
narrant les amours des temps jadis. Elle
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