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Le Sang d’Aphrodite

Le Sang d’Aphrodite

Titel: Le Sang d’Aphrodite
Autoren: Elena Arseneva
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clairvoyants et les plus équitables que son pays ait jamais connus. Son règne sera la dernière période de prospérité de la Russie de Kiev, avant que les hordes tatares ne viennent balayer ses terres, les plongeant dans la nuit de la servitude et de la barbarie pour les trois siècles suivants.
     
    Quelques mots sur le thème de ce roman : élixirs et parfums. Pouchkine, dont l’œuvre incarne sans doute ce que la Russie a produit de plus beau, écrivait dans Rouslan et Ludmilla  : « Ici, c’est le souffle russe, ici, cela sent la Russie ! » Gageons que cette odeur n’a rien de commun avec les fragrances envoûtantes des civilisations du parfum telles que l’Arabie, l’Inde, l’Égypte ou la Grèce antique. Mais les gigantesques marchés de l’Antiquité et les peuples riverains de la Méditerranée orientale qui avaient tant contribué à les enrichir ont laissé un important héritage dans le domaine de l’utilisation des aromates. Après l’effondrement de Rome, dernière mégapole de l’Antiquité où l’usage des aromates faisait partie intégrante de la vie sociale, les médecins arabes ont transmis, via Alexandrie, Kairouan, Palerme et Grenade, une partie de ce savoir-faire et de ce savoir-vivre au Moyen Âge occidental… Quant à la Russie d’avant l’invasion des Mongols, elle a certainement pu profiter de ses liens avec Byzance pour acquérir quelques notions de l’art de la parfumerie avec d’autres marques et symboles de luxe et de richesse. Les aventures racontées ici sont imaginaires, mais j’aimerais ajouter quelques mots sur le monde passionnant, secret et sacré, des parfums et aromates de l’Antiquité. Leur histoire se confond avec celle des voyages et des grandes découvertes, avec la naissance et la chute des empires, les épopées évoquant ambitions et convoitises, guerres et conquêtes, mais aussi échanges culturels féconds.
    L’intérêt porté aux plantes aromatiques et aux senteurs fauves a pu changer de forme et d’objet au fil des siècles et d’un pays à l’autre, mais les grandes civilisations du parfum ont toujours attribué aux aromates quatre valeurs essentielles : religieuse, alimentaire, médicale et érotique. Depuis les premiers pharaons et jusqu’à Romulus Augustule, le dernier césar, c’est l’usage sacré qui prédomine chez chacun de ces peuples. Qu’il s’agisse de la fumée des encens et du parfum des âmes que respire Osiris, de l’arbre embaumé d’Éden, ou du nectar et de l’ambroisie dont se nourrissent les douze dieux de l’Olympe, c’est l’odeur divine par excellence que tous les Anciens placent au début de leur histoire. Les fragrances représentent d’abord offrandes et prières ; l’arôme des essences et le fumet des viandes sacrifiées sont réservés aux dieux, et ce n’est qu’ensuite qu’odeurs et saveurs commencent à se désacraliser grâce à un complexe cheminement social, à l’évolution de l’urbanisme et du commerce. Dans l’Égypte pharaonique, on embaumait les morts, on parfumait les lieux de pèlerinage et les salles de fêtes rituelles, mais la bonne odeur restait celle de la perfection, de la sainteté et des morts, non celle des vivants. À Jérusalem, autre grande capitale de la parfumerie antique, baumes, onguents et fumigations servaient autant au culte de Dieu qu’à des fins profanes : bains, toilette et cosmétique, aromathérapie, pharmacie, divination et, bien sûr, amour et galanterie. Le commerce et les échanges contribuèrent énormément à cette évolution ; que l’on pense, par exemple, aux « aromates incomparables » de l’« heureuse Arabie » offerts au roi Salomon par la reine de Saba ; sans parler du rôle joué par les frères sémites des Hébreux, les Mésopotamiens, dont les caravanes apportaient, depuis l’actuel Pakistan, essences précieuses et gommes odorantes. Il est vrai que tout commence, là aussi, par la fonction religieuse et les commandements de Moïse concernant les encensements et les onctions. Celui-ci reçoit des formules qui indiquent les noms et les proportions exactes des aromates, bien que les composants ne soient pas faciles à déterminer car certains termes ont plusieurs sens et traditions d’interprétation (mais il en va de même pour toutes les recettes découvertes dans les textes anciens) :
    « L’Éternel parla à Moïse et dit : “Prends des meilleurs aromates, cinq cents sicles de myrrhe fluide ; la moitié,
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