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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret
Autoren: Fiona Buckley
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y a une chose que je ne peux souffrir, madame, c’est d’avoir l’estomac qui gronde.
    — Je suis lasse de l’estomac des autres, rétorquai-je. Le mien m’a assez tourmentée à bord. Et maintenant, c’est le vôtre et celui de messire Blanchard ! Fort bien. Descendez voir à la cuisine si l’on peut vous donner une collation, pour nous et pour les hommes. Nous en aurions tous grand besoin. N’importe quoi, excepté du fromage.
    — Mais, madame, je ne parle pas français !
    Je me sentais exténuée. Le voyage m’avait vidée de mes forces et les lettres de la reine semblaient de plomb, dans ma poche secrète. L’atmosphère de la France m’oppressait. Et voilà que, de surcroît, je devais m’occuper de mes serviteurs !
    Mais, Dale étant ce qu’elle était, peut-être valait-il mieux limiter ses rapports avec la population du cru.
    — Très bien, cédai-je. J’y vais.

CHAPITRE IV

L’homme au capuchon
     
    Dale soupira de soulagement. Brockley proposa de venir avec moi, mais je ne jugeai pas nécessaire d’être escortée à l’intérieur de l’auberge.
    — Je vais juste à la cuisine, Brockley !
    Je les laissai vider les malles et dévalai l’escalier. Guidée par les effluves de nourriture le long d’un couloir dallé de pierre, je parvins à la cuisine, où l’aubergiste donnait des ordres à un adolescent sale en tablier de cuir, et à une grosse femme dont l’épaisse chevelure noire était serrée en chignon sur la nuque. Ses bras étaient aussi musclés que ceux d’un maréchal-ferrant.
    — Messire Charpentier, appelai-je doucement, depuis le seuil.
    Il se tourna, les sourcils froncés.
    — J’ai fait monter du lait chaud à messire Blanchard. Il y a de la soupe et du pain pour les autres, si vous avez faim, et du bon vin de chez nous.
    — Merci. C’est ce que je venais vous demander. Où ?…
    — Le temps est doux. J’ai tout fait disposer sur les tables, à l’avant.
    — Ces mets seront appréciés, croyez-moi.
    Je m’efforçais de l’amadouer, sans beaucoup de succès, ce qui était dommage car j’avais autre chose à lui demander.
    L’influence huguenote était peut-être forte dans cette région de France, mais elle ne se faisait pas sentir à Saint-Marc, et certes pas chez Jean Charpentier. De plus, nous n’étions pas encore très loin de la Loire. Ces deux idées me taraudaient depuis notre arrivée à l’auberge. Je ne savais si mon mari était connu dans son pays, cependant un châtelain l’est souvent à des lieues à la ronde et, en l’occurrence, Matthew et Charpentier étaient dans le même camp. Cela valait la peine d’essayer.
    — En Angleterre, dis-je avec audace, j’ai été présentée à un visiteur originaire de cette partie du monde. Il est de retour en France, à présent. Je me demandais si vous auriez entendu parler de lui. Il s’appelle Matthew de la Roche.
    Je n’avais pas le moindre droit de m’enquérir de lui, pourtant je ne pus m’en empêcher. Ne pas poser la question, alors que j’étais si près, m’était insupportable. Le résultat me sidéra. L’adolescent crasseux et la femme brune se figèrent, ébahis, et Charpentier me fixa avec fureur, puis m’empoigna par le bras et me repoussa contre le mur. Sur une table, à côté, se trouvaient des choux, des carottes, et aussi un petit couteau pointu. Il s’en saisit et le tint contre ma gorge. Je ne pouvais y croire.
    — Qui êtes-vous ?
    — Que faites-vous ? Messire Charpentier, je vous en prie ! Je suis dame Blanchard, d’Angleterre !
    — Que cherchez-vous en France ?
    — Je voyage avec mon… mon beau-père, bredouillai-je, affolée. Il a pour pupille une jeune orpheline, qu’il mènera chez lui, loin de la guerre. Il tenait à ce qu’elle ait un chaperon. Nous allons la chercher chez des parents qui l’hébergent à Douceaix. C’est tout. De grâce, messire Charpentier !
    Sa main gauche broyait les muscles de mon bras, mais le couteau à légumes me terrifiait plus encore. Il était fort bien affûté ! Je n’avais aucune chance d’atteindre ma dague. Que n’avais-je laissé Brockley venir avec moi ! À l’avenir (en supposant que j’en eusse un), je ne ferais plus un pas sans lui.
    Charpentier approcha sa tête de la mienne, me soufflant au visage une haleine chargée d’ail.
    — Pourquoi posez-vous des questions sur de la Roche ?
    — Je l’ai rencontré en Angleterre. Je vous ai demandé si vous le connaissiez. Je
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