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Le roi d'août

Le roi d'août

Titel: Le roi d'août
Autoren: Michel Pagel
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mailles qui le couvraient.
    Tôt ou tard, les fantassins hurlants et grimaçants fussent parvenus à leurs fins si deux chevaliers français, surprenant l'incident, n'étaient accourus. Un nommé Pierre Tristan, au risque d'être lui-même mis à terre et pris à parti, sauta de son cheval et empoigna à bras-le-corps les assaillants de Philippe pour les écarter loin de lui. Dans le même temps, le porte-étendard Galon de Montigny jetait au milieu des piétons son cheval qui les dispersait de ses sabots. Montigny, jeune chevalier désargenté mais plein d'ardeur, agitait sa bannière en appelant : « Aux Barres ! Aux Barres ! », un cri qui fut vite repris de bouche en bouche pour parvenir enfin à son destinataire.
    Guillaume des Barres et les siens avaient rejoint l'empereur. Le Français, qui n'avait rien à envier au comte de Salisbury pour la stature, venait même d'assener sur le heaume d'Otton un coup qui l'avait fait chanceler. En entendant retentir son cri de guerre, cependant, il se retourna et comprit aux agitations frénétiques de la bannière royale que Philippe était en danger. Puisqu'il avait l'avantage, il rompit le combat puis galopa à la rescousse en faisant tournoyer sa gigantesque épée. Ses compagnons sur les talons, il creusa une large traînée sanglante dans l'infanterie ennemie qui, le connaissant de réputation, refluait devant lui, épouvantée : ne s'était-il pas naguère, en Sicile, attiré l'inimitié de Richard Plantagenêt en se révélant supérieur à lui durant un tournoi ?
    Tristan et Montigny n'ayant pas flanché, les arrivants eurent tôt fait de disperser la piétaille et de dégager le roi, lequel les remercia d'un mot, avant de remonter en selle et de reprendre le combat sans s'accorder un instant pour souffler. Echaudés par l'expérience, Guillaume de Garlande, Barthélémy de Roye et quelques autres firent vœu de ne plus le quitter.
    La précaution se révélerait inutile : démoralisée par l'échec du coup d'éclat qu'elle avait senti tout proche, l'infanterie impériale n'avait plus le cœur à se battre. En outre désorganisée, ce n'était plus une terrible masse compacte et hérissée mais un amas disparate d'individus mal protégés – une proie aisée pour la chevalerie adverse qui commença allègrement de la décimer.
    Le colossal Guillaume des Barres, cependant, avait de la suite dans les idées. Sitôt son maître hors de danger, il piqua des deux en direction de l'empereur. Ce dernier, à qui l'on ne pouvait pas retirer sa valeur, maniait une hache d'armes à l'aide de laquelle il fendait les heaumes et les hauberts les plus solides. Autour de lui, ses quatre gardes du corps et leurs chevaliers n'étaient pas moins actifs.
    Deux Français arrivaient à sa hauteur avec un peu d'avance sur Guillaume. Tandis que le premier lui arrachait les rênes de son cheval, le second – le Lillois Girard la Truie – lui enfonçait son épée dans la poitrine. Ou plus exactement tentait de le faire, car le haubert impérial était d'une telle qualité que la lame glissa, inoffensive. Poussant un juron grossier, Girard leva à nouveau son arme. Cette fois, l'adversaire vit venir le coup et s'écarta : ce fut son cheval que l'épée atteignit, lui crevant un œil.
    L'animal hennit de douleur, se cabra brutalement et fit volte-face avant de partir au galop, arrachant son cavalier à la mêlée.
    — Aux Barres ! Aux Barres ! hurlèrent ses adversaires en se lançant à sa poursuite.
    Les chevaliers impériaux, toutefois, n'allaient pas laisser attaquer leur maître. Serrant les rangs, l'épée haute, ils se portèrent à la rencontre des assaillants. Seul Guillaume, par la pure puissance de son bras, parvint à se frayer un chemin entre eux : les autres virent leurs chevaux abattus ou durent s'arrêter pour combattre.
    Otton avait vingt toises d'avance mais son cheval s'écroula soudain purement et simplement, mort. Sans hésiter, un des chevaliers qui l'escortaient sauta à terre et lui offrit sa propre monture, avant de se retourner vers le forcené qui galopait sus.
    Guillaume des Barres ne ralentit pas même l'allure. Il força son destrier à un léger écart pour éviter le coup qui en visait le poitrail, et il abattit son épée sur l'épaule du Teuton, tranchant le fer, la chair et l'os. Lancé à pleine vitesse, il n'eut aucune peine à rattraper l'empereur qui venait de reprendre sa course et à lui refermer la main autour de la
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