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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite
Autoren: Elena Arseneva
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posséder bien d’autres qualités !
    Déconcerté, Philippos battit des cils. Il se sentait soudain tout bête devant cette ravissante oiselle dont le ramage était aussi extraordinaire que le plumage. Devinant son désarroi, Nadia eut un sourire narquois.
    — Naturellement, cela te dépasse, susurra-t-elle. Il ne suffit point d’appartenir au sexe fort pour pérorer sur la beauté et l’amour, mon jeune ami !
    — Je ne suis pas plus jeune que toi ! s’exclama Philippos en s’empourprant de colère. J’ai seize étés et j’ai participé aux expéditions militaires !
    — Et moi, j’en ai dix-sept, souligna Nadia. Tu seras occupé à pourchasser les poulettes de ta basse-cour que je serai déjà fiancée et mariée !
    Philippos éprouva un pincement au cœur. D’un ton qu’il espérait indifférent, il demanda :
    — Pourquoi, ton père a déjà reçu des marieurs ? A-t-il pris une décision ?
    L’ange aux yeux noirs baissa les cils et esquissa un sourire malicieux.
    — Mon père peut décider ce qu’il veut, c’est moi qui aurai le dernier mot. Pas question de m’imposer quelque vieillard cacochyme ou un gros plein de soupe ! Je peux me permettre de choisir, car j’ai une belle dot, et mon père a été anobli récemment. Évidemment, il faut qu’il ait un physique agréable… Mais surtout, il faut que ce soit un homme avisé, rompu à l’art de l’amour !
    — Et comment feras-tu pour le reconnaître ? Aura-t-il un signe sur le front… ou ailleurs ? ironisa Philippos.
    — C’est une question de flair, répliqua Nadia. Il me suffira de passer quelque temps en tête à tête avec lui…
    — Quoi ? l’interrompit Philippos, incrédule. Si tu acceptes ce genre de rencontres, tu peux dire adieu à ta réputation !
    — Écoutez-moi ce rabat-joie ! railla Nadia. Je ne risque rien tant que je fais attention : ni vu ni connu. D’ailleurs, en venant ici, je devais justement rejoindre quelqu’un.
    — Un rendez-vous secret ? s’écria Philippos, scandalisé et jaloux.
    Il voulut formuler une nouvelle mise en garde, mais il était dévoré de curiosité.
    — S’agit-il d’un de tes soupirants habituels ? demanda-t-il d’un air détaché.
    — Oui et non. Je l’ai rencontré il y a fort longtemps, mais nous n’avons eu que quelques conversations. Je le connais sans le connaître… Il m’attire autant qu’il m’intrigue !
    Nadia eut un sourire rêveur. Baissant la tête, elle se mit à jouer avec ses longues mèches noires et poursuivit :
    — Nous étions convenus de nous retrouver ici, au marché, pour aller faire un tour. J’étais là à l’heure prévue et je suis restée devant le portail jusqu’à ce qu’il se mette à pleuvoir. Mais il n’a pas montré le bout de son nez !
    — Il est sans doute arrivé quand l’orage a éclaté et il a dû chercher un abri, supposa Philippos.
    Il tendit l’oreille, puis désigna le pan de ferraille rouillée qui servait de toit à la cabane.
    — Écoute ça ! La pluie s’est presque arrêtée. Ton ami est sûrement en train de te chercher en ce moment même.
    — Trop tard ! jeta Nadia avec une mine boudeuse. J’ai été absente trop longtemps, il faut que je rentre.
    Néanmoins, elle entrouvrit la porte et scruta la place de l’autre côté du portail. Philippos la rejoignit sur le seuil et se risqua à l’enlacer par la taille. Elle resta un moment immobile avant de se libérer.
    — Il n’est pas là, mais qu’importe ! déclara-t-elle avec une feinte indifférence. Un de perdu, dix de retrouvés ! Je ferais mieux de l’oublier. Et si je change d’avis, le hasard peut toujours fournir l’occasion d’un autre rendez-vous. Je pourrais même l’aider un peu… si je le désire !
    Ne sachant que dire, Philippos prit sa main, mais Nadia la retira aussitôt. Elle rejeta en arrière son abondante chevelure noire, rajusta son châle et sortit de la cabane. Une brume légère flottait dans l’air, illuminée par les premiers rayons du soleil. Nadia tendit les mains pour cueillir quelques gouttelettes brillantes. Puis elle décocha à Philippos une œillade espiègle et agita la main en signe d’adieu.
    — Tu pars déjà ? s’exclama-t-il, cherchant quelque prétexte pour la retenir. On ne peut pas se quitter comme ça, ce n’est pas convenable !
    — Je me retire quand je veux, c’est le privilège des dames, répliqua Nadia avec hauteur.
    — Tu parles d’une dame, tu files
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