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Le Testament Des Templiers

Le Testament Des Templiers

Titel: Le Testament Des Templiers
Autoren: Glenn Cooper
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seulement grâce à la prostate hypertrophiée de frère Marcel que l’issue de cette nuit ne fut pas différente. Dans le dortoir des frères qui se trouvait de l’autre côté de la cour en face de la bibliothèque, le vieux moine se réveilla pour effectuer une de ses rituelles visites nocturnes aux toilettes et sentit la fumée. Malgré son arthrite, il courut dans les couloirs en criant « Au feu ! », et, peu de temps après, la SPV, la Société des pompiers volontaires, remontait l’allée gravillonnée menant à l’abbaye cistercienne de Ruac dans leur vénérable camion Renault.
    La brigade desservait plusieurs communes du Périgord noir le long de la Vézère. Le chef de la brigade, Bonnet, était de Ruac, et il connaissait bien l’abbaye. Il était propriétaire d’un café qu’il gérait pendant la journée ; plus âgé que le reste de son équipe, il avait l’air dominateur et le ventre prospère d’un petit entrepreneur, également officier de haut rang de la SPV. À l’entrée menant à la bibliothèque, il passa en coup de vent devant l’abbé Menaud qui, dans sa robe blanche et son scapulaire noir, ressemblait à un pingouin affolé, battant l’air de ses bras courts, et émettant des spasmes gutturaux en guise d’alarme :
    « Vite ! Vite ! La bibliothèque ! »
    Le chef contempla la pièce enfumée et ordonna à son équipe de brancher les tuyaux et de les tirer à l’intérieur.
    « Vous n’allez quand même pas utiliser vos tuyaux ! supplia l’abbé. Les livres ! Il faut les épargner !
    – Et comment voulez-vous que nous fassions pour combattre ce feu, mon père ? répondit le chef. En priant ? »
    Bonnet cria à son lieutenant, un mécanicien automobile à l’haleine avinée :
    « Le feu a gagné ce mur. Abattez les étagères !
    – Je vous en supplie ! implora l’abbé. Prenez soin de mes livres. »
    Puis, subitement horrifié, l’abbé réalisa que le précieux texte de saint Benoît était directement menacé par les flammes qui progressaient. Il passa précipitamment devant Bonnet et les autres, et l’attrapa sur l’étagère, le berçant tendrement dans ses bras comme si c’était un bébé.
    Le capitaine de brigade rugit de façon théâtrale en le voyant intervenir :
    « Je ne peux pas faire mon travail s’il se mêle de tout. Qu’on l’emmène. Ici, c’est moi qui commande ! »
    Un groupe de moines qui s’étaient rassemblés autour saisirent leur abbé par les bras et l’éloignèrent en silence, mais avec fermeté, dans l’atmosphère enfumée de la nuit. Bonnet prit une hache et l’enfonça à hauteur d’yeux dans une étagère, juste à l’endroit où la version dijonnaise de la Règle se trouvait quelques minutes plus tôt. Il tira en arrière de toutes ses forces. La hache passa à travers le dos d’un autre livre pour atteindre le bois et dispersa des morceaux de papier. L’énorme bibliothèque s’inclina en avant de quelques centimètres et déversa un petit nombre de manuscrits. Il répéta la manœuvre plusieurs fois et ses hommes se mirent à l’imiter à différents endroits le long du mur.
    Bonnet avait toujours eu du mal à lire et nourrissait une certaine rancune contre les livres : cette aventure lui procurait un plaisir sadique. Quatre pompiers s’accrochèrent ensemble aux étagères et tirèrent leurs haches simultanément. La grande bibliothèque s’inclina et, dans un torrent de livres semblable à une avalanche de pierres sur une route de montagne, atteignit son point de basculement.
    Les hommes coururent pour se mettre à l’abri et la bibliothèque s’effondra bruyamment sur le sol en pierre. Bonnet conduisit ses hommes derrière le meuble qui reposait sur des tas de volumes. Tandis qu’ils se frayaient un chemin vers le mur en feu, leurs lourdes bottes écrasaient les livres, et celles de Bonnet traversèrent même les étagères de noyer.
    « C’est bon, cria Bonnet, en respirant bruyamment sous le coup de l’effort. Ouvrez-moi ce mur et envoyez-y vite de l’eau ! »
     
    À l’aube, les pompiers arrosaient encore les quelques derniers points incandescents. L’abbé fut enfin autorisé à retourner à l’intérieur. Il entra en traînant les pieds comme un vieillard. Il avait à peine soixante ans, mais la nuit l’avait beaucoup éprouvé. Il paraissait tout voûté et frêle.
    Il se mit à pleurer en voyant le saccage. Les étagères étaient fendues, les livres trempés, avec
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