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Le retour

Le retour

Titel: Le retour
Autoren: Michel David
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ouvrage-là et rester chez nous.
Il va se trouver une bonne job et tout va redevenir comme avant. Je vais
pouvoir faire mon ménage et mon lavage, tranquille, à la maison, et surtout
surveiller de plus près Carole. Les garçons commencent à l'énerver un peu trop
à mon goût.
     
    En fait, la
cadette de la famille, âgée de quinze ans, finissait sa huitième année à
l'école Lartigue. L'adolescente élancée aux traits fins et volontaires devait
un peu au hasard d'avoir pu poursuivre ses études.
     
    A la mi-mai,
Laurette avait reçu une lettre du gouvernement lui apprenant qu'elle n'aurait
plus droit à la pension des mères nécessiteuses dès le mois suivant parce
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    que la famille
Morin ne compterait plus qu'un seul enfant de moins de seize ans, soit Carole.
Elle avait eu beau tempêter et traiter le gouvernement de tous les noms, la
mère de famille savait fort bien qu'elle n'y pouvait rien. Elle avait perdu une
allocation dont elle avait grandement besoin pour nourrir les siens.
     
    Laurette avait
gardé pour elle la mauvaise nouvelle pour ne pas alarmer inutilement ses
enfants. Toutefois, elle avait pris une décision importante: Carole cesserait
de fréquenter l'école à la fin du mois de juin. Quand elle lui avait appris la
nouvelle, la jeune fille s'était mise à harceler sa mère durant des semaines
pour qu'elle lui laisse la chance de commencer son cours secondaire. Laurette
avait fait la sourde oreille.
     
    - Ça fait assez
longtemps que tu vas à l'école, avait-
    elle décrété
abruptement. Il est temps que tu nous donnes un coup de main et que tu
rapportes un salaire à la maison, toi aussi. T'as un diplôme de septième année.
C'est ben assez pour une fille pour faire son chemin dans la vie. T'as qu'à
regarder Denise. Avec ce diplôme-là, elle se débrouille ben comme vendeuse chez
Woolworth.
     
    - Gilles, lui, a
ben le droit de continuer, par exemple!
     
    s'était emportée
l'adolescente. Il fait sa dixième année et vous dites rien.
     
    - Ton frère a du
talent, avait expliqué sa mère sur un ton catégorique. Essaye de comprendre un
peu, bonyeu!
     
    Jusqu'au mois
passé, je pouvais avoir la pension des mères nécessiteuses parce que vous étiez
deux à avoir moins que seize ans à la maison. A cette heure, Richard a seize
ans. Je peux plus avoir la pension.
     
    - Mais m'man, mes
notes sont presque aussi bonnes que les notes de Gilles, s'était entêtée
Carole.
     
    - Peut-être, mais
toi, t'es une fille. T'as pas besoin d'étudier autant. Lui, il va avoir à faire
vivre une famille
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    plus tard et il
va avoir besoin de ça pour avoir une bonne job.
     
    - En tout cas,
c'est pas juste, avait pleurniché Carole avant d'aller s'enfermer dans sa
chambre pour bouder.
     
    - Juste ou pas,
lui avait annoncé Laurette quelques minutes plus tard, demain matin, tu
commences à te chercher de l'ouvrage.
     
    Dès le lendemain
matin, Carole avait dû se mettre à la recherche d'un emploi. Elle avait
commencé par faire la tournée des magasins du quartier, mais partout on lui
avait dit qu'elle était trop jeune pour être engagée. Les jours suivants, elle
avait postulé un emploi dans plusieurs compagnies, il n'y avait rien pour elle.
En désespoir de cause, elle était allée frapper à la porte de l'hospice Gamelin
de la rue Dufresne. Les soeurs de la Providence lui avaient offert un travail
de fille d'étage. L'adolescente avait alors appris dès la première semaine
qu'elle allait largement gagner son salaire hebdomadaire de vingt-deux dollars.
De sept heures le matin à sept heures le soir, six jours par semaine, elle
avait eu pour tâche de nettoyer les dortoirs et les toilettes, de changer les
literies souillées et d'aider les religieuses à prendre soin des vieillards
confiés à l'institution. Lorsqu'elle revenait à la maison au début de la
soirée, elle était si épuisée qu'elle n'avait plus aucune envie d'aller
s'amuser avec Mireille Bélanger, son amie de toujours.
     
    Si sa fille
s'était plainte, la mère de famille l'aurait rembarrée avec sa brusquerie coutumière.
Elle lui aurait dit que, dans la vie, tout le monde travaillait pour mériter le
droit de manger. Elle ne se serait pas gênée pour lui répéter qu'à la maison,
chacun faisait sa part pendant la maladie du père. Mais Carole ne s'était pas
plainte. Son air harassé avait été assez éloquent.
     
    Un samedi soir du
mois d'août, la mère de famille était assise dans sa chaise berçante sur
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