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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1
Autoren: William Shirer
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sin gulier qui s’attache à la personnalité dans la vie
politique », a dit Friedrich Meinecke, l’éminent
historien allemand (10).
    Pour un petit nombre de ses compatriotes et pour la plupart des
pays étrangers, il fut évident qu’un charlatan s’était emparé du pouvoir à
Berlin. Mais la plupart des Allemands lui attribuèrent, dès ce jour ou un peu
plus tard, cette sorte d’aura qui désigne le chef élu de Dieu. Et, tout au long
de douze années tempétueuses, ils allaient le suivre en aveugles, convaincus qu’il
participait peu ou prou au jugement divin.

UN HOMME D’EXTRACTION MODESTE
    Lorsqu’on considère les origines d’Adolf Hitler et ses débuts !
Dans la vie, on imagine difficilement qu’à Bismarck, aux empereurs des
Hohenzollern et au président-maréchal Hindenburg, ait pu succéder un individu
aussi différent d’eux que cet Autrichien de souche paysanne, promis selon toute
apparence à un destin obscur.
    Adolf Hitler naquit le 20 avril 1889, à six heures et demie
du soir, à l’hôtel zum Pommer , modeste auberge de Braunau am Inn, près
de la frontière bavaroise. Cette proximité de la frontière austro-allemande
allait se révéler significative. En effet, de bonne heure, Hitler fut de plus
en plus obsédé par l’idée que l’existence d’une séparation quelconque entre
deux peuples de même langue ne se justifiait en rien et que ces deux-la
devaient ne constituer qu’un seul empire. Ses sentiments à cet égard étaient si
forts et si profondément ancrés qu’à l’âge de trente-cinq ans, alors qu’il
dictait dans une prison d’Allemagne le texte de l’ouvrage qui allait devenir le
manuel du Troisième Reich, il en consacrait les premières lignes à ce sens
symbolique de son lieu de naissance. Mein Kampf commence par ces mots :
    Il me semble aujourd’hui providentiel que le destin m’ait
fait naître à Braunau-sur-l’Inn, car cette petite ville est située sur la
frontière séparant deux États allemands à la réunion desquels nous autres, de
la jeune génération tout au moins, avons décidé de sacrifier, par tous les
moyens à notre disposition, les efforts de notre vie entière… Cette petite
ville de la frontière m’apparaît comme le symbole d’une grande mission (11).
    Adolf Hitler était le troisième fils du troisième mariage d’un
petit fonctionnaire des douanes autrichiennes, né lui-même enfant naturel et
qui, durant ses trente-neuf premières années, porta le nom de sa mère, Schicklgruber.
Le nom d’Hitler se rencontre dans ses deux lignées d’ascendants ; sa
grand-mère maternelle et son grand-père paternel le reçurent tous les deux, sous
forme de variantes, d’ailleurs, car le patronyme familial s’énonçait tantôt
Hiedler, Huetler, Huettler ou Hitler. La mère et le père d’Adolf Hitler étaient
cousins issus de germains, et une dispense épiscopale fut nécessaire pour la
célébration de leur mariage.
    Dans les deux lignées, les ancêtres du futur Führer allemand
vécurent pendant plusieurs générations dans le Waldviertel, district de la
Basse-Autriche situé entre le Danube et les limites de la Bohême et de la
Moravie. Lorsque j’habitais Vienne, je l’ai traversé plusieurs fois en allant à
Prague ou en Allemagne. C’est une région de collines, de bois, de villages
agricoles, de petites fermes, et, quoiqu’elle ne soit guère qu’à 80 kilomètres
environ de la capitale, l’aspect en est assez pauvre et désuet, comme si les
courants des mœurs et de la vie autrichiennes l’avaient laissée à l’écart. Ainsi
que leurs voisins tchèques du nord, les habitants montrent une humeur plutôt
sévère et rude. Les mariages consanguins y sont fréquents – ce fut le cas des
parents d’Hitler –, les naissances illégitimes également.
    Du côté maternel existait une certaine stabilité. Durant quatre
générations, la famille de Klara Pœlzl se maintint sur le bien rural n° 37,
du village de Spital (12). Il en fut tout autrement pour les ascendants
paternels d’Hitler. Nous avons vu que l’orthographe de leur nom changeait ;
de même pour leur lieu de résidence. On trouve chez eux un esprit inquiet, une
bougeotte, un besoin de quitter un village pour un autre, d’éviter les liens
humains trop étroits et de suivre un certain style de vie bohème dans les
relations avec les femmes.
    Johann Georg Hiedler, grand-père d’Adolf, était un meunier
ambulant, exerçant son métier de place en
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