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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite
Autoren: Elena Arseneva
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l’entouraient !
    Il rabattit son capuchon sur les yeux, rajusta son ample cape dont les plis dissimulaient son épée, puis il s’éloigna à pas de loup. L’instant d’après, sa silhouette se fondit dans la foule qui commençait à remplir la place.
    1 - Voir Le Sceau de Vladimir, 10/18, n° 2890.

CHAPITRE II
    Sans soupçonner un instant qu’il venait d’être le point de mire de deux yeux malveillants, Philippos gagna la résidence princière, franchit le portail et s’immobilisa devant le palais. Sur sa droite s’étendaient le verger et l’immense parc aménagé selon les plans élaborés par Vladimir lui-même. Plus au fond, les allées et les massifs de fleurs laissaient place à un bosquet touffu et ombreux. Derrière cette partie sauvage du jardin se dressait le petit pavillon qu’habitaient Artem et son fils adoptif.
    Philippos était impatient de montrer son nouvel équipement au droujinnik, mais il ignorait où celui-ci pouvait se trouver. En ce moment, aucune affaire ténébreuse n’occupait l’esprit toujours en éveil du boyard et il s’ennuyait ferme. Pour s’arracher à l’oisiveté, ce vice haïssable entre tous, soulignait Artem, il avait pris l’habitude de rendre des visites inattendues au Tribunal, aux Archives, chez le receveur de plaintes, afin de surveiller le travail des employés placés sous ses ordres. Harceler les fonctionnaires paresseux ne soulageait guère la frustration d’Artem, mais cela prenait du temps, et Philippos n’avait aucune chance de voir le boyard avant l’heure du dîner. Il fit le tour du palais et passa devant les écuries pour se diriger vers les casernes. Il espérait épancher son cœur auprès des Varlets Mitko et Vassili, les deux fidèles collaborateurs d’Artem. Il s’approcha du bâtiment où logeaient les troupes d’élite, mais un garde l’informa que tous les Varlets se trouvaient sur un champ d’exercices.
    Déçu, le garçon fit demi-tour et tomba nez à nez avec son maître d’armes, Olaf, un vieux Varègue au crâne chauve et à la longue moustache effilochée. Cette apparence peu glorieuse cachait un guerrier redoutable. L’âge semblait n’avoir aucune prise sur son corps décharné tout en muscles et en nerfs. Olaf s’occupait d’initier les apprentis Varlets aux différentes formes de combat, y compris le pugilat et la lutte grecque. En apercevant Philippos, son œil aiguisé reconnut aussitôt un élève désœuvré. Il examina d’un air indulgent la cotte de mailles du garçon avant de l’entraîner pour lui faire travailler la technique du combat à l’épée.
    Philippos venait d’apprendre une nouvelle botte quand le cliquetis des armes et les voix joyeuses provenant du portail annoncèrent le retour de la droujina des Varlets. Il prit congé d’Olaf et se précipita vers l’avant-cour. Les Varlets en tenue de combat s’attroupaient devant le palais. Certains avaient déjà ôté leur heaume pointu et le tenaient sous le bras, tandis qu’ils discutaient entre eux ou échangeaient des plaisanteries avec les jolies servantes du palais accourues en toute hâte.
    Malgré la cohue, Philippos repéra sans peine le géant blond Mitko avec sa face ronde aux joues rebondies. Vassili n’était sûrement pas loin de son camarade. Se glissant entre les groupes de militaires, Philippos rejoignit ses deux amis. Mitko lui assena une joyeuse bourrade dans le dos, puis se mit à louer sa cotte de mailles d’une voix de stentor. Quant à Vassili, fidèle à lui-même, il lui adressa un de ses rares sourires à peine perceptibles. En fait, tout semblait opposer l’insouciant Mitko à la faconde intarissable et son ami Vassili, ce digne fils de la steppe au visage impénétrable. Né d’un prince kouman devenu l’allié des Russes, il avait hérité de son père son tempérament réservé, ainsi que ses yeux bridés, noirs et énigmatiques telles deux fentes ouvertes sur la nuit.
    Cependant, tandis que Mitko reprenait son souffle, Philippos donna une tape sur sa panse proéminente et lui lança :
    — Au fait, qu’est-ce que tu fais à piétiner ici au lieu de courir au réfectoire ? Tu n’es pas malade, au moins ?
    — Si, malade d’amour ! gémit Mitko, toujours prêt à faire le pitre. Je n’ai plus goût à rien, je vais à table comme on marche au supplice… Il faut que je choisisse entre ma fiancée officielle et la douce amie que j’adore en secret. Ah ! C’est bien le propre des femmes, de nous
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