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Le retour

Le retour

Titel: Le retour
Autoren: Michel David
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le
trottoir profitant de la
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    fraîcheur alors
que le soleil se couchait. Elle avait vu sa fille revenir de son travail. Mireille
Bélanger venait de se précipiter à la rencontre de Carole, sur la me
Archambault. Le coeur de Laurette s'était serré quand elle avait remarqué la
pâleur de sa fille en comparaison de son amie toute bronzée, dont l'unique
travail avait été de surveiller ses jeunes frères et soeurs durant l'été. Elle
avait éprouvé des remords devant les traits tirés de sa cadette. Elle avait
alors passé une bonne partie de la soirée à se convaincre qu'elle pouvait peut-
    être arriver à
boucler son budget sans l'apport du salaire de l'adolescente.
     
    - Après tout,
s'était-elle dit, j'arrivais pareil sans son salaire avant qu'elle travaille
pour les soeurs. Celles-
    là, si je les
laisse faire, elles vont finir par la crever à l'ouvrage.
     
    Le lendemain
matin, au retour de la messe, Laurette avait dit à sa fille:
     
    - Assis-toi une
minute, j'ai à te parler.
     
    Carole, intriguée
par le ton solennel de sa mère, avait obtempéré.
     
    - Pourquoi
voulais-tu retourner à l'école au mois de septembre? lui avait demandé
Laurette, debout au bout de la table.
     
    - Ben, m'man. Je
voulais étudier.
     
    - Je le sais ben,
mais pour faire quoi?
     
    - J'aurais aimé
ça être secrétaire.
     
    - Si tu lâchais
ta job à l'hospice pour l'école...
     
    - Ah! m'man,
s'était enthousiasmée Carole, le visage illuminé.
     
    - Laisse-moi
finir, avait sèchement répliqué sa mère.
     
    Si je te laisse
retourner à l'école, qu'est-ce que tu vas faire pour nous aider?
     
    - Je suis capable
de toujours préparer le souper avant que vous soyez revenue de l'ouvrage,
m'man. Je pourrais
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    aussi faire les
commissions chez Tougas, vous aider le samedi à faire le grand ménage et...
     
    - OK. On va
essayer, la coupa sa mère. Mais je t'avertis que si je m'aperçois que tu perds
ton temps ou que t'aides pas assez, tu vas retourner travailler.
     
    - Merci, m'man,
avait dit l'adolescente en allant embrasser sa mère sur une joue.
     
    - C'est ta
dernière semaine chez les soeurs. Tu les avertiras à la fin de la semaine que
tu dois retourner à l'école.
     
    A cet instant
précis, Jean-Louis était entré dans la cuisine. Devant la figure réjouie de sa
soeur, le jeune homme de vingt et un ans n'avait pu s'empêcher de demander la
raison de cette joie. Carole s'était empressée de lui apprendre la bonne
nouvelle. En entendant ses explications, le visage du commis-comptable chez
Dupuis frères s'était immédiatement fermé.
     
    - En tout cas,
m'man, j'espère que vous comptez pas sur moi pour vous donner plus d'argent
pour arriver. Déjà, je paye plus que ma part avec ma pension.
     
    - Inquiète-toi
pas, avait sèchement rétorqué Laurette.
     
    Je te demanderai
pas une cenne de plus, mon garçon.
     
    Dans sa chambre,
le jeune homme s'étendit sur son lit après en avoir soigneusement retiré le
couvre-lit. Il était vexé. Il avait du mal à comprendre la réaction de sa mère
et avait la nette impression qu'elle ne se rendait pas compte de tous les
sacrifices qu'il faisait pour se sortir de la misère.
     
    Bien sûr, tous le
jugeaient avaricieux alors qu'il n'était qu'économe. Si on ne se privait de
rien, il n'y avait aucune chance de quitter un jour le taudis de la rue Emmett.
     
    - Ils se passent
tous leurs petites fantaisies, murmura-
    t-il, et après
ça, ils voudraient que je donne plus d'argent pour arriver. Il en est pas
question. Qu'ils fassent comme moi. Qu'ils se serrent la ceinture. Moi, je
dépense pas une cenne pour rien.
     
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    Le lendemain, au
travail, le visage de la mère de famille se crispa légèrement à la pensée de
son fils aîné. Depuis le départ de son père pour le sanatorium, son Jean-Louis
avait carrément refusé d'apporter un plus grand soutien à sa famille. Sa
participation s'était limitée à deux ou trois visites chaque année à
Saint-Joseph et à payer sa pension chaque vendredi soir. Il aurait habité chez
des étrangers que sa conduite n'aurait pas été différente. Quand il n'était pas
à traîner avec son ami Jacques Cormier, il s'enfermait dans sa chambre pour
lire des livres de comptabilité. Il ambitionnait maintenant de devenir
comptable. S'il avait eu une ou des augmentations de salaire depuis sa
promotion en janvier 1953, il s'était bien gardé d'en parler aux siens,
probablement de peur que sa mère n'exige une pension
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