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Le Prince

Le Prince

Titel: Le Prince
Autoren: Nicolas Machiavel
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occupe actuellement le trône, peut
véritablement conduire et opérer cette heureuse délivrance.
    Elle ne sera point difficile, si vous avez
sous les yeux la vie et les actions de ces héros que je viens de
nommer. C'étaient, il est vrai, des hommes rares et
merveilleux ; mais enfin c'étaient des hommes ; et les
occasions dont ils profitèrent étaient moins favorables que celle
qui se présente. Leurs entreprises ne furent pas plus justes que
celle-ci, et ils n'eurent pas plus que vous ne l'avez, la
protection du ciel. C'est ici que la justice brille dans tout son
jour, car la guerre est toujours juste lorsqu'elle est nécessaire,
et les armes sont sacrées lorsqu'elles sont l'unique ressource des
opprimés. Ici, tous les vœux du peuple vous appellent ; et, au
milieu de cette disposition unanime, le succès ne peut être
incertain : il suffit que vous preniez exemple sur ceux que je
vous ai proposés pour modèles.
    Bien plus, Dieu manifeste sa volonté par des
signes éclatants : la mer s'est entrouverte, une nue lumineuse
a indiqué le chemin, le rocher a fait jaillir des eaux de son sein,
la manne est tombée dans le désert ; tout favorise ainsi votre
grandeur. Que le reste soit votre ouvrage : Dieu ne veut pas
tout faire, pour ne pas nous laisser sans mérite et sans cette
portion de gloire qu'il nous permet d'acquérir.
    Qu'aucun des Italiens dont j'ai parlé n'ait pu
faire ce qu'on attend de votre illustre maison ; que, même au
milieu de tant de révolutions que l'Italie a éprouvées, et de tant
de guerres dont elle a été le théâtre, il ait semblé que toute
valeur militaire y fût éteinte, c'est de quoi l'on ne doit point
s'étonner : cela est venu de ce que les anciennes institutions
étaient mauvaises, et qu'il n'y a eu personne qui sût en trouver de
nouvelles. Il n'est rien cependant qui fasse plus d'honneur à un
homme qui commence à s'élever que d'avoir su introduire de
nouvelles lois et de nouvelles institutions : si ces lois, si
ces institutions posent sur une base solide, et si elles présentent
de la grandeur, elles le font admirer et respecter de tous les
hommes.
    L'Italie, au surplus, offre une matière
susceptible des réformes les plus universelles. C'est là que le
courage éclatera dans chaque individu, pourvu que les chefs n'en
manquent pas eux-mêmes. Voyez dans les duels et les combats entre
un petit nombre d'adversaires combien les Italiens sont supérieurs
en force, en adresse, en intelligence. Mais faut-il qu'ils
combattent réunis en armée, toute leur valeur s'évanouit. Il faut
en accuser la faiblesse des chefs ; car, d'une part, ceux qui
savent ne sont point obéissants, et chacun croit savoir ; de
l'autre, il ne s'est trouvé aucun chef assez élevé, soit par son
mérite personnel, soit par la fortune, au-dessus des autres, pour
que tous reconnussent sa supériorité et lui fussent soumis. Il est
résulté de là que, pendant si longtemps, et durant tant de guerres
qui ont eu lieu depuis vingt années, toute armée uniquement
composée d'Italiens n'a éprouvé que des revers, témoins d'abord le
Taro, puis Alexandrie, Capoue, Gênes, Vailà, Cologne et Mestri.
    Si votre illustre maison veut imiter les
grands hommes qui, en divers temps, délivrèrent leur pays, ce
qu'elle doit faire avant toutes choses, et ce qui doit être la base
de son entre prise, c'est de se pourvoir de forces nationales, car
ce sont les plus solides, les plus fidèles, les meilleures qu'on
puisse posséder : chacun des soldats qui les composent étant
bon personnellement, deviendra encore meilleur lorsque tous réunis
se verront commandés, honorés, entretenus par leur prince. C'est
avec de telles armes que la valeur italienne pourra repousser les
étrangers.
    L'infanterie suisse et l'infanterie espagnole
passent pour être terribles ; mais il y a dans l'une et dans
l'autre un défaut tel, qu'il est possible d'en former une
troisième, capable non seulement de leur résister, mais encore de
les vaincre. En effet, l'infanterie espagnole ne peut se soutenir
contre la cavalerie, et l'infanterie suisse doit craindre toute
autre troupe de même nature qui combattra avec la même obstination
qu'elle. On a vu aussi, et l'on verra encore, la cavalerie
française défaire l'infanterie espagnole, et celle-ci détruire
l'infanterie suisse ; de quoi il a été fait, sinon une
expérience complète, au moins un essai dans la bataille de Ravenne,
où l'infanterie espagnole se trouva aux
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