Le Tombeau De Jésus

à son égard. Si l’on s’en tient au texte, et quoi qu’en dise le Da Vinci Code, il s’agit d’un personnage masculin. Mais que savons-nous d’autre à son propos ?
    Lors de la Cène, dans le texte johannique, le disciple bien-aimé est décrit « penché sur la poitrine de Jésus ». Qui d’autre qu’un enfant pourrait s’installer ainsi pour se faire câliner ? Cette interprétation n’est pas nouvelle. Le célèbre peintre allemand Albrecht Dürer, dans sa magistrale gravure sur bois représentant la Cène, a placé un jeune garçon sur les genoux de Jésus.
    Mais cette scène n’est pas le seul épisode énigmatique impliquant un jeune garçon dans les Évangiles. Marc (14, 51) nous dit que, lorsque les soldats du grand prêtre vinrent arrêter Jésus, « un jeune homme le suivait, n’ayant sur le corps qu’un drap ». Ils essayèrent de se saisir de lui, « mais il lâcha son vêtement, et se sauva tout nu ». Pourquoi Marc nous livre-t-il ce curieux détail ? Manifestement, il s’agit d’un personnage important. Alors, pourquoi dissimuler son nom ?
    Le mystérieux disciple bien-aimé réapparaît au pied de la croix. Il semble qu’il soit le seul personnage masculin, en raison de son jeune âge, qui accompagne Marie Madeleine et Marie, mère de Jésus, à la crucifixion. Selon les Évangiles, les Romains avaient posé une couronne d’épines sur la tête de Jésus et, au-dessus, un écriteau portant les mots « Roi des Juifs ». À l’époque, chacun connaissait le sort qui attendait les successeurs légitimes d’un roi déchu. Autrement dit, si Jésus avait un fils, un héritier mâle prétendant au trône davidique, mieux valait cacher son existence.
    Jean rapporte que Jésus vit sa mère en compagnie du disciple bien-aimé au pied de la croix. Jésus s’adresse à elle : « Femme, voici ton fils ! » Puis, se tournant vers le disciple bien-aimé, il lui dit : « Voici ta mère ! » (Jean 19, 26-27). Confie-t-il son fils à sa grand-mère ?
    Il existe une autre hypothèse, d’ailleurs suggérée par certains spécialistes : Marie Madeleine aurait été souvent remplacée dans les Évangiles par Marie, mère de Jésus, afin de dissimuler son rôle dans la vie du Seigneur. On peut alors interpréter l’épisode précédent d’une autre manière : il s’agirait des derniers mots d’un homme à l’agonie, adressés à sa femme, et non à sa mère, lui demandant de surmonter son chagrin et de protéger leur fils d’un danger imminent.
    Quelle que soit notre interprétation des Évangiles, l’ossuaire découvert dans le tombeau de Talpiot nous révèle le nom du jeune garçon : « judas, fils de Jésus ». Judas est-il le disciple bien-aimé ? A-t-il suivi son père le soir de son arrestation ?
    Tous les éléments concordent – les Évangiles, les textes apocryphes, les analyses ADN et les découvertes archéologiques. Jésus avait un fils, qui repose aux côtés de son père, de sa mère, de son oncle et de sa grand-mère dans un tombeau de famille situé à mi-chemin entre leur demeure ancestrale de Bethléem et Jérusalem, où Jésus espérait établir son trône dynastique.
    L’ossuaire de Jacques est l’artefact qui m’a lancé dans cette aventure. Au début, l’inscription « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus » fut présentée comme une découverte archéologique exceptionnelle. Puis plusieurs experts israéliens déclarèrent que la mention « frère de Jésus » avait été rajoutée par un faussaire. Cette accusation n’a jamais été étayée. Au contraire, en 2006, le Dr Wolfgang Krumbein, professeur au département de géologie de l’université d’Oldenburg, a publié un article sur Internet, dans lequel il soutient la thèse de l’authenticité de l’intégralité de l’inscription.
    C’est là que l’intrigue se corse. Nous savons que dix ossuaires ont été répertoriés, mais que seulement neuf ont été entreposés. Le dixième a disparu entre Talpiot et le siège de l’AAI. Lors de sa découverte, les archéologues avaient remarqué son caractère dépouillé, tout à fait semblable à l’ossuaire de Jacques. Nous disposons en outre du rapport préliminaire d’Amos Kloner, qui précise ses dimensions exactes. Selon ce rapport, l’artefact IAA 80/509 – l’ossuaire manquant – mesure 30 centimètres de hauteur. Celui de Jacques mesure 30,2 centimètres de hauteur. L’ossuaire IAA 80/509 mesure 26