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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret
Autoren: Fiona Buckley
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du village, nous nous arrêtâmes par un accord tacite afin de nous concerter.
    — Voulez-vous continuer ou retourner au Pinson sur-le-champ ? demandai-je à Blanchard.
    En même temps, je tâtai discrètement les rouleaux de parchemin à travers ma jupe. J’avais accepté de les transmettre et j’irais jusqu’au bout si je le pouvais. Je croisai le regard de Ryder, qui déclara :
    — Sir William Cecil nous a informés que dame Blanchard a affaire à Paris, pour la reine Élisabeth. À Paris, donc, elle ira. Mais cela ne vous oblige pas à poursuivre, messire Blanchard.
    — Je me sens encore faible, répondit ce dernier, et je voudrais nous voir tous de retour sains et saufs en Angleterre. Mais je suis responsable d’Hélène, et nous sommes, après tout, des voyageurs anglais, munis de documents censés nous protéger. J’estime que nous devrions continuer.
    Dale soupira, néanmoins j’acquiesçai :
    — Nous avons déjà parcouru tant de chemin qu’il serait dommage de reculer. Allons, ne perdons pas de temps !
    Une fois de plus, nous reprîmes notre route. Nous essayions de nous hâter, mais messire Blanchard semblait vraiment mal en point et nous fûmes soulagés de rencontrer un hameau paisible où se trouvait une auberge. Cependant, mon beau-père commit l’erreur de nous annoncer à pleine voix, tels des membres de la famille royale devant lesquels tout aubergiste français se devait de se prosterner. Le propriétaire, irrité, déclara d’abord qu’il n’avait pas de place pour un groupe si nombreux. Après une âpre discussion, il nous en trouva en envoyant Mark Sweetapple et les frères Dodd au village. Il fournit même une chambre de taille convenable à Blanchard, qui alla se coucher aussitôt.
    L’auberge elle-même était assez confortable, mais le lendemain matin, Sweetapple et les Dodd nous racontèrent qu’ils avaient été logés dans des conditions sordides. Les deux frères avaient dormi sur la terre battue près d’un foyer, au milieu d’une horde d’enfants, avec pour seule séparation entre les parents et eux un morceau de toile à sac.
    — On entendait tout ce que faisaient ces deux-là, dit Walter. Comme s’ils n’avaient pas déjà une marmaille suffisante !
    Nous le regardâmes tous avec intérêt. Son teint clair de blond vira à l’écarlate.
    — C’était embarrassant, ajouta-t-il, sur la défensive.
    — Les pauvres n’ont guère de distractions, répondit Ryder d’un ton sec. La noblesse et le clergé pressent ces paysans français comme des citrons. Ne leur reprochez pas leur peu de plaisir.
    Sweetapple avait dormi sur la paille, dans le grenier d’une autre maison sale et inconfortable, et avait pris un maigre repas de soupe aux pois et de pain bis, affront majeur à ses yeux.
    — Je suis né dans une ferme où les cochons étaient mieux traités, dit-il tout net.
    — Voilà qui est exagéré ! répliqua Ryder.
    — En aucune façon ! rétorqua Sweetapple avec humeur.
    Blanchard déclara qu’il se sentait encore souffrant, mais pouvait monter à cheval et souhaitait partir. J’en fus soulagée. Le soleil était radieux. Dans les champs et les prés verdoyants poussaient de tendres épis et une herbe drue. On sentait que c’était un pays plus étendu que l’Angleterre. Je contemplai les arbres denses d’une forêt ; on n’en voyait pas chez nous d’aussi profonde, et je sentis que celle-ci abritait des loups.
    C’était l’époque de l’année où les cerfs perdent leurs andouillers et Brockley, en apercevant au bord de la route, mit pied à terre pour les ramasser. Ils comportaient huit cors, ce qui signifiait que le cerf qui avait mué en possédait le double.
    — Autrefois, j’ai servi un gentilhomme qui s’y connaissait en gros gibier, dit Brockley. Il est rare de trouver un seize-cors en Angleterre, mais ici c’est tout à fait courant. Ces forêts abondent en beaux cerfs bien gras.
    — Et les seigneurs accaparent la venaison, tandis que les manants se contentent de soupe aux pois, commenta Walter Dodd, souriant à Sweetapple.
    — Les paysans anglais ne mangent pas non plus de venaison, objecta Ryder. Quand donc avez-vous dégusté du cerf pour la dernière fois ?
    — Nous nous en passons fort bien, répliqua Sweetapple. Mes parents possèdent des poulets et des oies, et l’on tue le cochon chaque année. Il y a toujours chez nous du jambon et du bacon, et nous élevons des lapins. Ces gens-là m’ont
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